La "Connasse" de Canal + est-elle misogyne ?

Publié le Lundi 23 Septembre 2013
La "Connasse" de Canal + est-elle misogyne ?
La "Connasse" de Canal + est-elle misogyne ?
C'est la shortcom qui fait le buzz de la rentrée cathodique : débarquée lundi 16 septembre sur les écrans dans le Before du Grand Journal, Camille Cottin, alias « Connasse », crée depuis la polémique. « Connasse » est-elle une série misogyne ? Les auteures de la série ont accepté de nous répondre.
À lire aussi

« Connasse », c’est le titre de la mini-série écrite et réalisée par Noémie Saglio et Eloïse Lang, deux jeunes femmes qui n’ont pas eu peur de subir la petite volée de bois féministe dont elles font l’objet depuis le lancement de la nouvelle mini-série de Canal, que certains comparent déjà à « Bref ». D’ailleurs, si elles se disent flattées par la comparaison, les deux auteures, par ailleurs fans de la pépite Kojandi, ne voient pas d’autre rapport avec « Connasse » que le fait qu’il s’agit là d’un format court diffusé sur la chaîne cryptée.

« On a toutes des moments de connassitude, des envies de connasser... »

Alors « Connasse », c’est quoi ? C’est le « stéréotype de la Parisienne », incarné par Camille Cottin, « une comédienne comme on en fait peu, qui fait partie notamment de la troupe à Palmade… En tous cas tout sauf une connasse. Enfin, la plupart du temps… », dit d’elle le duo d'auteures, enthousiaste. Quant à son personnage, c’est « une fille totalement auto-centrée, qui ne doute de rien et n'a aucun filtre », Bref un concentré « fantasmé » de tout ce qui peut nous énerver chez les « relous » qu’on croise quotidiennement, mais aussi chez nos sœurs, nos copines, et chez nous bien sûr. Un peu comme Éric Judor mettant en scène dans « Platane » son double aux défauts outrés pour mieux se moquer de lui-même, et du monde du spectacle dans son ensemble. « Aujourd'hui, toute les femmes ont quelque chose de "connasse"… On a toutes des moments de connassitude, des envies de connasser, des réflexes connassants. Du coup on a trouvé qu'il était temps de créer un personnage de connasse », arguent-elles pour justifier ce parti-pris pas forcément bien compris.

La connasse serait ainsi le pendant du beauf. Défendable, d’autant que la fiction ne se prive pas de moquer allègrement les travers des mâles… L’anti-héros est un personnage antédiluvien qui nous permet de rire de nos propres défauts en pointant celui qui les incarne de manière excessive mais, souvent, drôle. Joey de Friends est bête comme pas permis, feignant et Dom Juan. Quant au trentenaire de « Bref », il est chômeur, bordélique, totalement puéril et sans ambition. Est-ce à dire que tous les hommes, voire tous les trentenaires, le sont ? A priori, non.

L’attaque en sexisme serait-elle donc uniquement liée au terme de « connasse », jugé trop agressif par nombre de femmes qui se sont dites « choquées », comme ce fut le cas sur Terrafemina ? Possible, et pourtant, lorsqu’on voit que l’hilarant « La Femme parfaite est une connasse », des jumelles Girard, squatte la tête des ventes de livres depuis des mois (il est aujourd’hui encore 11e des top ventes Amazon, 7 mois après sa sortie !), on doute qu’elles soient si nombreuses à bouder le second degré contenu dans ce terme certes « grossier » et un peu provoc' mais pas si outrageant finalement, en particulier s’il est utilisé par des femmes.

« "Connasse" est un programme écrit, réalisé, produit et joué par des femmes »

Car oui, « Connasse » est « un programme écrit, réalisé, produit et joué par des femmes, on trouve ça plutôt très féministe dans le monde dans lequel nous évoluons ! », ajoutent les auteures, qui s’attendaient à la fameuse levée de boucliers bien qu’elles ne la valident évidemment pas. « Beaucoup de spectateurs nous taxent de méchanceté comme si nous la mettions en valeur [la connasse]. On dirait qu'ils oublient le titre… »

Après deux épisodes (la série est diffusée les lundi et mercredi), les pro-"Connasse" affrontent encore les anti. Et vous, avez-vous envie de « connasser » tranquille devant ce nouveau court d’auto-dérision ?À vous de voir...

Dans l'actu