Strings, tacles et viande rouge qui tache : les sexistes s'excitent dans les médias

Publié le Vendredi 28 Mars 2014
Strings, tacles et viande rouge qui tache : les sexistes s'excitent dans les médias
Strings, tacles et viande rouge qui tache : les sexistes s'excitent dans les médias
« Beef » : le magazine des mâles qui aiment la viande. C'est ainsi que l'on pourrait présenter le dernier né des trimestriels gastronomiques français, paru jeudi dans les kiosques. Aucun problème jusque-là... Sauf que l'édito de son rédacteur en chef n'est rien d'autre qu'une accumulation de clichés sexistes ; preuve que l'on peut être journaliste et un brin misogyne. Mais ça, les chroniqueurs de feue « L'Émission pour tous » et les médias allemands nous l'avaient déjà prouvé. Rappel des faits dans ce « Machomètre spécial Médias ».
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Beef : quand les hommes mangent de la viande rouge et les femmes de la salade verte

« La gent féminine a décidé de prendre le pouvoir au point que l'on retrouve aujourd'hui des femmes à la tête de multinationales de la high-tech et même de l'automobile. Grand bien leur fasse ! ». Mais quelle mouche a bien pu piquer le rédacteur en chef du nouveau magazine gastronomique Beef, auteur du premier édito du titre ? Après cette entrée en matière laissant émerger une pointe de sexisme, Alexandre Zalewski s'enfonce. S'adressant aux hommes, il les appelle à « profiter » de la quête des femmes « pour reprendre la place laissée libre en cuisine ». Un texte dans lequel l'ancien rédacteur en chef adjoint du quotidien Metro fustige également cette lubie, visiblement propre aux « épouses » et « petites amies », qui consiste à acheter des machines à pain pour masquer leur incapacité à pétrir la pâte à la main, une activité nécessitant « force, vigueur et résistance physique ».


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En kiosque depuis jeudi seulement, le dernier-né des trimestriels culinaires - version française du magazine allemand du même nom – a été accueilli par une volée de bois vert, la presse dénonçant unanimement son caractère machiste. Rien d'étonnant pour un magazine qui dit se destiner aux « mâles qui veulent renouer avec le vrai goût des choses » ou « réaffirmer les valeurs de la viande rouge et des matières grasses ». Pour sa défense, M. Zalewski avance qu'il voulait faire de l'humour. Raté. 

Dénigrer ou promouvoir le sport féminin, il faut choisir

Le 1er février dernier, le groupe France Télévisions dans son ensemble avait pris part aux premières 24 heures du sport féminin ; une journée au cours de laquelle les médias français s'étaient engagés à promouvoir le sport féminin. Mais un monde sépare parfois la théorie et la pratique. Pour preuve, moins de deux semaines avant cet événement, France 2 s'illustrait en dénigrant le football dans « L'Émission pour tous » de Laurent Ruquier. En effet, le 22 janvier dernier, alors qu'à la question : « Pensez-vous que l'on devrait diffuser plus de foot féminin à la télévision ? », le public avait donné un avis largement favorable, les chroniqueurs du talk-show s'étaient malgré tout lancés dans une attaque en règle des performances des femmes, en présence, qui plus est, de Laure Lepailleur, défenseur de Juvisy et de l'équipe de France féminine de football.

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« C'est une punition pour un journaliste sportif de commenter un match féminin », avait ainsi lancé Christine Bravo, tandis que Jérôme Jessel renchérissait : « C'est assez chiant le foot féminin. Il y a des sports vraiment plus adaptés aux femmes ». Parmi les sports cités par ce journaliste sportif : la vaisselle et la lessive. Ajoutant son grain de sel à ce déballage d'idioties sexistes, l'humoriste Jérémy Ferrari avait expliqué que « pour voir des filles en baskets et en survet' », il préférait « aller aux Halles le samedi après-midi » ; mais aussi qu'il était choqué « qu'on ne se soit pas rendu compte plus tôt que le foot était fait pour les femmes. Quitte à voir quelqu'un simuler, autant voir quelqu'un qui le fait vraiment bien », avait-il considéré.

Une misogynie et des blagues de mauvais goût qui n'avaient amusé ni les footballeuses françaises ni le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel. Le CSA avait d'ailleurs par la suite attiré l'attention de France Télévisions « sur la teneur des propos échangés dans des émissions de divertissement diffusées à des horaires de grande écoute ». Les équipes du talk-show veilleront-elles davantage à leur discours à l'avenir ? Difficile à dire, l'émission a été déprogrammée faute d'audience. Et toc !

Quand les médias allemands incitent au sexisme

Maria Elena Boschi est depuis le début de la semaine le centre de l'attention en Italie. À 33 ans, cette avocate et députée vient d'être nommée au poste de ministre des Réformes constitutionnelles du pays, au sein du gouvernement du Premier ministre Matteo Renzi. Mais après avoir officiellement prêté serment le 22 févier dernier, un acte immortalisé par les nombreux photographes présents, la trentenaire a été victime d'un petit malin mal intentionné. Cet anonyme a en effet retouché la photo officielle de la cérémonie de prise de fonction, faisant dépasser un string du pantalon de la jeune élue. L'histoire aurait pu s'arrêter là si ce montage ne faisait pas depuis plusieurs jours le tour des réseaux sociaux. Il a ainsi été partagé des milliers de fois sur Twitter en Italie mais aussi en Allemagne et en France, finissant par attirer l'attention des médias européens. Malheureusement, leur réaction est loin d'être exemplaire.

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À titre d'exemple, le quotidien allemand Bild s'est particulièrement fait remarquer. Dévoilant à ses lecteurs la nature du montage, la rédaction du titre y est malgré tout allée de son commentaire qualifiant cette photo de « plaisir pour les yeux ». Et de poursuivre : « L'Italie a de belles femmes et depuis cette année, une femme ministre sexy. Et il est clair que certains hommes souhaiterait en voir un peu plus », peut-on lire sur la page Facebook officielle du journal. Maria Elena Boschi appréciera.