DSK au 20 heures de Claire Chazal : « Un exercice de théâtre »

Publié le Lundi 19 Septembre 2011
DSK au 20 heures de Claire Chazal : « Un exercice de théâtre »
DSK au 20 heures de Claire Chazal : « Un exercice de théâtre »
Dans cette photo : Claire Chazal
Depuis son retour en France, le 4 septembre dernier, tous les regards étaient tournés vers Dominique Strauss-Kahn, dans l’attente de ses premières déclarations dans l’affaire l’opposant à Nafissatou Diallo. C’est sur le plateau du 20 heures de TF1, au micro de Claire Chazal que l’ancien patron du FMI s’est finalement exprimé, sans convaincre. Virginie Spies, Maître de Conférences à l’université d’Avignon et chef du Département des Sciences de l’Information et de la Communication, décrypte cette intervention très critiquée.
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Terrafemina : Qu’avez-vous pensé de l’intervention de Dominique Strauss-Kahn, lors du journal télévisé de Claire Chazal ?

Virginie Spies : L’intervention de l’ancien patron du FMI m’a paru tout, sauf naturelle. Chaque réponse a été préparée, répétée et chapitrée dans les moindres détails. Rien ne dépassait, il n’y avait pas de place pour l’imprévu. Cela ressemblait davantage à un exercice théâtral qu’à une véritable interview, qui implique une discussion entre les deux interlocuteurs. Or, dimanche soir, DSK connaissait parfaitement la teneur et l’ordre des questions. Claire Chazal, quant à elle, semblait savoir à l’avance quelle allait être la réponse.
Même les nombreux silences étaient prévus et calibrés donnant à cet entretien un caractère d’autant plus solennel. Il faut savoir que les silences sont très utilisés au théâtre. Aussi important que les dialogues, ils servent à donner de la gravité à une scène. Mais à la télévision, en dehors des discours, ils sont très rares. Les silences répétés de Dominique Strauss-Kahn n’étaient donc pas dûs au hasard. Ils avaient pour but de donner à  cette interview un côté sérieux et cérémonieux.  D’une manière générale, DSK nous a montré, lors de ce JT, toute l’étendue de ses talents de communicant.

TF : La prestation de Claire Chazal divise les Français. A-t-elle rempli son rôle selon vous ?

V. S. : Claire Chazal est une journaliste très compétente qui l’a prouvé à maintes reprises. Je pense qu’elle a rempli sa mission. Elle a posé les bonnes questions et a obtenu les réponses qui étaient prévues. Certes, il n’y a pas eu de scoop mais elle était dans une situation difficile, prise dans un dispositif médiatique qui la dépassait complètement. D’ailleurs, contrairement à ce que l’on aurait pu craindre, elle n’a pas fait preuve de plus de complaisance qu’à son habitude. Elle était attendue au tournant mais est restée égale à elle-même.
Je trouve qu’elle s’en ait plutôt bien sortie d’autant qu’elle avait une pression considérable sur ses épaules. Ce 20 heures était en effet comparable au dernier épisode de la saison 1 d’une série à succès : un événement annoncé plusieurs jours à l’avance et que personne ne veut rater. Quel qu'aurait été le journaliste en face de DSK,  je suis convaincue que le résultat aurait été sensiblement le même.

TF : Tristane Banon était annoncée ce soir sur le plateau du Grand Journal de Canal+. Que signifie cette intervention ?

V. S. : Je ne sais que penser de cette démarche. Que cherche-t-elle en accordant une interview au lendemain de l’intervention de DSK ? Je pense que Tristane Banon utilise simplement les moyens de communication à sa disposition pour se défendre. Et dieu sait qu’elle est rompue à cet exercice et qu’elle connaît bien les médias.
Malgré tout, sa venue sur le plateau du Grand Journal est un échec pour Dominique Strauss-Kahn. C’est la preuve qu’il n’est pas parvenu, aussi grave qu’ait été son interview sur TF1, à mettre un frein à toute cette histoire. Dans le Grand Journal, Tristane Banon vient mettre de l’huile sur le feu. A partir de maintenant, il faut s’attendre à assister à un combat par médias et déclarations interposés, dont le seul but est la notoriété.  



Virginie Spies

Crédit photo : AFP

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