Avantages en nature : quand l'entreprise bichonne ses salariés

Publié le Dimanche 27 Janvier 2013
Avantages en nature : quand l'entreprise bichonne ses salariés
Avantages en nature : quand l'entreprise bichonne ses salariés
« Quoi ?!? Des tickets-restaurants, mais vous n'y pensez pas ! » Alors que vous peinez à faire admettre à votre employeur le minimum indispensable à votre survie dans l'entreprise, quelques petits veinards bénéficient d'avantages en nature que, même dans vos rêves les plus fous, vous n'auriez jamais osé envisager. Restaurants gastronomiques, piscines et même machines à laver… ou quand les entreprises mettent tout en oeuvre pour chouchouter leurs salariés. Revue de privilèges.
À lire aussi

- Chez Asana, éditeur de logiciels, on offre un crédit de 10 000 dollars à tout nouveau salarié, qu'il pourra dépenser à sa guise en matériel informatique et électronique. Un chouette cadeau de bienvenue qui, une fois que toute la famille sera équipée (et étiquetée) Asana, offrira un sentiment d'appartenance express à l'employeur de papa ou maman.

- Chez Facebook, vous pouvez
emmener votre chien au boulot.

- Chez Scribd, on transforme, le soir, les bureaux de San Francisco en
piste de karting. Les réfractaires aux bolides peuvent se rabattre sur la tyrolienne.

- Chez Google, dans le
Googleplex de Mountain View (le campus), on a mis les petits plats dans les grands pour ôter aux salariés toute envie de rentrer chez eux. En effet, c'est sur des scooters communautaires (leurs « Velib » corporate) que les googlitos peuvent :

* manger chaque jour dans l'un des 11 restaurants gastronomiques qui sert gratuitement

* nager dans la piscine à contre-courant mise à leur disposition

* jouer au ping-pong, baby-foot ou hockey pneumatique (!)

* faire leur linge grâce aux machines en libre service

* faire leurs vidanges d'huile et lavages de voiture, toujours gratuitement, ce qui peut sembler bien inutile puisqu'il leur est proposé une...

* navette campus-domicile, mais aussi...

* une prime de 5000 euros pour l'achat d'un véhicule hybride (qui hésiterait ?), et enfin

* un congé de 18 semaines à tous les jeunes parents (ainsi qu'une prime de 500 euros), et bien sûr...

* des vacances au ski annuelles pour tous les employés.

- Chez Zynga, qui fait des applications de jeux pour les réseaux sociaux, on a réalisé le rêve de nombre d'entre nous. En effet, l'entreprise prévoit d'envoyer quelqu'un au domicile des salariés lorsque le type du câble ou de l'électricité lui a donné un obscur rendez-vous entre 9h et 21h... Magique.

- L'entreprise flamande Familiehulp s'est, elle, adaptée aux évolutions de la société en proposant à ses salariés divorcés de souscrire un «
contrat de travail de coparentalité », qui prend en compte la garde alternée en proposant de travailler moins la semaine où le parent a la garde de l'enfant, et plus celle où il est plus libre. Pratique.

Tickets-restaurants, chèques-cadeaux, voiture de fonction, téléphone portable… ces « compléments de salaire » négociés entre l'employeur et son salarié sortaient rarement du classique triptyque transport/repas/forfait téléphonique. Pourtant, concurrence oblige, les nouvelles entreprises rivalisent aujourd'hui d'imagination pour séduire les meilleurs candidats du marché après les avoir, comme nous l'avons évoqué la semaine dernière, passés à la moulinette de laborieux, interminables et angoissants entretiens d'embauche.

Lorsqu'ils sont enfin parvenus à intégrer le saint des saints, ces petits veinards bénéficient parfois d'un traitement digne des plus grandes stars. Trop sympas, ces entreprises ? Selon William Poundstone, auteur de « Êtes-vous assez intelligent pour travailler chez Google » , ouvrage duquel sont tirés nombre de ces exemples insolites, il ne s'agit pas uniquement de générosité de leur part. L'image ainsi renvoyée par la multinationale est dorée à peu de frais parfois (une table de ping-pong est assez vite amortie, si l'on y réfléchit bien), et ces grandes largesses apparentes leur permettent d'attirer les candidats les plus talentueux dans un Olympe où l'on se dispute le gratin du geek. Quant aux salariés, ils développent, grâce à ces rites parfois un peu puérils, un sentiment d'appartenance qui devrait, au moins pour un temps, leur passer l'envie de zieuter l'herbe (et la piste de karting) du campus voisin.

Et puis, comme le conclue Larry Page, « des travailleurs malheureux ne sont pas des travailleurs productifs ». CQFD. À rappeler subtilement à votre boss pendant vos négociations