Les femmes scientifiques toujours dévaluées, Wikipédia se mobilise

Publié le Vendredi 26 Juillet 2013
Les femmes scientifiques toujours dévaluées, Wikipédia se mobilise
Les femmes scientifiques toujours dévaluées, Wikipédia se mobilise
Pour lutter contre « l'effet Matilda », qui désigne la minimisation ou la négligence chronique du rôle des femmes dans les découvertes scientifiques, l'Institut national pour la recherche médicale britannique organisait jeudi 25 juillet un « marathon éditorial » sur Wikipédia afin d'offrir aux femmes scientifiques la postérité - digitale - qu'elles méritent.
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La communauté scientifique a souvent négligé le rôle joué par les femmes dans les découvertes. Le rôle de la biologiste Rosalind Franklin dans la découverte de l'ADN et de sa structure en « double hélice » a ainsi été longtemps passé sous silence. Décédée en 1958 à l'âge de 37 ans, la scientifique n'a pu être récompensée du Prix Nobel de médecine. Celui-ci fut décerné aux membres de son équipe en 1962, Maurice Wilkins, James Watson et Francis Crick.

Ce phénomène porte un nom : « l'effet Matilda ». C'est l'historienne des sciences Margaret W. Rossiter qui le désigne ainsi en 1993 d'après la féministe Matilda Joslyn Gage. Celle-ci avait fait le constat, dès le XIXe siècle, du déni systématique de la contribution des femmes dans les sciences.

Google et Wikipédia se mobilisent

Il semble que les grands d'Internet cherchent désormais à rendre aux femmes scientifiques la renommée qu'elles méritent. Jeudi 25 juillet, Google a ainsi célébré l'anniversaire de la naissance de Rosalind Franklin avec un  « Doodle » qui renvoyait en un clic vers les travaux de la biologiste méconnue.

Pour combattre le manque de reconnaissance chronique qui pénalise les femmes scientifiques, la branche britannique du groupe Wikipédia et la Société Royale se sont associées en octobre 2012 pour organiser un « marathon éditorial ». Celui-ci consiste à éditer, mettre à jour et publier un maximum de notices sur les femmes scientifiques dans l'encyclopédie en ligne.

Les précédentes sessions de « marathon » organisées ont notamment permis de recruter de nouvelles éditrices pour alimenter Wikipédia.

Le succès de cet événement a poussé Frank Norman, directeur du service documentation et information de l'Institut national pour la recherche médicale (NIMR) à renouveler l'expérience avec un nouveau « marathon éditorial », qui a eu lieu le 25 juillet.

Ces meetings rédactionnels d'un nouveau genre vont permettre à de nombreuses femmes du monde scientifique de sortir enfin de l'ombre. En voici quelques-unes, mais encore bien d'autres attendent encore d'être réhabilitées au sein de la communauté scientifique.

Janet Niven (1902-1974) : a contribué au développement du vaccin contre le typhus.

Hilda Bruce (1903-1974) : a étudié les propriétés de la vitamine D et conçu un régime spécialisé pour les animaux de laboratoire.

Rosalind Pitt Rivers (1907-1990) : a découvert l'une des hormones de la thyroïde.

Brigitte Balfour (1914-1994) : a étudié la morphologie cellulaire et les fonctions immunitaires.

Audrey Smith (1915-1981) : fut la première à développer des techniques de congélation du sperme, du sang, de la moelle osseuse, de la cornée, et d'autres tissus.

Ita Askonas (1923-2013) : son travail sur les cellules T cytotoxiques a été crucial pour approfondir notre compréhension de la réponse immunitaire au virus.

Rosa Beddington (1956-2001) : biologiste, écrivain et peintre talentueuse, ses idées ont contribué à comprendre ce que notre évolution avait acquis dans les embryons de mammifères.

Camille Coutant