Une femme présidente de l’association des anciens élèves de l’ENA

Publié le Mercredi 09 Mars 2011
Une femme présidente de l’association des anciens élèves de l’ENA
Une femme présidente de l’association des anciens élèves de l’ENA
C’est une première. Une femme vient d’être élue à la tête de l’association des anciens élèves de l’ENA (Ecole Nationale d’Administration). Christine Demesse nous parle de ses nouvelles responsabilités.
À lire aussi

Christine Demesse (promotion ENA 1982) est gérante fondatrice du cabinet CD Conseil, ancienne collaboratrice de Michèle Alliot-Marie et de Philippe Douste-Blazy.

Terrafemina : Qu’est-ce que cela représente pour vous d’être élue présidente de l’association des anciens élèves de l’ENA (Ecole Nationale d’Administration) ?

Christine Demesse : C’est une lourde tâche que je mesure pleinement. En effet, j’avais un prédécesseur, Arnaud Teyssier, qui a conservé ses fonctions pendant 12 ans en leur donnant beaucoup de temps et d’énergie. J’ai moi-même travaillé à ses côtés pendant 6 ans, comme trésorière adjointe puis secrétaire générale. De plus, je suis bien consciente de la dimension sensible de cette école sous forte tutelle de l’Etat. Un sujet devient vite polémique et politique (cf son déplacement à Strasbourg). Et aujourd’hui, nous sommes encore dans une phase sensible, avec la suppression du classement de sortie.

Tf : quel est votre défi principal ?

C.D. : Il faut concilier ouverture d’esprit vers l’avenir et préserver ce que l’école a apporté à beaucoup, à savoir la neutralité du recrutement (quelle que soit son origine, on peut ainsi devenir ambassadeur). Il s’agit d’un équilibre délicat à préserver.

Tf : et que vous inspire le fait d’être la première femme présidente de l’ENA ?

C.D. : Un grand plaisir. L’école a toujours été ouverte aux femmes, mais avec un pourcentage plus ou moins élevé selon les promotions. Il faut dire que certaines fonctions correspondantes (préfet, ambassadeur…) n’étaient pas traditionnellement féminines. Pour moi il s’agit d’apporter un œil nouveau. Cela dit, le Bureau de l’association est déjà largement féminisé, puisqu’il compte 3 hommes sur 9 !

Tf : L’association des anciens élèves est-elle engagée pour la parité professionnelle ?

C.D. : Oui, il existe une commission de femmes qui travaille depuis longtemps sur ces questions de parité, et qui se montre très préoccupée par la nomination de femmes à de hauts postes administratifs. Elles ont également des revendications en matière de salaires. Je pense qu’il faut soutenir ces revendications, car la place des femmes dans l’administration a tout son sens. Aujourd’hui il y a environ 40% de femmes recrutées dans les promotions de l’ENA, il n’y a donc pas de raison pour que ces femmes n’accèdent pas aux postes les plus élevés.

Tf : Vous avez été diplômée en 1982. En quoi l’ENA s’est-elle modernisée depuis ?

C.D. : Elle s’est beaucoup tournée vers l’extérieur. D’abord, les élèves suivent des stages en entreprise pendant leur cursus, ce qui représente une ouverture essentielle vers le monde du privé. Ensuite, l’ENA s’est modernisée car elle s’est internationalisée. D’ailleurs, une de mes priorités pour valoriser cette école sera d’insister sur le fait que chaque promotion a une autre promotion associée à l’étranger, et je veux m’appuyer sur ce réseau. Il est un relais autant pour nos entreprises que pour le service public français.

VOIR AUSSI

18 entrepreneuses africaines à l’ENA
Parité : le secteur public est un très mauvais exemple
Fonction publique : bientôt des quotas de femmes ?