Catherine Tasca : « des quotas nécessaires pour établir la parité »

Publié le Mercredi 15 Février 2012
Catherine Tasca : « des quotas nécessaires pour établir la parité »
Catherine Tasca : « des quotas nécessaires pour établir la parité »
La loi pour la réduction de la précarité dans la fonction publique votée hier par les députés impose de nommer 40% de femmes dans la haute administration d'ici 2018. Sénatrice des Yvelines et rapporteur du projet de loi, Catherine Tasca décrypte les enjeux de ce texte.
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Terrafemina : En quoi consiste la loi en faveur de l’égalité hommes-femmes dans la haute fonction publique qui vient d’être votée à l’Assemblée ?

Catherine Tasca : Ce dispositif fait partie du projet de loi visant à réduire la précarité dans l'administration, il crée, sur le même principe que la loi Copé-Zimmerman de janvier 2011, un quota en faveur de la parité des sexes dans la haute fonction publique, qui va s’instaurer progressivement, pour atteindre 40% de femmes en 2018. En effet les femmes sont majoritaires (60%) dans la fonction publique, mais ne sont que 14% à occuper des emplois de cadres dirigeants et 24% des postes de cadres supérieurs. C’est une question très importante qui méritait d’être abordée depuis longtemps.

Tf : La méthode forte des quotas et des sanctions financières était-elle la seule réponse possible pour imposer la parité dans la haute administration ?

C. T. : L’histoire est éloquente sur cette question. En politique, il a fallu la loi sur la parité de juin 2000 pour que les listes bougent, et encore, nous sommes loin du compte. Actuellement, rien n’oblige à réserver des postes dans l'administration pour les hommes, pourtant ils sont majoritairement nommés. Je pense qu’il n'y a aucune chance pour que ce genre de réflexe sexiste se défasse spontanément. Les hommes ont toujours tenu les rênes du pouvoir à tous les niveaux, mais aujourd’hui des femmes formées et compétentes sont là et il n’y a aucune raison pour qu’elles ne soient pas promues.

Tf : En plus de quotas évolutifs pour atteindre 40% de femmes en 2018, des dispositions sont-elles à prévoir selon vous pour aider les mères de famille à concilier leur emploi dans la haute fonction publique et leur vie privée ?

C. T. : Pour toutes les mères de famille qui travaillent, il faudrait conforter l’accès au congé parental en assurant sa prise en charge financière. Il faudrait à l’évidence développer une politique de la petite enfance pour offrir beaucoup plus de capacités d’accueil en crèches. Enfin, et ce serait une petite révolution culturelle, il faudrait que l’organisation même du travail [réunions, conseils d’administration] change en profondeur, les hommes accordant plus de temps aux déjeuners et ne tenant pas compte des horaires en fin de journée.

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