Managez grâce au storytelling et révélez l'héroïne qui est en vous

Publié le Mardi 09 Décembre 2014
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Managez grâce au storytelling et révélez l'héroïne qui est en vous
Managez grâce au storytelling et révélez l'héroïne qui est en vous
Oubliez les techniques de développement professionnel traditionnelles. Pour reprendre les rênes de votre leadership personnel et (enfin !) devenir l'héroïne de votre vie professionnelle, si vous testiez le storytelling ? Inspirée des procédés utilisés par les scénaristes de séries TV, et développée par la coach Yaël Gabison, cette méthode révolutionne notre manière de manager et nous aide à réussir nos présentations professionnelles.
À lire aussi


Vous avez du mal à vous affirmer devant un auditoire ou à passionner votre public lorsque vous devez faire une présentation ? Et si vous zappiez les méthodes de communication traditionnelles pour vous mettre dans la peau d'un conteur d'histoires, de votre histoire ? C'est ce que propose Yaël Gabison. Fondatrice du cabinet de conseil en leadership Smartside, elle a mis au point une technique de communication en entreprise empruntée aux romanciers, aux auteurs de cinéma et de théâtre et aux scénaristes de série qui permet de devenir le héros de sa vie professionnelle. Son nom ? Le storytelling.

Le storytelling, qu'est-ce que c'est ?

« Le storytelling, c'est l'art de raconter des histoires, nous explique Yaël Gabison. C'est l'art de l'écriture, du récit, que l'on retrouve depuis les premiers temps avec la Bible jusqu'à nos jours, avec les discours politiques. »

Là où le storytelling diffère des méthodes de communication traditionnelles, c'est qu'elle allie le sens et l'émotion. « L'univers professionnel se doit d'être totalement déconnecté des émotions, souligne Yaël Gabison. C'est d'ailleurs ce qui me frappe dans le monde de l'entreprise : on nous parle sans cesse de techniques de développement personnel et professionnel, qui utilisent tout un tas de mots compliqués, mais dans le fond, ce sont des techniques qui continuent de séparer le monde de la raison de celui des émotions. » La preuve en réunion ou en présentation : rares sont les intervenants qui se risquent à partager leur propre expérience, leur vécu avec l'auditoire, et nombreux sont ceux qui se contentent d'énumérer les chiffres de l'année écoulée… au risque de rendre leur intervention plate et soporifique.

Le storytelling « permet d'incarner, de personnaliser, de matérialiser des sentiments, de donner de la vie dans un récit d'entreprise, souvent froid et sans aucune émotion », explique Yaël Gabison. « Quand on touche les gens avec l'émotion, on fait passer ses idées deux fois plus rapidement. »

Devenez l'héroïne de votre vie professionnelle

Mais comment se servir du storytelling lors de présentations et booster sa carrière professionnelle ? Pour Yaël Gabison, il faut d'abord ne pas avoir peur de se mettre dans la peau de l'héroïne, de prendre en main sa vie professionnelle et d'arrêter de la subir. « Travailler sur un récit, c'est travailler sur une transformation, celle du héros. Or, le héros, ce doit être nous. On vit une aventure pour qu'elle nous transforme, qu'elle nous confronte à des défis moraux qui impactent notre vie personnelle et professionnelle. On monte en compétences, et en même temps, on s'enrichit. »

Il ne faut alors pas hésiter à prendre exemple sur les scénaristes de séries TV ou du cinéma pour enrichir sa propre histoire. « Comme pour Breaking Bad ou Desperate Housewives, il faut travailler sur un pitch. C'est la colonne vertébrale de votre histoire, de votre présentation, et votre garantie de raconter une seule et même histoire tout au long de votre présentation. »

Un exemple ? « Si vous devez écrire un pitch pour présenter la nouvelle stratégie commerciale d'un produit qui permettra d'augmenter les ventes de la marque », explique Yaël Gabison, le pitch serait : « Je propose de mettre en place un nouveau système de motivation collective afin que toute l'équipe soit solidaire et puisse s'entraider à atteindre l'objectif de + 9% fixé pour l'année prochaine. »

« Une fois que l'on a le pitch de sa présentation, il faut travailler sur le process narratif de transformation, comme un scénariste : déterminer la situation initiale, le previously qui contextualise, l'élément perturbateur, les péripéties, et enfin le dénouement. »

Et qui dit intrigue et héros, dit nécessairement méchant, qui doit être commun à l'auditoire. « Il n'y a pas de héros sans méchant ! Les opposants sont les personnages les plus intéressants d'une histoire, car ils permettent au héros de démontrer ses performances, son agilité, son intelligence. » Une entreprise concurrente, un mauvais positionnement marketing… Comme le spectateur devant une série télévisée, le public de votre proposition doit immédiatement identifier le « méchant » de l'histoire. « L'intrigue est la tension qui relate le fait que votre héros a un objectif à atteindre (la quête) mais qu'un ou plusieurs opposants l'en empêchent (l'opposant) : comment va-t-il faire pour s'en sortir ? »

Un écueil à éviter pour réussir sa présentation ? Se créer de toute pièce un personnage ou vouloir à tout prix renvoyer une image de soi sans failles et sans faiblesses. « Quoi qu'il en soit, les failles et les défauts se voient, alors autant les accepter, les revendiquer pour en faire une force ! Dans les séries télévisées, les héros ont souvent des spectres, des secrets du passé qui les suivent et finissent par rejaillir pour leur poser problème. Or, en tant que spectateur, on adhère complètement ! Je pense qu'il faut arrêter de faire croire dans l'entreprise que l'on est quelqu'un d'autre. Quand on a une faiblesse, il ne faut pas avoir peur de la dire pour que l'autre n'ait pas peur. Pour être un héros, il faut savoir montrer ses failles pour prouver qu'on les connaît, qu'on les accepte et qu'on travaille dessus. Si on assume ses défauts, il n'y a pas de raisons que ces derniers nous causent du tort. »

Yaël Gabison, Boostez vos présentations avec le storytelling (Éd. Eyrolles)

>> Si votre patron était un personnage de série TV... <<