Métier : Comment devenir sous-titreur ?

Publié le Mardi 07 Décembre 2010
Métier : Comment devenir sous-titreur ?
Métier : Comment devenir sous-titreur ?

Ne vous êtes-vous jamais demandé qui étaient les petites mains derrière les sous-titrages de vos séries américaines préférées ? Emmanuelle Steffan, 30 ans, est l’une d’entre elles. Pour Terrafemina, elle dévoile les secrets du métier de sous-titreur. Une profession méconnue, bien qu’en plein boom…

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Un métier multi-facettes

« Je travaille dans le sous-titrage, à ne pas confondre avec l’interprétariat, le doublage ou la langue des signes. En clair, ce n’est pas moi qui traduis en langage des signes les Questions au gouvernement sur France 3. Je ne fais pas non plus les voix françaises des actrices des ‘Feux de l’amour’ ! Ma profession comprend le sous-titrage de programmes préenregistrés et le sous-titrage en direct, ce dernier métier étant relativement récent.
Dans le premier cas, il s’agit de sous-titrer des films qui vont sortir au cinéma ou en DVD, ce qui implique un travail de version d’une langue à une autre ; de l’anglais vers le français en ce qui me concerne. Je travaille actuellement sur 'Détroit 1-8-7', par exemple, une série américaine qui sera diffusée en janvier sur Canal +.
Le sous-titrage en direct (ou télétexte), consiste, quant à lui, à sous-titrer en temps réel un programme, avec un différé de quelques secondes. Il concerne tous les programmes diffusés en direct (journaux télévisés, matchs de foot, débats politiques, émissions de télé-réalité, etc.) et s’adresse plus particulièrement aux sourds et aux malentendants. En effet, il n’y a pas de raison que ces derniers n’aient pas accès à l’information.
Toutes ces tâches exigent un vrai travail d’équipe. Il faut un perroquet (moi) et un correcteur. Le perroquet, équipé d’un casque et d’un micro, répète tout ce qu’il entend (propos des intervenants visibles à l’écran, de la voix off, etc.). Tout est ensuite retranscrit à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Enfin, le texte apparaît sur l’écran du correcteur qui corrige les fautes (orthographe, grammaire, mots non-reconnus, etc.) avant de valider le texte qui apparaît alors sur les écrans des téléspectateurs. »

De professeur d’anglais à sous-titreuse

« J’ai toujours été attirée par les langues étrangères. Mon père, professeur d’anglais, m’a transmis très tôt son amour de la langue et de la culture de Shakespeare. Après un baccalauréat scientifique, j’ai donc suivi une filière langue, littérature et civilisation étrangère (LLCE), afin de devenir professeur d’anglais. Je me suis expatriée en Angleterre pour faire ma maîtrise et parallèlement, j’ai occupé un poste d’assistante de français. Je me suis alors aperçue que je n’étais pas faite pour l’enseignement. Mon mémoire de maîtrise consistait à traduire des nouvelles de l’anglais vers le français ; une tâche qui me passionnait bien plus que le fait d’enseigner.
A mon retour en France, je me suis immédiatement inscrite à l’Ecole Supérieure d’Interprètes et de Traducteurs (ESIT). J’ai obtenu mon diplôme et me suis lancée sur le marché du travail. J’ai d’abord commencé par un stage chez Télétota, un laboratoire de sous-titrages, dans lequel je travaille encore cinq ans plus tard. J’y ai appris le métier sur le tard car je n’y connaissais rien à mon arrivée. En fait, c’est surtout en regardant des séries anglophones sous-titrées en français que je m’étais dit que ce métier pourrait me plaire. J’avais raison ! »

Obligations professionnelles et vie privée : un équilibre à trouver

« L’un des avantages de ce métier est qu’il peut s’exercer à domicile. D’ailleurs, les adaptateurs sont principalement free-lance, un statut idéal quand on a des enfants. A l’opposé, le télétexte implique davantage de contraintes, comme le travail de nuit et/ ou le week-end. Je travaille ainsi tous les samedis et certains soirs, ce qui n’est pas toujours évident quand la personne avec laquelle on vit a des horaires plus classiques. Mais je ne vais pas me plaindre, il y a pire comme métier que de passer son temps à regarder des films !
Ainsi, mes journées commencent généralement à 9h45 pour s’achever à 19h15. Bien sûr, lorsque j’ai un programme à sous-titrer en direct, tout est décalé en fonction de l’horaire et de la durée de celui-ci. Pendant la diffusion de MasterChef notamment, je commençais à 14h30, le jeudi, et je terminais à 00h00.
D’une manière générale, les tâches quotidiennes sont plus ou moins les même d’un jour à l’autre, mais les programmes sont toujours différents. Je découvre mon planning le matin. Je peux commencer par simuler un film, c’est-à-dire le regarder avec des sous-titres que je devrai ensuite corriger. Puis, adapter un jeu télévisé. Il s’agira, là, d’écrire les sous-titres en les calant bien, de façon à ce que le texte corresponde à ce que l’on entend. Enfin, je peux terminer ma journée par le sous-titrage en direct d’une émission comme la quotidienne de 'Secret Story', par exemple. C’est le fait de travailler sur une grande variété de programmes et d’alterner entre les directs et les stocks (les programmes préenregistrés) qui me donne l’impression que chaque journée est différente.
Lorsque je quitte le laboratoire, s’il est encore tôt, j’en profite pour voir mes amis, aller au cinéma. Sinon, je me repose tranquillement à la maison avec mon ami, je regarde un film ou… je travaille sur une traduction ! J’en fais quelques unes sur mon temps libre qui n’entrent pas dans le cadre de mon contrat de travail. Mais c’est la partie que je préfère dans mon métier… Je suis donc prête à lui sacrifier quelques soirées ! »

Propos recueillis par Marie-Laure Makouke

Infos pratiques

Compétences : Le métier de sous-titreur exige de solides compétences en traduction ainsi qu’une sensibilité certaine au son, à l’image et au rythme. Bien sûr, l’aisance dans une langue étrangère (adaptation, synonymie, compréhension à l’audition, culture générale) est cruciale.
Formation : Il n’existe pas de formation type. Toutefois, plusieurs universités proposent des Masters de traduction spécialisées ou des filières de langue incluant des spécialisations en traduction. Par ailleurs, des établissements comme l’ESIT (Ecole Supérieure d’Interprètes et de Traducteurs) ou l’ISIT (Institut Supérieur d'Interprétation et de Traduction) préparent également au métier.

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