Métier : Sylvie Labansat, biographe passionnée

Publié le Mardi 05 Avril 2011
Métier : Sylvie Labansat, biographe passionnée
Métier : Sylvie Labansat, biographe passionnée

En tombant par hasard sur une malle dans son grenier, Sylvie Labansat découvre le passé héroïque de son grand-père. Elle se découvre alors une vocation : transmettre la mémoire. Depuis deux ans, elle exerce le métier de biographe avec passion et implication. Elle a créé sa propre activité, Alors raconte-nous...

À lire aussi

Le déclic

« Après trois enfants et une séparation (l’aînée avait 3 ans), pas question de reprendre un poste de Dircom’ à plein temps. Alors, j’ai décidé de proposer mes compétences en exercice libéral parce que cela me semblait la formule la plus souple. Ainsi, j’ai pu être présente dans les moments importants de la vie de mes enfants. L’activité de biographe s’est imposée comme une évidence : dans ma propre famille, les seniors devenaient plus bavards avec l’âge. Et autour de moi, je percevais le besoin d’ancrage, de retrouver les racines familiales pour y puiser de la force, de manière plus impérieuse encore dans les familles dé/recomposées. En fait, c’est en découvrant dans une malle dans le grenier de chez ma mère, le passé héroïque et patriotique de mon grand-père, que j’ai eu le déclic. Je me suis dit que ce n’était pas possible que tout cela reste enfoui et qu’il fallait que je transmette. J’ai donc commencé à écrire l’histoire de ma famille. »

Comment écrit-on une biographie ?

« Les entretiens sont réalisés au domicile du narrateur (pour s’imprégner de son environnement) ; ils sont enregistrés. Un CD de ces enregistrements est remis lors de la livraison du livre, qui permet de conserver une mémoire auditive du ou des narrateurs). La première rencontre, gracieuse, permet de cerner les motivations du narrateur, ses objectifs, les grandes lignes de son parcours et les éléments dont il dispose. Autant d’informations indispensables pour proposer un devis détaillé, accompagné d’un contrat. La confiance étant l’ADN de la profession, il est important de bien cadrer les relations au départ pour ensuite, laisser les souvenirs affluer sans interférences. Le nombre d’entretiens est fonction de la richesse du parcours. Il faut en général compter une douzaine d’heures. Chaque heure d’entretien entraîne cinq heures de travail complémentaires pour le biographe : recherches d’actes ou d’informations, contextualisation, mise en chronologie et en cohérence, travail d’écriture, relecture, corrections… En effet il est fréquent que je doive effectuer un travail de recherche et que je sois amenée à interroger d’autres personnes. Et puis les souvenirs n’arrivent pas toujours de manière chronologique et cohérente, il est nécessaire de retravailler et d’approfondir tout ça.

La confiance et l’écoute bienveillante sont la base du travail de biographe

« Le plus difficile est d’arriver à mobiliser les personnes sur autre chose que la notion de coût. Ils ont du mal à percevoir tout le travail qu’il y a derrière une biographie et que cela ne se limite pas aux interviews. Ce n’est pas une activité lucrative, il faut le savoir. Je l’exerce en complément de mes activités de conseil et de formation. Certaines personnes qui s’installent à leur compte ont beaucoup de mal à s’en sortir, il faut être réaliste et savoir qu’il est difficile d’en vivre. Moi je l’exerce par passion, j’aide à transmettre la mémoire. Sur le plan humain, je fais des rencontres formidables et je redécouvre l’histoire, les époques. »

Le public

« Il peut s’agir de particuliers ou d’entreprises. Ce peut être une initiative individuelle comme Alice, 97 ans ½, qui a souhaité raconter ses souvenirs pour son propre plaisir ; chorale dans le cas de Mathieu, 20 ans, décédé d’un accident de voiture : ses parents ont associé à la démarche les amis de leur fils ; filiale, pour Max, auxquels ses enfants ont offert de raconter sa vie, à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire ; familiale autour d’un événement marquant : cousinade, naissance, mariage… Dans tous les cas, je fais bien attention de ne pas répondre aux demandes qui frisent la psychothérapie. Ce n’est pas mon rôle, je suis juste un passeur de mémoire. De même, je n’encourage pas mes clients à régler leur compte dans leur biographie. Mais évidemment en rédigeant la biographie, j’apprends des choses aux autres membres de la famille. Les motivations des uns, la manière dont on a vécu l’enfance est très différente selon les individus. »


Combien ça coûte

« Le périmètre de l’ouvrage dépend de plusieurs paramètres. Outre la richesse du parcours, on peut ajouter la précision et la qualité des souvenirs, le nombre de personnages impliqués dans l’histoire, l’étendue dans le temps et l’espace… Il est souvent difficile de connaître à l’avance et exactement jusqu’où le narrateur voudra aller. L’offre se compose de la prestation littéraire précitée et de la prestation technique : mise en page, illustrations, maquette et fabrication du document final, après signature du bon à tirer. Si l’on peut estimer à environ 3 000 euros la prestation littéraire pour un livre de 150 pages (±10%), la prestation technique dépend des souhaits du narrateur : dos carré collé, piqué broché, relié... L’éventail des possibilités est large et fait l’objet d’un devis précis, le prix étant dégressif en fonction de la quantité (sauf pour les exemplaires reliés). »

INFOS PRATIQUES
Compétences : De bonnes capacités rédactionnelles, un sens de l’écoute, patience et esprit de synthèse.
Formation : Bac +4/5 Etudes littéraires, journalistique, histoire.
Salaire : Ecrire une biographie demande un investissement conséquent. Vous facturez du temps et ne comptez pas vos heures de travail. Pour une biographie de 120 pages Sylvie Labansat se fait payer 3 000 euros.
Contact : Sylvie Labansat, Alors raconte-nous... (site en construction)

VOIR AUSSI

Comment devient-on traductrice ?
Travailler dans une salle de ventes aux enchères d’œuvres d’art
Isabelle Fournier, responsable d'un cabinet d'administration de biens et syndic