Rencontres en ligne : Mektoube connecte les âmes sœur maghrébines

Publié le Mardi 14 Février 2012
Rencontres en ligne : Mektoube connecte les âmes sœur maghrébines
Rencontres en ligne : Mektoube connecte les âmes sœur maghrébines
Dans cette photo : Jessica Alba
Créé en 2006, le portail Mektoube.fr cartonne en proposant de connecter les célibataires d'origine maghrébine. Sur le marché des sites de rencontre en ligne, le filtre des affinités culturelles s'impose désormais comme un critère incontournable, et une niche efficace. Décryptage avec les fondateurs Laouari Medjebeur et Thomas Nomaksteinsky.
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Laouari Medjebeur : Le concept est né en 2006 d’une demande entendue autour de nous, de personnes qui ne s’y retrouvaient pas sur les sites de rencontre généralistes. Chez les anglo-saxons, il y avait une vraie segmentation du marché des rencontres en ligne, et nous nous sommes dit que nous pourrions apporter un filtre supplémentaire par rapport aux sites connus, un filtre culturel, et non religieux, pour les personnes d’origine maghrébine.

Tf : Les sites de rencontre par affinité culturelle ont fleuri après les premières heures de gloire de Meetic. Y avait-il un public et une attente pour ces plateformes ?

L. M. : Nous avons été avant-gardistes, et le temps nous a donné raison. Aujourd’hui tous les sites de rencontre généralistes ont intégré des filtres supplémentaires, sur l’alimentation par exemple, on peut préciser si on mange halal, casher ou si on est végétarien, ou encore sur la religion, les langues parlées ou les origines. Beaucoup de sites de rencontre par affinité politique, culturelle, sportive, culinaire, etc. sont nés ces dernières années, mais peu s’installent dans la durée. Sur le plan économique, ces sites spécialisés sur de petits segments ne sont pas toujours viables, car ils rencontrent un problème de taille critique : il faut regrouper assez d’inscrits hommes et femmes dans chaque région pour être attractif, et plus on segmente la cible, moins on a de candidats… Finalement les sites de rencontre en France ne sont pas si nombreux : Meetic, Match.com, J’adopte un mec, Attractive world, Mektoube bien-sûr, et Jdate, pour la communauté juive.

Tf : 1 million d’inscrits, 3 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011 : comment expliquez-vous votre succès ?

L. M. : Dès le départ, nous avons misé sur la modération : toutes les photos et toutes les annonces sont revues et vérifiées, c’est un gage de sérieux et de sécurité, pour qu’un homme ne se retrouve pas à discuter avec une photo de Jessica Alba… Tout abus peut être signalé par un utilisateur. En 2008, notre formule est devenue payante pour les hommes, non seulement parce que nous avions des coûts de fonctionnement à assumer, mais aussi pour assurer la parité hommes-femmes sur le portail. Nous savons qu’il y a toujours plus d’hommes qui s’inscrivent sur les sites de rencontre, et pour que les femmes ne se sentent pas harcelées et submergées de messages, il est important de modérer la présence des hommes par un abonnement.

Tf : Que répondez-vous aux détracteurs qui vous accusent d’entretenir le communautarisme ?

L. M. : Je trouve ces réactions assez hypocrites. Nous avons toujours répondu à ce type d’attaque en expliquant que les inscrits sur Mektoube sont des gens qui sont parfaitement intégrés dans la société civile, qui travaillent et qui ne sont pas repliés sur eux-mêmes. Mais dans leur vie privée, ils éprouvent le besoin de rencontrer des personnes qui pourraient partager leurs centres d’intérêts, leurs goûts et leur culture. Il ne faut pas donner trop d’importance à un site de rencontre, il ne s’agit pas d’un lieu politique. Il n’y a qu’à regarder le quartier chinois dans le 13e arrondissement de Paris pour comprendre que les communautés font partie de notre pays, et je ne vois pas de raison de les ignorer.


Thomas Nomaksteinsky et Laouari Medjebeur

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