Portrait de Garance Broca, créatrice de Monsieur Lacenaire

Publié le Jeudi 13 Octobre 2011
Portrait de Garance Broca, créatrice de Monsieur Lacenaire
Portrait de Garance Broca, créatrice de Monsieur Lacenaire
A 33 ans, la jeune créatrice Garance Broca renouvelle la garde-robe masculine en lançant Monsieur Lacenaire, sa marque de maille haut de gamme. Misant sur les matières luxueuses et un design loin du classicisme habituel des vêtements pour homme, c’est la petite marque de mode qui monte.
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Même si elle est titulaire d’un DESS de Droit et de Gestion, Garance Broca a toujours su qu’elle travaillerait dans la mode. A la fin de ses études, elle multiplie les expériences dans les grandes maisons : Balmain, Hermès puis Joseph. « Mon envie d’entreprendre m’a rattrapée, une idée mûrie au fil de mon expérience professionnelle. J’avais une véritable passion pour la maille et l’idée d’une marque de maille pour homme m’est apparue évidente », se rappelle Garance.
Elle commence alors ses recherches et mène une étude de marché pointilleuse. « Pendant 6 mois j’ai étudié toutes les gammes du marché, leurs moyens de distribution, de communication, je me suis rendue dans les magasins, ai étudié les matières, les lieux de fabrication… ». Fastidieux mais payant : l’idée d’une marque haut de gamme, pour hommes, qualitative et anticonformiste voit le jour.

Garance quitte alors son poste chez Joseph et se consacre au développement de sa collection à plein temps. « L’idée de créer ma propre entreprise me tenait à cœur depuis longtemps, j’avais donc mis suffisamment d’argent de côté pour démarrer », indique la créatrice. Cela lui permet d’investir au démarrage 15 000 euros dans les prototypes, les salons ou encore le site web. Elle contacte des fournisseurs en matière et en fabrication de son réseau professionnel, et les premiers prototypes de sa collection sortent en août 2010. Puis il a fallu avancer la production : Garance organise alors une levée de fonds en love money auprès de ses proches. « Cela m’a permis de financer l’avancée de production et de faire face au trou de trésorerie lié au cycle d’exploitation particulier dans le milieu de la mode ».

Entre temps, elle construit l’identité visuelle de sa marque à travers un site, un catalogue et une présence sur les réseaux sociaux. « Sur ce volet, mon mari qui travaille dans la publicité est beaucoup intervenu et m’a apporté une aide précieuse », sourit-elle. Vient le moment de se lancer. « J’avais posé comme deadline les grands salons professionnels de la mode homme en Europe au sein desquels je souhaitais absolument présenter ma production». En janvier 2011, ces salons lui réservent un accueil enthousiaste et elle dépose enfin les statuts de sa société. « Cela devenait très pragmatique : je n’étais plus dans le domaine de l’intuition, je mettais les pieds dans la réalité économique de ma marque ». A partir de là, elle vend 1000 exemplaires, allant de 160 à 395 euros : Monsieur Lacenaire est distribué chez Colette et au Bon Marché à Paris, mais également en Europe du Nord et au Japon. Tout au long de ces étapes, Garance bénéficie du soutien de la couveuse d’entreprises GEAI à Paris. « J’ai eu droit aux conseils d’un consultant rencontré une fois par mois, qui m’a permis de m’organiser et de répondre aux bonnes questions », souligne la créatrice.

D’autant plus que la marque est victime de son succès : Garance doit faire face à une envolée des commandes et augmenter sa production, un scénario qu’elle n’avait pas prévu. « Dans ce cas, il faut garder la tête froide et trouver l’argent en conséquence », recommande-t-elle. Avec un chiffre d’affaires en 2011 d’environ 100 000 euros, la créatrice devrait commencer à se payer d’ici mi-2012 et être à l’équilibre pour la troisième ou quatrième saison. L’objectif étant d’embaucher quelqu’un pour l’aider d’ici là et de continuer pour l’instant à être distribuée dans les grands magasins et concept stores avant d’envisager l’ouverture d’une boutique à long terme. En attendant, entre gestion administrative, comptabilité et production, elle se ménage du temps pour la création. Car si « monter une entreprise est une course », dans cette aventure, « ma passion reste la maille », sourit-elle.

Ses conseils
Ne pas négliger l’étude de marché.
Prendre des décisions rapidement.
Bien cadrer l’aspect financier du projet pour mieux anticiper.
Les critiques font avancer.

Bio
1978 : Naissance à Paris le 13 mars.
1997 : Premier stage dans la mode au Musée de la Mode et du costume.
2003 : Obtention d’un DESS de droit et gestion à Paris V.
2011 : Création de la marque Monsieur Lacenaire.

Retrouvez tous les lundis nos portraits de créateurs dans le Parisien Economie.

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