Vie au bureau : c’était mieux avant (ou pas) ?

Publié le Dimanche 26 Mai 2013
Vie au bureau : c’était mieux avant (ou pas) ?
Vie au bureau : c’était mieux avant (ou pas) ?
En quelques années, le quotidien des salariés a considérablement changé. Alors que dans les années 80, quelques ordinateurs trônaient lourdement sur nos larges bureaux à caissons entre les parafeurs, le typex et le téléphone fixe, offrant à quelques avant-gardistes le privilège de tester le « traitement de texte » pendant que beaucoup attendaient sagement que leur « blanco » sèche devant la machine à écrire, que de changement se sont opérés en à peine quelques décennies ! En bien ? En mal ? Bosser il y a vingt-cinq ans c’était plus poilant ? Bilan…
À lire aussi

1. On n’avait pas Internet

Eh oui, seuls devant un bureau quasi vide, on n’avait donc d’autre choix que de s’éclater sur Word (youhouuu) ou de se challenger sur Excel (yiiiiha !), raison pour laquelle la génération X se défend pas mal sur ces deux logiciels ancestraux. En cas de désœuvrement total, restait la solution Dame de pique ou Solitaire. Ceux qui étaient là savent…

Alors, c’était mieux avant ? Ça dépend de quel côté on se place. Pour l’employé, diable non. Pour l’employeur en revanche… Quand on sait que les salariés ultra-connectés sont distraits en moyenne toutes les… 3 minutes (et auraient besoin de 23 minutes pour retourner ensuite à leur tâche initiale !), a priori, oui !

2. On s’envoyait des power point pour RIGOLER

Oui oui les djeuns on en voit qui gloussent. A la préhistoire, alors que les LOLcats et autres vidéos pour adeptes de la mignonitude comme pause-tendresse au bureau n’avaient pas encore envahi nos boîtes mails, on s’envoyait des POWER POINTS avec des beeeelles photos de dauphins, de paysages et oui, ok, de chatons.

Alors, c’était mieux avant ? Euh, honnêtement ? Définitivement non.

3. On avait des bureaux avec des vrais murs et même des portes

Les employés cohabitaient souvent à 2 ou 3 mais les cadres étaient seuls et pouvaient fumer, dormir, parler très fort au téléphone, faire du sexe ou mettre leurs pieds sur leurs immenses bureaux comme dans Wall Street.

Alors, c’était mieux avant ? Une étude* réalisée en 2011 montre que 81% des personnes travaillant dans un bureau individuel se disent satisfaits de leur espace de travail contre 50% seulement des open-spacers, lesquels reprochent aux grands plateaux à l’américaine le bruit généré par tant de proximité (concentrations jugée moindre mais créativité décuplée). Beaucoup plébiscitent « à minima » des séparations végétales (49%) ou des cloisons modulables (40%) mais il semble finalement que l’espace perso eighties en laisse nostalgique plus d’un…


4. On fumait partout

Devant la machine à écrire, à la cafèt', dans le bureau de son boss, en RÉUNION (une prez' la clope au bec, ça paraît ahurissant, et pourtant…), aux toilettes (vous verrez certains locaux pas si vétustes arborer encore fièrement des cendriers muraux à hauteur d’homme assis… eurk), le fumeur pouvait s’adonner à son vice où bon lui semblait en toute quiétude.

Alors, c’était mieux avant ? Pour la santé de tous, non. En revanche, qui dit clopes partout dit pas de pauses clopes (soit dix pauses de six minutes en moyenne par fumeur, donc une heure de temps de travail en moins par jour). Et qui dit pas de pause clope dit pas de perte de productivité, et pas de mise à l’écart des non-fumeurs, sortes d’« élèves du premier rang » de l’entreprise devenus derniers au courant des potins, alliances et stratégies de l’open space, ce véritable Koh-Lanta de la vie professionnelle.

5. Il n’y avait pas de femmes

Ou peu… et à des postes sans responsabilités et mal rémunérés bien sûr. Aujourd’hui, 51,4% du middle management est féminin, contre 26,1% en 1980. Autre info et pas des moindres : les femmes contribuent de nos jours à 42,2% du revenu familial contre… 6% en 1970 !

Alors, c’était mieux avant ? Nul ne sait si ces messieurs sont nostalgiques de cet Eden viril où cigares et secrétaires faisaient leur quotidien mais les chiffres, eux, parlent : selon une étude menée par la Columbia Business School, les entreprises ayant le plus haut taux d’emploi féminin ont le plus de succès, et celles ayant le moins de cadres féminins ont le plus de difficultés. On dit ça, on dit rien, hein…

6. On ne recevait pas de mails

Dingue non ?  Et on faisait quoi ? Bah on téléphonait, et on était même OBLIGÉS de répondre parce que le numéro de l’interlocuteur ne s’affichait pas... Pour joindre des prospects, on pianotait sur le Minitel de la boîte, fierté technologique des salariés d’alors. Quant aux comptes-rendus, rapports et autres dossiers à faire parvenir, on les envoyait par courrier (souvent sous la forme de… disquettes !), fax (ziiiiiiii prfttttttttt) ou coursier.

Alors, c’était mieux avant ? Houla non : c’était LENT. En revanche, on ne recevait pas non plus de mails pro en dehors des heures dites « de bureau »... Ce qui nous amène au point suivant.

7. On avait de « vrais » horaires de bureau et des vraies vacances

Comme on n’avait ni mails ni portables, passés les murs de l’entreprise, on pouvait rentrer tranquillou chez soi sans recevoir de message du boss pendant The Voice nous demandant où en est le projet Machin, ou de coups de fils paniqués de notre N-1 qui ne comprend rien au compte-rendu de copil alors qu’on est en plein jeu apéro au Club Med de Cefallu.

Alors, c’était mieux avant ? Bah oui… (il suffit de regarder les rapports sur les burn out  et le stress au travail pour s’en rendre compte).

8. On avait des calendriers, des tableaux de liège, des rolodex et des tampons dateurs

Et plein de super fournitures sympa qui donnaient envie de travailler. Les gens avaient également un beau cadre en argent avec la photo de leur femme, leurs enfants et/ou leur chien, et pas un fond d’écran dématérialisé, ils rangeaient des tonnes de papiers dans des dossiers, eux-mêmes archivés l’été par des employés saisonniers dans des grosses boîtes en cartons classées par numéro dans de grandes salles aveugles appelées « archives ».

Alors, c’était mieux avant ? Plus cosy mais archi fouillis. Conclusion : non.

9. On se tapait la cloche au déjeuner

Entrecôte-frites, tarte aux fraises et pichet de rouge (avant le café-clope grillée en intérieur), l’employé eighties ne s’encombrait pas de considérations diététiques, et ne mangeait pas en 50 minutes chrono quelques grains de quinoa arrosés d’huile de colza payés à prix d’or dans un salade-bar rempli de working mums débordées.

Alors, c’était mieux avant ? Beaucoup moins sain mais certainement plus marrant.

10. On avait des déplacements professionnels

Ou en tous cas davantage, puisque pas de mails, pas de visio et, surtout, pas de skype.

Alors, c’était mieux avant ? Outre le fait que les déplacements et autres séminaires permettaient à nombre de cadres émoustillés de fricoter avec leurs quelques collègues féminines au Kyriad de Noisy-le-Sec le temps d’une soirée sans bobonne, l’économie financière mais aussi de ce temps si précieux nous fait invariablement pencher du côté de la modernité !

11. Les stagiaires étaient super polis

Ils arrivaient à l’heure, se pointaient aux entretiens d’embauche, ne prévenaient pas par texto qu’ils avaient « grave mal au ventre et ne viendraient dc pas 7 semèn » et, surtout, ils vivaient dans la crainte que vous cherchiez à les joindre chez eux, ce qui signifiait fatalement que vous appelleriez sur le fixe familial… Grillé ! Et puis, après avoir subi le labeur d’une lettre de motivation manuscrite, et la difficulté du calibrage volume-taille de la feuille, croyez bien que le jeune ayant envoyé sa candidature faisait partie des motivés.

Alors, c’était mieux avant ? Oui, et pour tout le monde !

Bilan des courses plutôt mitigé, corroboré par les chiffres qui mettent en avant le fait que 33% des salariés français estiment que leur lieu de travail a plutôt évolué en bien au cours des dernières années, contre 26% qui pensent qu'il a évolué en mal et (plus étonnant !) 40% qu'il n'a pas évolué.

Et vous, qu'en pensez-vous ? C'était mieux avant ou pas ?

* Sondage Harris Interactive pour Gecina réalisé en ligne du 5 au 11 mai 2011.