Epifane 2011–2013 : « Nous manquons de données sur l'alimentation des bébés »

Publié le Samedi 21 Janvier 2012
Epifane 2011–2013 : « Nous manquons de données sur l'alimentation des bébés »
Epifane 2011–2013 : « Nous manquons de données sur l'alimentation des bébés »
Le recrutement des 3 500 jeunes mères suivies dans le cadre du programme Epifane 2011-2013 vient tout juste de débuter. L’objectif de cette initiative de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) ? Analyser l’alimentation des nourrissons français pendant leur première année de vie. Benoît Salanave, épidémiologiste à l’InVS et superviseur du projet, nous en dit plus…
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Terrafemina : L’étude Epifane vient d’être lancée, de quoi s’agit-il exactement ?

Benoît Salanave : L’étude Epifane répond à une demande du ministère de la Santé et s’inscrit dans le cadre du programme national Nutrition Santé 2011-2015. Elle a pour objectif de combler un manque de connaissances sur l’allaitement maternel. Certes, ponctuellement, des études sur les enfants non-allaités sont publiées. Les maternités, quant à elles, s’intéressent régulièrement à la question de l’alimentation du nourrisson avant sa sortie de l’hôpital. Mais au niveau national, nous n’avons que peu de données sur le sujet et portant sur la première année de vie de l’enfant, qu’il s’agisse de l’allaitement, de son taux d’exclusivité ou du moment auquel les repas commencent à se diversifier. Nous avons de nombreuses lacunes sur ces points, d’où le lancement d’Epifane.

TF. : Concrètement, à quelles questions tentera-t-elle de répondre ?

B. S. : Il s’agit d’une étude descriptive. Elle n’a donc pas vocation à étudier le lien entre l’alimentation et la survenue de pathologies, ce qui est davantage le rôle de l’Inserm. Epifane sera davantage une photographie des pratiques françaises, concernant l’alimentation des enfants de 0 à 1 an, permettant d’adapter nos messages de santé publique à destination des jeunes parents. Nous nous intéresserons donc plus particulièrement au taux d’allaitement, à la durée de celui-ci et à l’âge moyen auquel les premiers aliments solides sont administrés. Par exemple, sachant qu’il est conseillé de ne donner que du lait maternel ou infantile avant le quatrième mois et de ne diversifier l’alimentation qu’à partir du sixième, nous saurons si les mères suivent ou non ces recommandations et si nous devons prévoir une campagne d’information à ce sujet.

TF. : S’agit-il de la première étude de cette ampleur ?

B. S. : Ce n’est probablement pas la première sur l’allaitement. Le Syndicat français des aliments de l'enfance (SFAE) publie, tous les 8 ans depuis les années 1980, une étude sur l'utilisation des formules lactées et la diversification alimentaire. On peut également citer l’étude Elfe, débutée en avril 2011, qui suivra pendant 20 ans, 20 000 enfants nés en 2011.
Le programme Epifane est beaucoup plus modeste que les deux précédents. A l’origine, il y a les résultats de la dernière enquête nationale périnatale (ENP), selon lesquels l’allaitement maternel serait actuellement pratiqué de façon insuffisamment fréquente en France. Mais l'ENP ne portait que sur les premiers jours de vie de l'enfant. Nous chercherons donc à savoir ce qu’il en est sur plusieurs mois.

TF. : Le recrutement des mères a-t-il commencé ? Quels en sont les critères ?

B. S. : Il a commencé le 16 janvier dernier et devrait s’accélérer dans les prochains jours jusqu’à ce que nous ayons atteint notre objectif de 3 500 jeunes mamans. Pour y parvenir, nous avons tiré au sort 140 maternités disséminées sur l’ensemble du territoire hexagonal, chacune devant sélectionner 25 mères en moyenne. Ces dernières doivent être majeures et habiter en France métropolitaine. Nous avons également écarté de l’étude les enfants souffrant d’une pathologie nécessitant une alimentation particulière et les grands prématurés (-33 semaines d’aménorrhée). Mamans et enfants seront ensuite suivis pendant un an.
Les premiers résultats, après un mois de suivis, devraient être publiés dans le courant du second semestre 2012, d’autres devraient suivre en février 2013. Mais il faudra patienter jusqu’à fin 2013 pour avoir les conclusions définitives d’Epifane, qui feront d’ailleurs l’objet d’un rapport.

Crédit photo : iStockphoto

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