Périnée : accouchement, incontinence et rééducation, arrêtons le massacre !

Publié le Vendredi 23 Mars 2012
Périnée : accouchement, incontinence et rééducation, arrêtons le massacre !
Périnée : accouchement, incontinence et rééducation, arrêtons le massacre !
Incontinence, descente d'organes,… les problèmes liés au périnée sont multiples et fréquents, et pourtant le sujet n’est que rarement abordé. Dans son livre « Périnée, arrêtons le massacre » (éd. Marabout), Dr Bernadette de Gasquet explique comment prévenir et réparer les erreurs de la vie quotidienne, la maternité et le sport, qui abiment le périnée.
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Le docteur Bernadette de Gasquet est médecin et professeure de yoga. Elle associe dans son travail l’approche corporelle, les savoirs traditionnels et la médecine moderne.

Terrafemina : Pourquoi avoir écrit un livre consacré au périnée ?

Bernadette de Gasquet : Parce que c’est un sujet dont on ne veut pas parler, donc il n’y a pas grand-chose dessus. On est soi-disant libéré sexuellement, mais on ne veut pas voir les vrais problèmes. Les problèmes de périnée concernent beaucoup de gens, ils coûtent cher et on ne fait pas tout ce que l’on devrait faire. Le titre de mon livre évoque un « massacre du périnée », d’abord pour faire suite à mon précédent ouvrage « Abdos, arrêtons le massacre », et ensuite pour dire qu’il y a des choses qui sont graves et qui pourraient être évitées, dans la vie quotidienne comme dans le sport. On ne s’y intéresse que quand on constate des fuites urinaires, mais par exemple une constipée chronique peut avoir des problèmes de périnée, une sportive peut connaître une descente d’organes…

Tf : Donnez-nous quelques exemples de pratiques nuisibles au périnée.

B. de G. : Certains sports mettent énormément de pression sur les abdos. Or l’idéal des « tablettes de chocolat » est mauvais pour le périnée mais aussi le dos. On dirige mal les forces. Dans la vie quotidienne, au bureau, les chaises sont une catastrophe car on s’appuie sur le dossier, on est avachi, et on sort le ventre. Or il faut faire bouger le périnée au lieu de peser dessus toute la journée. Les femmes qui portent leur bébé doivent apprendre à se redresser.

Tf : Dans votre livre, vous écrivez que l’accouchement abime beaucoup le périnée. Pourquoi ?

B. de G. : La poussée abime le périnée, car on pousse le diaphragme de haut en bas, et en même temps on pousse l’utérus, la vessie et tous les organes, ce qui occasionne une pression sur le périnée qui ne peut pas se détendre. De plus la position allongée n’arrange rien. Il faut respecter la physiologie de la femme qui accouche : en suspension, accroupie, à 4 pattes, sur le côté… Mais les gynécologues et les sages-femmes restent attachés à la position sur le dos car ils n’ont pas appris autrement : il s’agit donc de les former autrement. Les mentalités évoluent doucement en France, depuis que j’ai commencé à parler du sujet dans la presse en 1978. Les choses ont déjà changé concernant la position pendant le travail, mais pas encore assez pendant la poussée et l’expulsion. Preuve de cette évolution, une nouvelle table d'accouchement française, réalisée par Mediprema, va permettre toutes les positions pour toutes les tailles et morphologies, et sans gêner la sécurité obstétricale. Elle comprend une suspension intégrée qui permet d'accoucher accroupie, suspendue sur la table, à hauteur de la sage femme, et même avec péridurale.

Tf : Quel est votre avis sur la rééducation périnéale ?

B. de G. : La France est le seul pays à rembourser cette rééducation après les accouchements à toutes les femmes mais elle arrive trop tard, car 6 semaines après l’accouchement. Or, les suites de couches ont lieu de la table d’accouchement à 6 semaines après, c’est à ce moment qu’il faut protéger le périnée. Car ces femmes qui viennent d’accoucher portent leur bébé, font leurs courses, etc. Elles doivent faire attention à ne pas pousser sur le périnée, et mettre une ceinture abdominale si besoin. De plus, le travail proposé est uniquement musculaire. Il se concentre sur le muscle du périnée. Or, l’utérus peut être descendu et rester bas. Si les organes descendent, il faut les faire remonter par le diaphragme. Cela implique un travail de respiration, de placement du corps et de gestion des efforts. Certes, la rééducation permet de soigner, mais il faut prévenir aussi… On essaie de réparer les dégâts !

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