Les « 343 salauds » qui ont signé le manifeste « Touche pas à ma pute » dans le magazine Causeur ont été « rebaptisés ». Un Tumblr intitulé sobrement « 343 connards » vient de voir le jour pour permettre aux internautes de se défouler contre les plus médiatiques des signataires du texte controversé. Chaque photo est ainsi connectée à Twitter ; il suffit de cliquer pour « tweeter un mot doux » au « connard » de votre choix. Le hashtag de l’opération, qui remporte déjà du succès sur Twitter : #343connards.
Hostile à la sanction des clients prévue dans la proposition de loi, cette tribune, publiée dans l’édition de novembre mais déjà mise en ligne sur le site du magazine, a en effet provoqué un tollé médiatique. Les détracteurs de la pétition s’insurgent en particulier contre le parallèle établi par les signataires du texte avec le « Manifeste des 343 », paru en 1971 dans Le Nouvel Observateur, qui avait pour but de réaffirmer la liberté des femmes à disposer de leur corps en défendant l’interruption volontaire de grossesse.
« Les 343 salopes demandaient à disposer de leur corps, les 343 salauds demandent à disposer du corps des autres », a condamné la porte-parole du gouvernement et ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem. « Honte aux 343 Lapins-Crétins du lamentable manifeste », a déclaré pour sa part Anne-Yvonne Le Dain, députée PS de l'Hérault, dénonçant sur sa page Facebook « l'amalgame fait avec le Manifeste des 343 salopes ». Le mouvement du Nid, qui milite pour l’abolition de la prostitution, a également dénoncé « l’indécence » des comparaisons établies par les signataires du texte. La présidente de l'association Osez le Féminisme, Anne-Cécile Mailfert, dénonce, elle, « 343 mâles dominants qui veulent défendre leur position et continuer de disposer du corps des femmes par l'argent ». Enfin l'association SOS Racisme s'est émue du « détournement désolant » de son slogan «Touche pas à mon pote ».
La polémique suscitée par le manifeste a déjà conduit certains de ses signataires à se dédire. Ainsi l'humoriste Nicolas Bedos, un des premiers à apposer son nom en bas de ce texte, a affirmé « regretter » de s'être associé à l'initiative. Il s'est également dit « embarrassé par le voisinage » d'autres signataires qui « ne sont pas tous mes camarades de lutte ». Nicolas Bedos reconnaît par ailleurs que la comparaison avec les « 343 salopes » est « indécente » et «un peu inconséquente » même si pour lui « vouloir abolir la prostitution c'est aussi con que de vouloir abolir la pluie ».
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