Alain Finkielkraut: François Hollande peut-il empêcher son intronisation à l’Académie Française ?

Publié le Samedi 12 Avril 2014
Alain Finkielkraut: François Hollande peut-il empêcher son intronisation à l’Académie Française ?
Alain Finkielkraut: François Hollande peut-il empêcher son intronisation à l’Académie Française ?
Dans cette photo : François Hollande
Alain Finkielkraut a été élu à l’Académie Française jeudi 10 avril par 16 voix su 28. Suite au torrent de réactions que sa nomination a suscité, nous nous sommes demandé si le Président de la République - qui est statutairement « protecteur » de l’institution - pouvait s’opposer à l’intronisation du philosophe comme académicien.
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Alain Finkielkraut va-t-il pouvoir s’asseoir sur le fauteuil numéro 21 laissé vacant par la disparition de Félicien Marceau, en mars 2012 ? Pour l’heure, la chose semble bien engagée, puisque l’aspirant académicien a été élu - au terme d’un intense bras de fer en coulisses, rappelle BFMTV - par 16 voix sur 28. Le philosophe cathodique clive - en raison de ses prises de position très politiques et polémiques sur des sujets tels que l’identité nationale, l’immigration, ou encore les civilisations qui ne seraient pas « égales », entre autres exemples.

Le président de la République peut-il ne jamais donner audience à Alain Finkielkraut ?

Le processus d’entrée à l’Académie Française est une machine bien huilée depuis 1635. Lorsque l’un de ses membres décède, il est possible de déposer un dossier de candidature (c’est ce qu’a fait Alain Finkielkraut). Les Académiciens peuvent aussi proposer eux-mêmes des candidats - dans tous les cas, l'aspirant ne peut avoir plus de 75 ans (jusqu'ici tout va bien). Son dossier est ensuite soumis à un vote des académiciens - l’étape la plus décisive de tout le processus, qu'Alain Finkielkraut a passé finalement sans trop d'encombres.

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Mais bien avant de devenir académicien, le candidat doit encore être reçu par le Président de la République, qui, par cet acte, « approuve » le candidat. C’est là où l’action du président de la République peut être décisive, car il est le « protecteur » de l'institution. Cela étant, sous la cinquième République, aucun chef de l’Etat n’a refusé cet honneur à un aspirant-académicien. De fait, tout au long de l’histoire de l’institution, les sanctions réelles du gouvernement à l'encontre de certains candidats ont été plus disons... tranchées. La pomme de discorde: leur positionnement vis-à-vis de la monarchie. Sanction: l’exil, voire l’exécution. C'est le cas de deux membres: Jean-Sylvain Bailly en 1783, et Aimar-Charles-Marie de Nicolaï en 1788.

Si le Président de la République change cet usage, on imagine que l'Académie devra débattre du sort de la candidature d'Alain Finkielkraut - mais le caractère inédit d'une telle mesure rendrait toute conclusion sur ses effets trop hâtive. Le candidat peut d'ailleurs se saborder tout seul: Il sera très attendu sur son discours de « réception », qui consiste à bien connaître l’oeuvre de son prédécesseur pour en faire l’éloge. Quatorze membres ont failli à cet exercice depuis 1667. L’Académie peut aussi procéder elle même à une exclusion en cas de faute. On compte ainsi douze exclusions de académiciens - le dernier en date étant Charles Maurras en 1945, après qu’il fuit condamné par la haute cour de justice de Lyon à la réclusion à perpétuité et à la dégradation nationale pour son rôle lors de la seconde guerre mondiale.