Yvelines: deux femmes sur le point de s'embrasser sur une affiche, la mairie censure

Publié le Jeudi 29 Mai 2014
Yvelines: deux femmes sur le point de s'embrasser sur une affiche, la mairie censure
Yvelines: deux femmes sur le point de s'embrasser sur une affiche, la mairie censure
À Le Pecq, dans les Yvelines, une affiche montrant deux femmes sur le point de s’embrasser a été censurée et retirée des affichages par la mairie (UMP) mercredi 28 mai, après à peine quelques dizaines de coups de fil. La publicité, intitulée « Double Je », est à mettre au crédit du bijoutier Chaumet. En contrat avec la mairie, le publiciste JC Decaux dit ne pas avoir eu d’autre choix que d’obtempérer.
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« La requête est arrivée de Pecq vendredi, à la suite de plaintes d'habitants. Etant en contrat avec la mairie, nous avons obéi », explique aux journalistes du Parisien un responsable de JC Decaux. Le Parisien précise d’ailleurs que les deux femmes sont une seule et même personne: l’actrice Marine Vacth, révélée dans le film de François Ozon « Jeune et Jolie ». Une trentaine d’appels aura suffi, selon le site de Jean-Marc Morandini pour que la mairie décide de retirer cette affiche.

La mairie de Le Pecq plie après 30 coups de téléphone

Interrogée par France 3 et par Le Parisien, la maire précise: « Je ne fais pas partie de ces maires qui sont contre la loi (du Mariage pour tous, ndlr) […] je pense que le Pacs était une erreur et que les couples homosexuels ont le droit de s’unir comme tous les autres couples à la mairie. Mais je comprends également qu’une partie de la population soit émue par cette loi donc pour le bien-vivre ensemble, pour l’apaisement de la ville, j’ai retiré ces affiches ». Dans le quotidien régional, la maire ajoute que ses administrés lui ont dit qu’ils étaient gênés par le fait que les enfants « soient soumis » à cette image et aussi que « ça les embêtait » de devoir répondre « à des réflexions des enfants à ce sujet ».

Sur le site de Jean-Marc Morandini, Flora Bolter, co-présidente du centre LGBT d’Île-de-France s’insurge: « Il est normal que les enfants posent des questions et c'est important qu'ils sachent que les couples peuvent être différents », estime-t-elle. D’autant que comme le souligne le journaliste Florian Bardou dans Yagg, la sénatrice UDI Chantal Jouanno s’amusait déjà de l’affiche en avril dernier - qui n’a donc rien de nouveau, et dont le propos ne semble de toute façon pas évoquer l’homosexualité, mais le narcissisme. Ce fait divers montre aussi qu’une mairie peut parfois considérer qu'une poignée de personnes qui passent des coups de téléphone, valent davantage que les milliers d'autres à qui la chose ne fait ni chaud ni froid... et prend le risque d'employer une méthode des plus choquantes, dans une démocratie: la censure.