Microcrédit : il faut sauver la Grameen Bank

Publié le Jeudi 22 Novembre 2012
Microcrédit : il faut sauver la Grameen Bank
Microcrédit : il faut sauver la Grameen Bank
Inventeur du microcrédit et de l'entrepreneuriat social, le professeur Yunus a créé en 1979 la Grameen Bank au Bangladesh. Aujourd'hui, cette institution, dont les usagers sont des femmes à 95%, est en danger. La députée européenne Sophie Auconie appelle à une mobilisation massive pour empêcher une récupération politique du projet.
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La Grameen Bank a aidé des milliers de femmes du Bangladesh à sortir d'une extrême pauvreté. Porteur d'un nouveau modèle de développement socio-économique, le Pr. Yunus, fondateur de la Grameen Bank, a obtenu en 2006 le prix Nobel de la paix en raison de son rôle pionnier dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion financière. J'ai rencontré à plusieurs reprises Muhamad Yunus : je sais son sens de l'engagement, je sais son souci de voir ces hommes et surtout ces femmes retrouver la dignité par l'emploi - souvent la création de leur propre emploi. Alors pour soutenir son action, j'ai appelé, en partenariat avec Pervenche Bérès, nos collègues députées européennes à se mobiliser pour protéger son indépendance et sa mission sociale auprès des femmes du Bangladesh, en signant une lettre de soutien adressée au gouvernement du pays.

« 95% des emprunteurs de la Grameen Bank sont des femmes »

La Grameen Bank (« banque des villages ») est présente dans 50 000 villages et compte 8,3 millions d’emprunteurs, dont plus de 95% sont des femmes. Depuis la démission forcée du Pr. Yunus en mai 2011, en raison de son âge, le poste de directeur général de la Grameen Bank est resté vacant. Par une ordonnance du mois d’août, Sheikh Hasina, Premier ministre du Bangladesh, cherche à mettre la main sur la direction de la banque en modifiant le mode de désignation de son directeur général.

En application des statuts de la banque, il appartient au Conseil d’administration de constituer un comité de sélection de candidats et finalement de choisir le directeur général. Or, le Conseil d’administration de la banque compte douze membres, dont neuf sont des femmes élues démocratiquement par la base, et trois, y compris le Président du Conseil, sont nommés par l’État. La volonté des femmes qui siègent au Conseil est que le comité de sélection soit présidé par Muhamad Yunus, de façon à garantir que son successeur soit fidèle à la mission sociale de la Grameen Bank et respectueux de son mode de gouvernance, indépendant du gouvernement et exempt de toute corruption.

Toutefois, la Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a cherché, y compris par l’intimidation, à imposer un candidat proche de son parti. Faute de pouvoir circonvenir les administratrices de la banque, elle a décidé de passer en force en modifiant par une ordonnance promulguée en août les règles de gouvernance de l’institution. Elle considère la Grameen Bank comme faisant partie du secteur public, bien que l’État ne détienne que 3% de son capital (97% appartiennent aux femmes emprunteuses).

Je me suis engagée auprès du Pr. Yunus pour que l’Union européenne, son Parlement et ses députées en particulier, se mobilisent.

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