Défaite de Nicolas Sarkozy : la droite face à elle-même

Publié le Lundi 07 Mai 2012
Défaite de Nicolas Sarkozy : la droite face à elle-même
Défaite de Nicolas Sarkozy : la droite face à elle-même
Dans cette photo : Nicolas Sarkozy
Avec 48,33% des voix contre 51,67%, Nicolas Sarkozy s’est incliné face à François Hollande hier soir. Le président sortant a fait des adieux ambigus à ses lieutenants, qui ont réagi avec loyauté et gratitude à la défaite. Il s’agit dès aujourd’hui de travailler à l’unité du parti derrière Jean-François Copé pour les législatives, malgré les divisions mises à jour pendant la campagne.
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Juste avant d’aller dire « au revoir » à ses supporters à la Maison de la mutualité, un peu avant 20h dimanche soir, Nicolas Sarkozy s’est adressé aux ténors de l’UMP à l’Élysée. Le candidat de la droite a assumé la totalité de son échec. « J'étais le chef », a-t-il dit, « et quand il y a une défaite, c'est le numéro 1 qui en porte l'entière responsabilité ». « Ne vous divisez pas, restez unis. Il faut gagner la bataille des législatives. Elle est gagnable. Le score est honorable », leur aurait-il dit, avant d’ajouter qu’il « ne mènerait pas cette campagne ». François Fillon, Alain Juppé, Jean-François Copé, Xavier Bertrand, Rachida Dati et son épouse Carla Bruni-Sarkozy l’ont écouté répéter ce discours « d’adieux » à la vie politique : « Je deviens un citoyen parmi vous », tout en laissant entendre qu’il serait toujours parmi les Français : « mon engagement dans la vie de mon pays sera désormais différent ».

Jean-Louis Borloo regrette
« Rester unis », malgré les dissonances qui se sont affirmées pendant la campagne, et notamment dans l’entre-deux tours, ne sera pas une mince affaire. Le discours du candidat sur les « frontières », l'immigration et l'identité nationale et la drague des électeurs de Marine Le Pen ont gêné l'aile modérée de l'UMP. Dans un communiqué publié hier soir, Jean-Louis Borloo, le président du parti radical a regretté que Nicolas Sarkozy n’ait pas pris le « virage social » qu’il préconisait face à la crise : « la réalité de cette crise nécessitait, il y a maintenant plus de deux ans, un véritable virage social de l'action gouvernementale. Chacun sait que cela n'a pas été le cas ».

Mais avant d’aborder les sujets délicats, la plupart des piliers de l’UMP ont salué le courage et la détermination de Nicolas Sarkozy dans la campagne : « Nicolas Sarkozy a fait une magnifique campagne », a déclaré Alain Juppé, pour qui « le tsunami anti-Sarkozy n'a pas eu lieu ».

NKM espère
Porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet a formulé des vœux pour les prochaines législatives (les 10 et 17 juin 2012) à savoir « une majorité la plus large possible pour l'UMP», « Je rêve d'un rééquilibrage à l'occasion des législatives. Ce serait inédit en France que tous les pouvoirs soient aux mains d'un seul parti, en l'occurrence les socialistes », et de s’inquiéter de la mainmise socialiste sur le Sénat, « la plupart des régions, un très grand nombre de départements », et « beaucoup de grandes villes ». Pour NKM, la succession de Nicolas Sarkozy ne doit pas faire débat : « Jean-François Copé est secrétaire général de l'UMP, cela n'est contesté par personne », ajoutant que la campagne pour les législatives était une campagne collective « conduite par 577 candidats ». Dans la même lignée, Christian Estrosi a averti : « Personne ne doit remettre en cause la légitimité de Jean-François Copé ».

Trop de sécurité et d’immigration
Pour Laurent Wauquiez, le ministre de l'Enseignement supérieur, le parti ne s’en sortira pas sans une « reconstruction en profondeur », regrettant lui aussi que la droite n'ait pas su répondre aux inquiétudes des classes moyennes pendant la campagne et le quinquennat de Nicolas Sarkozy.  « Le piège de l'analyse serait de se dire : ‘nous avons eu des convictions trop fortes’. Je ne crois pas à cela. Par contre, ce que je crois, c'est que nous n'aurions pas dû seulement parler sécurité et immigration mais parler de tout le spectre. Mon sentiment, c'est que notre défaite n'est pas liée au fait d'avoir trop assumé nos convictions mais de ne pas avoir suffisamment assumé tout le spectre de nos convictions. Je pense que l'on n'a pas suffisamment parlé des classes moyennes. »

Le ministre du Travail Xavier Bertrand a voulu relativiser le score réalisé par François Hollande : « ce n’est pas aussi simple de dire qu'elle [la France] est à gauche », a-t-il martelé, avant de souligner que cette victoire n’était pas un « chèque en blanc » pour Hollande. Il a promis qu’une équipe unie se mettrait en place pour les législatives : « L'unité de notre famille politique est quelque chose d'essentiel. Pour conduire cette campagne (des législatives), il faut qu'il y ait une équipe, un collectif qui se mettent en place ».

Hommages
Le Premier ministre François Fillon a brièvement félicité François Hollande pour sa victoire : « François Hollande sera notre président de la République. Je lui adresse mes vœux de réussite dans l'exercice de son mandat au service de la France toute entière », a-t-il déclaré, avant de rendre hommage au chef de la droite sortant : « l'Histoire lui rendra justice pour les réformes accomplies et la manière dont il a affronté la crise ».

Sur Canal+, Rachida Dati a elle aussi confirmé l’ordre de marche derrière Jean-François Copé pour les législatives : « Il y a un secrétaire général, il n'y a pas de problème de légitimité. Jean-François Copé est le secrétaire général de l'UMP, nous sommes des légitimistes, donc Jean-François Copé va mener, dans le cadre de l'UMP, cette campagne législative ». Elle a par ailleurs jugé la défaite de Nicolas Sarkozy « pas aussi flagrante que ça » et un score final honorable. « L'histoire rendra hommage à Nicolas Sarkozy sur les réformes importantes qu'il a menées, je suis sûre que les socialistes ne pourront pas revenir sur les réformes importantes qui ont fait rentrer la France dans le XXIe siècle », a-t-elle ajouté.

Source : AFP

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