Nigeria : violences contre les Chrétiens, « pires que la guerre civile »

Publié le Lundi 09 Janvier 2012
Les responsables des chrétiens du Nigeria craignent la multiplication des violences dans le nord musulman du pays. Depuis les attentats antichrétiens qui ont fait 49 morts le soir de Noël, 80 personnes ont été tuées. Le président nigérian Goodluck Jonathan dénonce des complicités entre l'appareil d'Etat et le groupe islamiste Boko Haram.
À lire aussi


Le pays le plus peuplé d'Afrique (160 millions d’habitants) est-il à l’aube d’une sanglante guerre religieuse ? C’est ce que craignent les responsables des chrétiens du Nigeria, cibles d’attaques dans le nord du pays depuis la fin du mois de décembre dernier. Lors des célébrations de Noël, des attentats avaient fait au moins 49 morts, et depuis, six nouvelles attaques ont fait plus de 80 tués. La plupart de ces raids ont été revendiqués par Boko Haram, mouvement islamiste qui veut imposer la charia (loi islamique) dans l’ensemble du pays.
Le Nigeria est composé d’autant de musulmans (surtout dans les provinces du Nord), que de chrétiens (majoritaires dans le Sud). Mercredi dernier, prenait fin l’ultimatum des islamistes adressé aux chrétiens pour qu’ils quittent le nord du pays. Attentats et affrontements se sont multipliés. La dernière attaque en date a eu lieu samedi soir à Biu dans l’Etat de Borno (Nord-Est) : trois chrétiens ont été assassinés alors qu’ils jouaient au poker près d’une église.
Pour les responsables de la communauté chrétienne, ces violences doivent être regardées comme un « nettoyage ethnique et religieux systématique » pouvant conduire à une guerre civile aussi meurtrière que dans la guerre sécessionniste du Biafra (1967-1970) qui a fait plus d'un million de morts.

Le président Jonathan lève le ton
Le président Goodluck Jonathan, chrétien du Sud élu en 2010 suite au décès prématuré du président musulman Umaru Yar'Adua, s’est exprimé dimanche pour dénoncer les complicités dont dispose le groupe Boko Haram dans l’ensemble de l’appareil d’Etat : « Certains soutiens et sympathisants de Boko Haram sont dans l'appareil d'Etat, certains font partie du parlement, d'autres encore agissent au sein du système judiciaire », a-t-il affirmé lors d'une cérémonie religieuse, « d'autres encore sont au sein des forces armées, de la police et des services de sécurité », a-t-il ajouté.
Inquiet, le président Jonathan brandit lui aussi le spectre de la guerre civile, « la situation à laquelle nous avons à faire face est pire que la guerre des années 60. (…) Durant la guerre civile, nous pouvions savoir et même prévoir d'où venait l'ennemi. Mais le défi auquel nous sommes confrontés aujourd'hui est plus compliqué », a-t-il expliqué.

Ces violences religieuses viennent s’ajouter à un contexte social difficile dû à la décision du gouvernement de supprimer les subventions sur les prix des carburants. Depuis le 1er janvier les prix à la pompe ont ainsi été multipliés par deux, et une grève générale illimitée devait commencer ce matin. Les grands axes routiers aux abords de la capitale Abuja étaient déjà bloqués dimanche soir.

(Source : AFP)
Crédit photo : AFP/Archives/Le président nigérian Goodluck Jonathan (D) en visite le 31 décembre 2011 à Madalla après un attentat contre l'église catholique Sainte-Thérèse

VOIR AUSSI

Nigeria : une vague d'attentats contre les églises fait 40 morts
Al-Qaida en manque d'argent : le début de la déroute ?
Réquisition du procureur : la peine de mort pour Hosni Moubarak
Pakistan : la confusion règne sur l'état de santé d'Asia Bibi