France-Tunisie : de nouvelles relations démocratiques à installer

Publié le Mercredi 18 Juillet 2012
Le nouveau président tunisien Moncef Marzouki est en visite officielle en France pendant trois jours. L'occasion pour la France et la Tunisie de mettre en place de nouveaux accords après la chute de Ben Ali, et d'affirmer leurs visions communes de la liberté et de la démocratie.
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François Hollande pose les jalons des nouvelles relations franco-tunisiennes à l’occasion de la première visite du nouveau président, Moncef Marzouki. Historiquement, Paris a toujours entretenu d’excellents rapports avec Tunis, que ce soit avec Bourguiba ou Ben Ali. A la chute de ce dernier, la position française est restée floue quelques jours avant que Nicolas Sarkozy ne condamne l’utilisation de la violence contre les manifestants révolutionnaires. Les deux nouveaux chefs d’Etat sont prêts à gommer cette page de leur histoire commune : « La Tunisie est en train de s'émanciper (...) elle a des chances de vrai développement économique, mais par-delà tous ces acquis, la Tunisie a retrouvé sa fierté et sa dignité », a déclaré Moncef Marzouki qui doit aussi s’exprimer ce mercredi devant l’Assemblée nationale française.

Outre ces trois jours de réception officielle, François Hollande souhaite construire une relation sur le long terme, assurant qu’il faut maintenant « assurer le temps de la transition. C'est ce que vous êtes en train de traverser et la France doit être à vos côtés ». Le président français a évoqué l’échec de l’Union pour la Méditerranée, qui s’était construite à l’aube des révolutions arabes et ne prenait pas en compte la nouvelle donne géopolitique de la Tunisie, la Libye ou même de la Syrie. Le projet est actuellement en sommeil, mais François Hollande compte bien le réactiver avec les nouveaux régimes démocratiques : « Faisons simple, pratique et essayons d'accélérer la marche. (...) Nous pensons que c'est la bonne manière de faire : commencer modestement mais commencer avec des projets concrets ». Pour lancer cette nouvelle vague, le président français a évoqué une réunion du groupe 5+5 (Algérie, Libye, Maroc, Tunisie, Mauritanie, Espagne, France, Italie, Malte et Portugal) à Malte début octobre.

Enfin, s’agissant de la guerre civile qui sévit en Syrie, les deux chefs d’Etat sont tombés d’accord sur les sanctions nécessaires à l’encontre de Bachar al-Assad. Des sanctions que Russes et Iraniens doivent absolument accepter pour sortir du conflit. Tunis espère également récupérer les avoirs tunisiens que l’ancien dictateur a mis à l’ombre dans différents pays. Moncef Marzouki appelle son prédécesseur à rendre la totalité de l’argent qu’il a confisqué à l’état tunisien et souhaite qu’il rentre dans son pays où il aura « un procès équitable ». Un jugement nécessaire également pour François Hollande, qui enjoint « tous les dictateurs qui ont commis des actes sanguinaires » à être jugés par la Cour pénale internationale (CPI), comme c’est le cas pour Ben Ali, réfugié en Arabie Saoudite depuis janvier 2011.

Laure Gamaury

(Source : AFP)
Crédit photo : AFP

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