Pussy Riot : leur camp pénitentiaire, héritage du Goulag

Publié le Mardi 23 Octobre 2012
Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova vont devoir se plier aux règles strictes de leur camp de travail, situé dans l'Oural, à plus d'une centaine de kilomètres de Moscou. Si Staline est bien loin, ce centre pénitentiaire a gardé l'esprit des goulags de l'ex-URSS.
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Condamnées à deux ans d’emprisonnement, les deux membres des Pussy Riot arriveront d’ici deux semaines dans un camp de travail pour femmes. Si les goulags ont disparu, le concept reste le même : isoler et briser les prisonnières par le travail acharné. Dans ce genre d’endroit, quelques règles : « Ne fais confiance à personne, ne crains rien et ne pardonne jamais », explique à Sipa-AP l’avocate Svetlana Bakhmina, qui a passé trois années dans une prison pour femmes russe. « Vous vous trouvez dans une zone de non-droit. Personne ne vous aide. Vous devez faire attention à tout ce que vous dites et vous devez vous efforcer de rester un être humain », ajoute-t-elle. Le ministre de la Justice russe avait lui-même qualifié les prisons russes d’« archaïques » ; il est vrai que les méthodes d’isolement et le travail forcé remontent à l’époque des Tsars.

A l’intérieur de ces prisons isolées, les femmes vivent dans des baraquements, à 30 ou 40 personnes par dortoir. Réveillées à l’aube, elles doivent effectuer des exercices physiques, peu importe si les températures locales descendent parfois à -30°C. Après le petit-déjeuner, les prisonnières passent entre 7 et 8 heures derrière une machine à coudre pour confectionner des uniformes, pour 7 euros par jour. Elles ont droit à 12 jours de visites conjugales par an, et à deux semaines de « vacances » en cas de bonne conduite.

Selon Svetlana Bakhmina, les gardiens empêchent les prisonniers d’avoir du temps libre en les obligeant à participer à des activités culturelles ou à des cours. « S’ennuyer est un luxe dans ce type d’établissement pénitentiaire », indique-t-elle. « Ces camps sont éprouvants pour les femmes », précise Vitali Borchtchiov, dirigeant de la Commission de surveillance publique. « Lorsque vous avez un tel nombre de femmes réunies dans un si petit espace, il y a forcément des tensions et des conflits qui surgissent. Vous pouvez être battue, subir des humiliations à caractère sexuel, surtout si vous êtes une jeune femme. »

Salima Bahia

Crédit photo : AFP

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