États-Unis : la contraception confiée au bon vouloir des patrons

Publié le Mercredi 05 Décembre 2012
États-Unis : la contraception confiée au bon vouloir des patrons
États-Unis : la contraception confiée au bon vouloir des patrons
Dans cette photo : Barack Obama
L'une des dispositions de la réforme du système de santé américain oblige les employeurs à fournir une assurance-santé à leurs salariés couvrant la contraception et l'avortement. Parmi ces employeurs, des chefs d'entreprise catholiques et des directeurs d'institution religieuse, fermement opposés au remboursement des méthodes contraceptives. Ou comment une réforme pour les droits des femmes finit par se retourner contre elles.
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63% des Américains pensent, comme Barack Obama, que les entreprises doivent assurer la couverture des frais de santé liés à la contraception, d'après une étude de l'institut Life Way Research diffusée en début de semaine et publiée par le Huffington Post américain. Et ce, même si cela entre en conflit avec les convictions religieuses ou éthiques de l'employeur. Cette disposition, qui fait partie de la réforme de santé américaine votée en juin dernier, est loin de faire l'unanimité dans les milieux catholiques, qui s'insurgent contre une atteinte à leur liberté de conscience. Bien que le mandat fédéral prévoit d'exempter de cette obligation certaines institutions religieuses, le mouvement de grogne ne faiblit pas depuis que cette disposition a été annoncée en février dernier. Ainsi, des dizaines d'actions en justice ont été intentées contre l'administration par des évêques, des chefs d'entreprises catholiques et des employeurs d'écoles et d'hôpitaux gérés par l'Église catholique, dans le but de bloquer l'application de cette mesure.

Une réforme qui se mord la queue

Dans cette débâcle, les femmes se retrouvent perdantes. La réforme censée garantir une assurance-santé pour tous les salariés les soumet au bon vouloir idéologique et religieux de leur employeur en matière de remboursement de leur contraception. La loi prévoit en effet d'autoriser l'employeur à retirer de l'assurance de ses employés toute couverture de soin ou procédure auxquels il serait personnellement opposé. Dans ce cas, le coût des soins en question serait reporté sur une compagnie d'assurance privée. En d'autres termes, la couverture de l'assurance maladie se retrouve soumise à l'éthique et à l'idéologie personnelle d'un chef d'entreprise, et les femmes obligées de composer avec les croyances de leur patron, pour formuler des choix qui ne concernent que leur propre santé et leurs propres convictions. 

Cette faille malheureuse dans la réforme Obama n'a pas fini de faire débat. Le 12 novembre, les évêques catholiques américains réunis à Baltimore promettaient de ne rien lâcher et de se battre pour éliminer l'obligation de souscrire une assurance santé couvrant la contraception et l'avortement. Deux jours plus tard, un rapport du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) reconnaissait l'accès à la contraception comme un « droit fondamental ».

Crédit photo : AFP

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