Jihad sexuel : une invention du régime syrien pour affaiblir ses opposants ?

Publié le Mardi 01 Octobre 2013
Jihad sexuel : une invention du régime syrien pour affaiblir ses opposants ?
Jihad sexuel : une invention du régime syrien pour affaiblir ses opposants ?
Alors que depuis l'été l'existence d'un jihad sexuel en Syrie révolte les organisations politiques et l'opinion internationale, les opposants au régime de Bachar al-Assad démentent l'existence de telles pratiques. Pour décrédibiliser ses opposants armés, le régime syrien aurait monté de toutes pièces le scénario des femmes enrôlées pour satisfaire sexuellement les djihadistes.
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Comment le régime syrien est-il parvenu à faire croire à l’existence d’un jihad sexuel en Syrie. lemonde.fr dévoile la supercherie dans un billet de blog détaillé. Le « nouveau concept » de jihad sexuel aurait été inventé par la propagande du régime syrien pour « heurter et paralyser les opinions publiques occidentales ». D’après ce concept, appelé jihad al-nikah, et soi-disant reconnu par des dignitaires salafistes comme une forme de guerre sainte, des jeunes femmes peuvent être mariées temporairement à des combattants de l’islam pour assouvir leurs besoins sexuels lorsqu’ils sont éloignés de leur famille. Ces épouses de circonstance devaient être veuves ou répudiées et volontaires pour participer au jihad sexuel. Elles pouvaient ensuite se réclamer du statut de moudjahidât, et étaient promises au Paradis… 

Un tweet et une fausse fatwa

Pour faire parler de ce concept, le compte Twitter d’un cheikh saoudien aurait été piraté. Mohammed al-Arifi, suivi par 3 millions de twittos et connu pour ses prises de position intégristes, notamment vis-à-vis des femmes, a démenti le message publié à son compte. Dans un tweet de 180 caractères, on lui attribuait une fatwa (avis juridique sur la loi islamique) qui prônait le concept nouveau de « jihad sexuel ». Le cheikh, forcé de s’expliquer à la télévision, a nié l’existence d’une telle loi dans l’islam.

Mais le mal était fait, et le ministre tunisien de l’Intérieur s’est chargé d’accréditer la thèse du jihad sexuel, en annonçant la semaine dernière que des Tunisiennes avaient été enrôlées pour assouvir les besoins sexuels des combattants de l’armée syrienne opposée à Bachar al-Assad. Mais aucune preuve, ni aucun des témoignages diffusés par la télévision officielle syrienne n’ont pu être vérifiés, et certaines mises en scène de prétendues victimes ont même été découvertes.

Un communiqué des combattants anti al-Assad, l’Armée syrienne libre et la Coalition nationale syrienne, dément formellement l’existence du djihad al-nikah dans l’islam. « Le "djihad sexuel" est une notion inexistante et sans aucun fondement. Des propos ont été faussement attribués à un savant mais il n’existe aucune preuve, et l’intéressé a nié avoir tenu de telles paroles […] Dans sa volonté continue de donner de la consistance aux mensonges qu’il invente lui-même, le régime syrien a forcé une fillette de 16 ans à "confesser" qu’elle s’adonnait au "djihad sexuel" malgré elle et qu’elle fut violée par son propre père. Les confessions ont été filmées dans des conditions que l’on imagine aisément, et diffusées sur une des deux chaînes nationales. »

Dans la guerre de la communication, le pouvoir en place dispose effectivement de moyens largement supérieurs pour tromper et émouvoir l’opinion internationale. Sujet de choix pour élaborer une propagande mensongère, la cause des femmes de la région souffrira certainement bientôt de cette mauvaise publicité.

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