Société
GPA : l'Inde ouvre sa première "usine à bébés"
Publié le 13 octobre 2013 à 09:00
Par Charlotte Arce | Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
À Anand, dans la province du Gurujat en Inde, une clinique spécialisée dans la gestation pour autrui vient de voir le jour. Surfant sur le succès des mères porteuses, autorisées dans le pays depuis 2002, le Dr Nayna Patel a conçu cette « usine à bébés » pour répondre aux besoins des occidentaux en mal d'enfant. Quitte à éluder les problèmes éthiques que suscite son juteux business.
GPA : l'Inde ouvre sa première "usine à bébés" GPA : l'Inde ouvre sa première "usine à bébés"© iStock
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Autorisée depuis 2002, la gestation pour autrui est devenue en Inde un marché aussi lucratif que florissant. Chaque année, des milliers de couples occidentaux ne parvenant pas à concevoir s'envolent vers l'Inde dans l'espoir de trouver une mère porteuse en l'échange d'une compensation financière de 28 000 dollars.

Pour mieux contrôler, mais aussi exploiter toutes les « ressources » de ce marché des mères porteuses, estimé à un milliard de dollars par an dans le pays, le Dr Nayna Patel, spécialiste de la fécondation in vitro, a décidé de créer une clinique dédiée à la gestation pour autrui. Établie à Anand, dans le nord-est de l'Inde, l'usine à bébés du Dr Patel abrite des centaines de mères porteuses. D'après la BBC, 500 bébés ont vu le jour depuis la création de l'établissement.

8 000 dollars pour les mères porteuses

Et le marché des mères porteuses en Inde n'est pas près de décroître. Dans un pays où un tiers de la population vit avec moins de 0,6 dollar par jour, porter l'enfant d'un autre laisse espérer aux mères porteuses un avenir meilleur, grâce aux 8 000 dollars qui leurs sont versés pour chaque naissance. La « compensation financière » s'élève à 10 000 dollars si elles portent des jumeaux. En cas de fausse couche lors des trois premiers mois de grossesse, elles ne touchent en revanche que 600 dollars.

Alors qu'en France, le débat sociétal sur la légalisation ou non de la gestation pour autrui est loin d'être terminé, le Dr Patel, pour sa part, ne s'embarrasse pas de ces questions d'éthique. La BBC rapporte que la clinique abrite jusqu'à 10 mères porteuses par chambres. Celles-ci sont nourries et logées mais sont aussi soumises à des règles de vie très strictes et « en cas de complications » ou de mise en danger de la vie de la mère porteuse, ni le médecin, ni l'hôpital ne pourront être tenus responsables. Enfin, note la BBC, la clinique ne délivre pas de certificat de naissance aux parents adoptifs. Impossible donc pour eux, de connaître l'identité de la mère, et encore moins d'espérer entrer en contact avec elle.


« Une exploitation des femmes défavorisées »

Le Dr Patel se défend pourtant de toute exploitation de ces mères porteuses à des fins mercantiles. « Il y a beaucoup d'allégations selon lesquelles la clinique ne serait qu'une entreprise, une usine à bébés. Toutes ces expressions ne sont destinées qu'à nous faire du mal », explique-t-elle, soulignant qu'elle ne fait qu'aider les femmes dans le besoin en Inde. « Ces femmes réalisent un travail physique et sont rémunérées pour cela. Elles savent qu'on n'obtient rien sans peine. Font-elles quelque chose de mal ? Ont-elles tué quelqu'un ? […] Commettent-elles un acte immoral ? Non. Que font-elles ? Elles font une bonne action en offrant un bébé à quelqu'un. »

L'association pour le droit des femmes All India Democratic Women's ne partage pas son avis. Pour sa secrétaire générale Sudha Sundararaman, le manque de législation autour de la gestation pour autrui favorise l'exploitation des femmes défavorisées. Interrogée par L'Express en janvier dernier, elle estime que « la question principale porte sur la pratique même de la gestation pour autrui dans un pays où les femmes n'ont pas de ressources financières […] Notre inquiétude concerne ces femmes qui doivent utiliser leurs corps pour subvenir à leurs besoins ».

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