Femen ouvre un QG en Turquie : un échec annoncé ?

Publié le Mardi 05 Novembre 2013
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Femen ouvre un QG en Turquie : un échec annoncé ?
Femen ouvre un QG en Turquie : un échec annoncé ?
Le 25 octobre dernier, les Femen ont officialisé leur arrivée en Turquie en annonçant sur les réseaux sociaux l'ouverture d'un QG à Istanbul. Si les militantes de Femen-Türkiye ont d'emblée affiché leur solidarité avec le mouvement contestataire mené par les étudiants de l'Université technique du Moyen Orient, la tâche des sextrémistes aux seins nus dans un pays musulman où la nudité est prohibée s'avère difficile.
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La Turquie sera-t-elle le pays où aura le pays où aura lieu le renouveau des Femen ? Le 25 octobre dernier, les activistes féministes ont officiellement annoncé sur Facebook et Twitter la création de leur branche en Turquie et l'ouverture d'un QG à Istanbul.

Des féministes athées dans un pays musulman

À l'heure où le mouvement controversé est en perte de vitesse en France, l'arrivée des sexactivistes en terre turque est-elle signe de renaissance ? Pas sûr. Déjà, le 8 mars 2012, des Femen ukrainiennes avaient mené une action à Istanbul pour protester contre les violences conjugales, avant d'être interpellées par les autorités. Le 5 juillet dernier, c'était au tour d'une militante de manifester seins nus à l'aéroport Sabiha Gökçen, qui se situe dans la partie asiatique d'Istanbul, pour soutenir le mouvement protestataire Gezi. Mais si le mouvement féministe a, à ses débuts, suscité de la curiosité en Turquie, les sextrémistes risquent aujourd'hui de se retrouver isolées dans un pays à majorité musulmane, où de nombreuses femmes portent le voile. Comment en effet réussir à obtenir le soutien de la population turque alors que cette dernière considère la nudité des militantes comme taboue et outrageuse ?

Pour Courrier International, qui relate l'arrivée des féministes en Turquie, ce n'est pas tant la sphère politique qui risque de s'opposer aux Femen, mais le peuple turc lui-même, dans sa majorité opposé à leurs revendications et à leurs modes d'action où la nudité est de mise. « Au printemps 2013 déjà, la journaliste de Courrier International Yasmine Nagaty, analysait que « le recours des Femen au nu comme uniforme, de la même façon que le port contraint du voile dans de nombreux pays musulmans, nuit à la cause de la libération des femmes ».

À cela s'ajoute les soupçons d'islamophobie qui pèsent sur le mouvement qui, à plusieurs reprises, a pris pour cible des institutions ou des édifices religieux. Ce sont d'ailleurs ces actions coups de poings qui ont motivé le départ de la militante tunisienne Amina Sboui du mouvement en août.

« Se fondre dans la paysage turc » pour être acceptées

Quelle sera alors la ligne directrice que devront suivre les Femen-Türkiye pour réussir leur implantation dans le pays ? Pour Barin Kayaoglu, journaliste à Courrier International, les sextrémistes devront remiser au placard leurs modes d'action éprouvés et s'acclimater aux mœurs turques : exit donc, la nudité et l'attaque frontale contre les signes d'autorité religieuse. « Pour peu qu'elles choisissent soigneusement leurs combats et s'en tiennent à des méthodes plus adaptées à la société turque, alors les Femen auront une chance d'avancer dans leur combat de longue haleine contre l'oppression des femmes en Turquie », juge-t-il.

Signe qu'elles sont sûrement parvenues à la même conclusion, les membres de Femen-Türkiye se sont, dès leur arrivée officielle dans le pays, ralliées aux étudiants de l'Université technique du Moyen Orient (ODTÜ), qui protestent contre l'arrachage de 3 000 arbres par la municipalité AKP d'Ankara pendant les vacances de l'Eid el-Kebir et arboré sur leurs poitrines nues le sigle de l'ODTÜ.

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