Et le féminisme à la "British"?

Publié le Mercredi 30 Septembre 2009
Et le féminisme à la "British"?
Et le féminisme à la "British"?
En Grande-Bretagne, le mouvement féministe, après avoir remporté un franc succès populaire, tombe peu à peu aux oubliettes. Notre correspondante à Londres, Véronique Forge, a interviewé Christina Scharff, une chercheuse à la London School of Economics qui vient de publier une thèse sur le sujet.
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Comment le féminisme est-il perçu par les jeunes générations ?

CS : Les jeunes générations de femmes voient le féminisme comme un mouvement social d’importance qui a engendré de profonds changements politiques mais également comme un positionnement politique extrémiste associé à la détestation de l’homme et à un type de femme qui ne se comporte pas de manière féminine à la fois dans ses actes et dans la façon de s’habiller. Ces stéréotypes sont cependant historiquement infondés. Les jeunes femmes sont cependant tout à fait en accord avec le principe d’égalité entre hommes et femmes mais se distancient de la dimension, selon elles, « extrême » du mouvement féministe.


On peut évidemment faire un parallèle entre la façon dont le féminisme est perçu comme un mouvement « extrême » et la façon dont les media représentent les féministes comme des femmes détestant les hommes.


Dès lors, comment la question des femmes émerge-t-elle aujourd’hui ?

CS : Les jeunes générations adoptent généralement une rhétorique individualiste et mettent l’accent sur des solutions individuelles pour aborder les questions de société qui les concernent. Elles considèrent qu’elles peuvent résoudre les inégalités structurelles comme la différence salariale à travers des comportements individuels comme par exemple travailler dur et être volontaire.


Qu’appelle-t-on le post-féminisme ?

CS : Le terme de Post-féminisme est un terme contesté, il peut décrire le mouvement féministe d’après les années 70 ou un type de féminisme revisité. Sur le plan académique, le féminisme est généralement décrit comme un mouvement culturel dans lequel les idées féministes sont prises en compte et simultanément rejetées. En Grande-Bretagne, par exemple, les étudiantes participent à des concours de beauté et rejettent totalement les critiques féministes sur ces mêmes concours arguant que leur participation résulte de leur choix propre. Ces jeunes femmes sont donc tout à fait au courant de la problématique féministe mais la désavouent en se fondant sur ce qu’elles considèrent comme faisant partie de leurs choix individuels.


N.B. : Christina Scharff est « fellow » (associée) de la société de la Pensée Sociale Contemporaine, qui fait partie intégrante du département de Sociologie de la London School of Economics. Elle s’est spécialisée dans les « gender studies » (Etudes des genres), les « cultural studies » ( Etudes des cultures) et la sociologie. Son approche est interdisciplinaire et explore les questions du post-féminisme, du néo-libéralisme.
Christina vient d’achever une thèse de doctorat portant sur la relation des jeunes femmes au féminisme pour laquelle elle a interviewé des femmes entre 18 et 35 ans à Londres, Berlin et Birmingham issues de différents milieux socioculturels et d’orientations sexuelles variées. Toutes ces femmes ont dû expliquer ce que représente le féminisme pour elles. Christina a publié de nombreux articles sur ces sujets et travaille actuellement à la publication d’un ouvrage sur les nouvelles formes de féminités avec Rosalind Gill (à paraître aux Editions Palgrave Macmillan en 2010)
Elle est diplômée de l’Université de York (GB) et Berkeley (California) ou elle a étudié la politique et la sociologie avant d’effectuer un master en « Culture et Société » à la London School of Economics.

ALLER PLUS LOIN : Lisez l'article de Serena Romano "Le féminisme renaît en Italie".
 

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