Qui est Catherine Samba-Panza, la nouvelle présidente de Centrafrique ?

Publié le Mercredi 22 Janvier 2014
Qui est Catherine Samba-Panza, la nouvelle présidente de Centrafrique ?
Qui est Catherine Samba-Panza, la nouvelle présidente de Centrafrique ?
Le nouvel espoir de paix en Centrafrique est une femme. Catherine Samba-Panza, ex-maire de Bangui, a été élue par le parlement centrafricain pour assurer la présidence de transition. Surnommée la « maire courage », cette mère de trois enfants veut faire déposer les armes aux milices chrétiennes et musulmanes et réorganiser le pays. Portrait.
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Catherine Samba-Panza a été élue ce lundi par le parlement centrafricain pour remplacer le président de la République Michel Djotodia. La présidente de transition a été fêtée au sein de l’assemblée et l’annonce de son élection a suscité des manifestations de joie et d’espoir dans le pays déchiré par les conflits inter-religieux. Est-ce parce qu’elle est une femme que son personnage inspire tant d’enthousiasme ? La présidente ne s’interdit pas de le penser.

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Une femme pour apaiser les esprits

Au micro de la journaliste Mathilde Lemaire, de France Info, la nouvelle chef d’État prend acte de l’espoir placé en elle, en partie parce qu’elle est une femme : « La population a la conviction que les politiques ont échoué, et le monde politique est un monde essentiellement masculin, je pense qu’ils se disent qu’il faut se tourner vers un monde moins politicien. » Cette mère de trois enfants sait que la tâche sera rude étant donné la violence des massacres entre les milices sélékas (musulmanes) et antibalakas (chrétiennes), mais elle compte s’adresser à eux « comme à ses enfants ». « Les femmes ont été très peu impliquées dans les conflits, elles sont beaucoup plus victimes. Ce sont elles qui ont souffert avec leurs enfants. Il y a une volonté de rupture et de voir émerger une femme qui puisse davantage réconcilier et apaiser les esprits. »

Une juriste entrepreneuse à Bangui

À 59 ans, Catherine Samba-Panza est la deuxième femme chef d’État du continent africain, avec Ellen Johnson Sirleaf, sur qui elle souhaite prendre exemple. La présidente du Libéria depuis 2006 a reçu le Prix Nobel de la Paix en 2011 pour son œuvre de pacification dans son pays. 

La nouvelle présidente centrafricaine a vécu une jeunesse divisée entre trois pays : elle est née au Tchad, a été élevée par un oncle diplomate à Bangui en Centrafrique, puis est partie étudier le droit à Paris à l’Université Panthéon-Assas. Spécialisée dans le droit des assurances, après son DESS elle rentre à Bangui pour intégrer la filiale locale du groupe Allianz. Elle fondera ensuite sa propre société de courtage. Ce passé de femme d’affaires entrepreneuse lui donne une aura de femme de poigne, compétente et incorruptible. 

Femme politique et féministe militante

Son engagement politique a commencé par son implication dans les combats pour les droits humains et plus particulièrement féminins comme la lutte contre les mutilations génitales et toutes formes de violences. Elle entre en contact avec les ONG locales et rejoint Amnesty International en tant que formatrice. 
C’est lors du coup d’état de François Bozizé en 2003 que Catherine Samba-Panza entre vraiment sur la scène politique. Elle est présidente du comité de suivi du dialogue national. Elle n’est étiquetée dans aucun parti et cette indépendance explique en partie sa nomination comme maire de Bangui  en mai 2013, deux mois après le renversement du président Bozizé. 
Cette fervente partisane du dialogue s’est exprimée dès son élection pour poser les premières pierres des divers chantiers qui l’attendent : elle a lancé un appel à déposer les armes, tenté de rassurer les  les familles pour qu'elles rentrent chez elles, et annoncé son intention de réorganiser le pays pour revoir au plus vite « les enfants sur le chemin de l’école»  et leurs parents au travail.
Á plus long-terme, elle sera chargée d’organiser des élections libres, sans doute début 2015, si la paix est de retour. 
Catherine Samba-Panza prêtera serment le 23 janvier à Bangui, en présence de Laurent Fabius. 

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