IVG en danger : nouvelle offensive au parlement américain

Publié le Vendredi 31 Janvier 2014
IVG en danger : nouvelle offensive au parlement américain
IVG en danger : nouvelle offensive au parlement américain
Dans cette photo : Barack Obama
Nouvel épisode dans la remise en cause globale de l'avortement. Mardi 28 janvier dernier, la chambre des représentants des États-Unis a adopté une proposition de loi incitant les assureurs à dérembourser l'IVG.  Se dirigeant vers un sénat démocrate et une promesse de véto d'Obama, celle-ci n'a cependant aucune chance d'être appliquée.
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« Je vais le dire encore une fois », a affirmé la républicaine Virginia Foxx, de Caroline du Nord, « nous ne nous en prenons pas à la santé des femmes ». Adopté à 227 voix contre 188, le texte constitue pourtant, selon la démocrate Barbara Lee (Californie), une « nouvelle bataille dans la guerre contre les femmes ». Judicieusement intitulé « Pas de Fonds Publics pour l’Avortement » (PFPA), la loi est similaire à l’amendement Hyde, qui restreint le financement fédéral dans certains cas d’avortement (sauf viols, danger de mort et inceste). Seul problème pour les républicains (dont un seul a voté « non » mardi), cet amendement doit être renouvelé tous les ans, contrairement à une « véritable » loi. De plus, celle-ci devait leur permettre de resserrer les rangs et de satisfaire une base électorale plutôt conservatrice. Du moins, si tout s'était passé comme prévu.

Un échec dans l'échec (annoncé)

En effet, selon la réforme dite « Obamacare », des crédits d’impôt sont accordés aux américains modestes et aux petites entreprises qui souscrivent à certaines assurances, notamment privées. Si le PFPA était approuvé, ceux-ci ne pourraient alors plus en bénéficier. Mais des couacs ont d'ores et déjà éclaté dans la communication du parti à l’éléphant, l’obligeant à conseiller certains de ses cadres masculins. Charlie Dent, représentant républicain pour la Pennsylvanie, a même ajouté: « Voilà ma suggestion quant à la stratégie de communication de certains de ces types. Cinq mots : Fermez vos *bip* de gueules ! ». De toute façon, Barack Obama a promis son véto présidentiel contre le texte s’il était définitivement adopté par le congrès, c’est-à-dire représentants + sénateurs. « End of the story? »

Une guerre globale contre l’IVG ?

Non, car on ne peut s’empêcher de penser à la situation en Espagne, où l'on s’apprête à restreindre le droit à l’avortement (et pas simplement son remboursement). Selon l’avant-projet de loi présenté fin 2013, celui-ci ne sera plus possible qu’en cas de viol ou de menace « durable ou permanente » sur la santé physique ou psychique de la mère. Un risque qui devra en outre être certifié par deux médecins différents, extérieurs à l'établissement qui pratiquerait l'IVG. Enfin, la candidate devra respecter une « période de réflexion», et une consultation obligatoire avec les services sociaux pour discuter des « alternatives ». Soutenu par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, ce retour au statu quo ante bellum a provoqué une levée de boucliers dans toute l’Europe. De plus, selon un sondage Sigma Dos, 62% des espagnols y seraient opposés.

En France aussi

Mais la patrie de Marianne est également concernée, dans une moindre mesure, avec la « Marche pour la vie » du dimanche 19 dernier. Entre 16 et 40 000 manifestants ont battu le pavé pour protester contre une modification de la loi Veil de 1975, finalement adoptée le 21 janvier. Celle-ci a supprimé la notion de « détresse » nécessaire à l’avortement pour la remplacer par le fait de ne « pas vouloir poursuivre une grossesse». Une notion de toute façon inutilisée en pratique, malgré le fameux « risque de banalisation » avancé par les manifestants. De la même manière, seize députés du groupe UMP, quasiment tous membres de « L'Entente parlementaire pour la famille », ont déposé le 16 janvier un amendement en faveur du déremboursement de l’IVG. Celui-ci a été rejeté, mardi 21 janvier, avec  142 voix contre, 7 pour et 4 abstentions. « Une initiative isolée » s’est défendu Jean-François Copé. Isolée dans plusieurs pays?

Nicolas PIERRE