Seize ans après, les confessions de Monica Lewinsky à Vanity Fair

Publié le Mercredi 07 Mai 2014
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Seize ans après, les confessions de Monica Lewinsky à Vanity Fair
Seize ans après, les confessions de Monica Lewinsky à Vanity Fair
Dans cette photo : Bill Clinton
Seize ans après le « Monicagate » qui a bien failli briser la carrière politique de Bill Clinton, l’ancienne stagiaire de la Maison Blanche sort enfin de son silence. Dans un long entretien accordé à « Vanity Fair », Monica Lewinsky, 40 ans aujourd’hui, évoque pour la première fois sa relation avec l'ex-président des Etats-Unis et avoue, sans surprise, « regretter profondément » leur liaison.
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Le "Monicagate" est, assurément, l'un des scandales politiques qui a le plus déchaîné les passions et mis en branle les institutions américaines depuis le fameux Watergate de 1974. Mais là, point d'histoires de barbouze et un " deep throat " bien plus graveleux. Une polémique qui serait presque plus gênante, tant elle s'immisce dans la vie privée. En 1998, éclate donc au grand jour un scandale détonnant, puisque on y évoque des ébats amoureux au sein même du bureau ovale entre l'homme le plus puissant de la planète et une stagiaire en poste à la Maison Blanche, une histoire d'adultère qui menace d'emblée la carrière politique de Bill Clinton et pousse quasiment Monica Lewinsky au suicide. De novembre 1995 à mars 1997, Monica Lewinsky, 24 ans à l'époque, aurait ainsi entretenu une relation extra-conjugale avec le président des États-Unis. La société américaine, que l'on aime souvent qualifier de "puritaine" en Europe, est - il est vrai - frappée de stupeur et les conséquences politiques sont terribles pour les démocrates.

En 1998, Bill Clinton confesse publiquement à la télévision avoir eu une liaison avec Monica Lewinsky


Une " humiliation mondiale "

Seize ans ont passé depuis, le parti démocrate est de retour au pouvoir, Bill Clinton a redoré son blason, quant à sa femme Hillary, l'ex-sénatrice de l'Etat de New York est toujours favorite pour la succession de Barack Obama... Le moment idoine pour Monica Lewinsky qui a donc décidé de sortir du silence. Dans un long entretien accordé à Vanity Fair, la jeune femme, aujourd'hui âgée de 40 ans, revient sur l'affaire du " Monicagate " qui a, à jamais, entaché son nom et bouleversé sa vie. " Humiliée " au moment où l'affaire a éclaté, elle raconte au magazine avoir longtemps vécu " recluse " pour éviter les sollicitations, parfois insistantes, des médias et affirme avec force que jamais les Clinton ne lui ont donné un centime pour acheter son silence. " J'ai été si silencieuse qu'on a beaucoup dit que les Clinton avaient dû me payer, explique-t-elle. Pourquoi sinon aurais-je refusé de m'exprimer ? Je vous assure qu'on ne pourrait pas être plus éloigné de la vérité. "

Photographie : Mark Seliger pour "Vanity Fair"

Pourtant, alors que se profile doucement mais sûrement la candidature d'Hillary Clinton à l'investiture démocrate, puis à l'élection présidentielle de 2016, Monica Lewinsky l'assure : elle " ne veut pas de mal au clan Clinton ". " Ce qui m'est arrivé et la question de mon avenir ne concernent aucun d'entre eux ", estime-t-elle, même si elle ne veut plus désormais avoir " à marcher sur des oeufs en ce qui concerne [son] passé ". " Je veux donner une fin différente à mon histoire. "

" Je regrette profondément ce qu'il s'est passé entre moi et le président Clinton "

Dix-sept ans après les faits justement, que retient-elle de son histoire avec Bill Clinton ? Pas grand-chose de positif. Jetée en pâture aux médias du monde entier, Monica Lewinsky affirme que c'est " l'après-Monicagate " qui a été le plus difficile à gérer. Affirmant à nouveau que les relations sexuelles qu'elle a eues avec le président étaient " mutuellement consenties ", elle raconte qu'elle ne s'attendait pas à ce tel déferlement de " haine, de honte et de peur ". " Je regrette profondément ce qu'il s'est passé entre moi le président Clinton. [...] Oui, mon patron a profité de moi mais je n'en démordrai pas : cette relation était consensuelle. Là où il y a eu "violence", c'est après, quand j'ai été accusée de tous les maux, par tous, pour le protéger ", écrit-elle, avant de confesser avoir longtemps dû composer avec des " pensées suicidaires ".

Elle revient aussi sur les répercussions du scandale sur son parcours professionnel. " J'ai dû refuser des postes qui m'auraient rapporté plus de 10 millions de dollars par an, parce que ça ne semblait pas être la bonne chose à faire. " " Jamais convenable " pour les emplois auxquels elle postulait, Monica Lewinsky a désormais décidé de s'impliquer dans " la défense de victimes d'humiliations et de harcèlement en ligne " en intervenant dans des conférences et des forums publics. Une vocation toute trouvée pour celle qui considère être " sans doute la première personne dont l'humiliation mondiale a été propagée par Internet ".