États-Unis : un couple parodie les militants anti-avortement avec des pancartes absurdes

Publié le Vendredi 01 Août 2014
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
États-Unis : un couple parodie les militants anti-avortement avec des pancartes absurdes
États-Unis : un couple parodie les militants anti-avortement avec des pancartes absurdes
Agacé par les militants anti-avortement qui, chaque samedi, manifestent devant une clinique proche de chez eux, un jeune couple de Caroline du Nord a eu une idée : infiltrer leurs rassemblements et les parodier avec des pancartes aux messages ridicules.
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Chaque samedi matin, devant la clinique pour femmes de Cary, en Caroline du Nord, se déroule la même scène. Des militants pro-life, pancartes et bibles à la main, défilent le long de la route pour barrer la route aux jeunes femmes souhaitant se rendre à la clinique pour avoir recours à une IVG

Mais depuis quelques mois, deux imposteurs se sont glissés parmi eux. Chaque samedi matin depuis le 8 mars - Journée des droits des femmes - Tina et Grayson Haver Curin s'incrustent parmi les anti-avortement, eux aussi avec des pancartes. Sauf que sur les leurs, il n'est pas écrit que « des bébés sont assassinés ici », mais « J'aime les tortues », « Joyeuse Saint-Patrick » ou encore « Pour le retour du Crystal Pepsi ».

DR : Saturday Chores
J'aime les tortues

DR : Saturday Chores

Expert en droit des femmes

DR : Saturday Chores

La pire pub du monde pour une nounou

DR : Saturday Chores

Pro-chat

DR : Saturday Chores

Joyeuse Saint-Patrick :)

« Drôle de hobby »

Tablant sur l'humour et l'absurde pour combattre la rhétorique haineuse des militants anti-avortement, Tina et Grayson photographient chacune de leur apparition devant la clinique de Cary, puis postent les clichés sur leur blog, intitulé Saturday Chores (les corvées du samedi en français).

« Notre première contre-manifestation s'est un peu faite sur un coup de tête, raconte Tina Grayson sur le blog qu'elle tient avec Grayson. Il n'y a pas de magasin de bricolage près de chez nous, alors nous sommes allés dans la banlieue de Raleigh […] Nous sommes passés devant une clinique en chemin. Grayson et moi avons grandi dans le coin, et nous avons vu cette clinique des centaines de fois. Mais pour une raison inconnue, la présence des manifestants nous a agacés plus que d'habitude. Grayson a suggéré de faire un panneau "drôle de hobby" et de le pointer sur l'un des manifestants. »

Aussi pacifiste et amusante soit-elle, la « corvée du samedi » du couple n'a pas beaucoup plus aux anti-avortement dont ils ridiculisent le message. Dans un entretien accordé à Cosmopolitan, Tina Grayson raconte que la cohabitation n'est pas simple avec les pro-life, avec qui ils ont eu plusieurs accrochages.

« Ils nous parlent constamment. La première fois que nous nous sommes incrustés dans leur manifestation, je leur ai demandé quatre fois de me laisser tranquille. Ils ont finalement obtempéré, lorsque Grayson s'est interposé et le leur a demandé un peu moins poliment. Ils nous disent que nous sommes de terribles pécheurs, que nous irons en enfer, que nous aimons Dieu en secret, etc. Ils me demandent combien de fois j'ai avorté (aucune, à vrai dire), si nous sommes athées (oui, absolument) et pourquoi nous nous donnons cette peine (parce que ça vous emmerde, bien sûr !). »

Elle poursuit : « Sur la photo "bring back Pepsi", ils sont en train de prier pour moi. Enfin, je ne suis pas sûre qu'ils prient pour moi, ou pour "la femme de Grayson". Ils ne m'appellent pas par mon prénom. Je suis la propriété de mon mari, bien sûr, et dois être ainsi désignée. Donc oui, je trouve que cela relève d'une insulte profondément misogyne. »

DR : Saturday Chores

Relayée sur Facebook et Instagram, la « cause » de Tina et Grayson est depuis devenue virale sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui rejoints par d'autres militants « pro-choice », ils continuent tous les samedis matins à parodier les slogans des anti-avortement. Et ont reçu cette semaine le soutien de la directrice exécutive de l'association Pro-choix de Caroline du Nord, Naral, ainsi que du directeur de la clinique pour femmes de Cary.

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