Un photographe de mode fait scandale en s’inspirant du viol collectif de New Delhi

Publié le Mercredi 06 Août 2014
Ariane Hermelin
Par Ariane Hermelin Journaliste Terrafemina
Journaliste société passée par le documentaire et les débats en ligne sur feu Newsring.fr.
Un photographe de mode fait scandale en s’inspirant du viol collectif de New Delhi
Un photographe de mode fait scandale en s’inspirant du viol collectif de New Delhi
Près de deux ans après le viol collectif d’une jeune étudiante à New Delhi, un photographe indien n'a pas trouvé mieux que de s'inspirer de ce fait divers sordide lors d'une séance de photos de mode. Devant le tollé évident provoqué par ces images, il s'est fendu d'une explication pour le moins discutable.
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En décembre 2012, Jyoti Singh Pandey (appelée Nirbhaya par la presse pour protéger son identité, ndr), une jeune étudiante de 23 ans mourait après avoir été violée à l’arrière d’un bus de New Delhi par six hommes. Ce fait divers atroce avait suscité une émotion sans précédent en Inde, ainsi que dans le reste du monde. Les coupables ont depuis été jugés et condamnés à la peine de mort par pendaison tandis qu’un débat national au sujet des agressions sexuelles a été lancé dans le pays.

Un an et demi après ce viol collectif, voilà que Raj Shetye, un photographe de mode indien a eu l’idée tordue de s’en inspirer pour une séance photo. Sur cette série de clichés intitulée « Le mauvais tournant », on voit une jeune femme portant des vêtements haute couture en train de se faire harceler par des hommes dans un bus. Ceux-ci la regardent d’un air lubrique, la jettent à terre ou la maintiennent de force entre leurs bras. L’ensemble de ces photos de mode est aussi esthétisant que choquant.


Face à la polémique que n’ont pas manqué de provoquer ces images en Inde, Raj Shetye a jugé bon de se justifier auprès du site américain Buzzfeed. Ainsi, le photographe s’est défendu d’avoir tenté de « glamouriser » le viol collectif de Jyoti Singh Pandey en expliquant qu’il avait cherché à faire réfléchir les gens. « Mon but est de faire de l’art afin de faire réagir les gens », a-t-il déclaré benoîtement. Qui plus est, « l'artiste » en question prétend avoir eu l’heureuse idée avant cette agression infâme qui a créé une onde de choc dans tout le pays. Tout serait donc affaire de coïncidence… 

Des justifications oiseuses et suffisantes

Il suffit pourtant de regarder un instant les photos tirées de cette séance pour constater la volonté manifeste du photographe d’esthétiser au maximum une situation qui serait déjà glauque sans cette référence au sort tragique de la jeune étudiante en décembre 2012.

Si la mode est connue pour sa tendance très limite à « glamouriser » des scènes de violence ou de torture dans le seul but de choquer, Raj Shetye est allé encore plus loin dans l'outrance… Les internautes ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et ont violemment critiqué les justifications pour le moins oiseuses du photographe qui a dû finalement retirer ses photos.


Loin de présenter ses excuses pour ces images affligeantes, Raj Shetye a fait ce commentaire dont la suffisance, ou a bêtise, au choix, laisse sans voix : « Je suis satisfait de mon travail car son impact a été tel que j’ai pu apporter un éclairage à son sujet. Je ne suis pas heureux, mais satisfait, car j’ai réussi à communiquer ce que je voulais communiquer ».

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