Priya, la super-héroïne qui lutte contre le viol des femmes en Inde

Publié le Mardi 16 Décembre 2014
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Priya, la super-héroïne qui lutte contre le viol des femmes en Inde
Priya, la super-héroïne qui lutte contre le viol des femmes en Inde
Deux ans après la mort d'une jeune femme, victime d'un viol collectif à bord d'un bus à New Dehli, le réalisateur indo-américain Ram Devineni prend position contre le fléau national que constitue le viol en Inde en publiant une bande-dessinée interactive mettant en scène Priya, une super-héroïne victime d'agression sexuelle.
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Les Indiennes victimes de violences sexuelles ont désormais leur super-héroïne : elle s'appelle Priya et, comme de nombreuses jeunes femmes, elle a subi un viol collectif. Rejetée par sa famille et stigmatisée par la société, Priya va devenir l'élue de dieux hindous qui, pour punir l'Humanité, lui confèrent alors des supers-pouvoirs. Accompagnée de la déesse Parvati, Priya devient alors une véritable super-héroïne qui vient en aide aux victimes d'agressions sexuelles et combat leurs agresseurs.

Créée par le réalisateur indo-américain Ram Devineni, la BD sur la super-héroïne Priya est un projet né en décembre 2012, après la mort de Jyoti Singh Pandey, une étudiante de 23 ans violée par six hommes à bord d'un bus à New Dehli. Décédée quelques jours après les faits, son histoire avait provoqué l'effroi et entraîné une vague de manifestations dans tout le pays.

« En Inde, ce n'est pas le violeur qui est coupable, mais la victime »

Interrogé par la BBC, Ram Devineni raconte : « J'étais à Delhi lors du début des manifestations, et j'ai participé à plusieurs d'entre elles. J'ai parlé à un policier qui m'a dit, à ma grande surprise, "aucune fille ne se promène seule la nuit". C'est à ce moment que l'idée a germé: le viol en Inde est un problème culturel, étroitement lié au patriarcat, la misogynie et la perception des gens. »

« Dans la société indienne, très machiste, ce n'est pas le violeur qui est coupable, mais la victime - dont les propos sont accueillis avec scepticisme - qui est tournée en ridicule et ostracisée », poursuit-il.

Naît alors dans l'esprit de Ram Devineni l'idée de créer une super-héroïne auprès desquelles les victimes d'agressions sexuelles pourraient s'identifier, et qui sensibiliserait les jeunes adultes au sort des femmes en Inde. Deux ans plus tard, sort enfin Priya's Shakti, une BD interactive dessinée par Dharavi, un artiste originaire de Bombay. L'ouvrage est téléchargeable gratuitement sur le site de Ram Devineni, et aussi disponible en version papier en hindi et en anglais.

Le viol, fléau national

La parution de Priya's Shkati met à nouveau en lumière le sort des femmes dans un pays qui compte plus d'1,2 milliard d'habitants. Selon le National Crime Records Bureau du ministère de l'Intérieur indien, un viol serait signalé toutes les 20 minutes aux autorités, mais seuls 26,4% d'entre eux aboutiraient à une peine contre les accusés. En 2012, 24 900 viols et agressions sexuelles ont été signalés. Des chiffres accablants, qui ont amené le gouvernement indien à prendre des mesures plus concrètes pour prévenir les agressions sexuelles dans le pays, et plus sévères à l'égard de ses auteurs. Le 21 mars 2013, a ainsi été adoptée une série de lois visant à renforcer les sanctions pénales envers les violeurs.

Des mesures visiblement insuffisantes, et pointées du doigt par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Suite à l'adoption des lois anti-viol, celui-ci avait déclaré : « La triste réalité, c'est que les droits de nombreuses femmes en Inde continuent d'être violés en toute impunité comme si c'était la norme. »

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