Hamadi Jebali, Premier ministre de la nouvelle Tunisie ?

Publié le Jeudi 27 Octobre 2011
Le parti Ennahda revendique sa victoire aux élections du 23 octobre en Tunisie. Il appelle à la formation d’un gouvernement d’union nationale, avec à sa tête son numéro 2 : Hamadi Jebali. Les partis arrivés derrière doivent décider s’ils s’allient ou non avec Ennahda.
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Les résultats des élections du 23 octobre en Tunisie ne sont toujours pas officiels, mais la victoire du parti Ennahda semble acquise. La commission électorale (Isie) a confirmé mercredi son avance après les résultats de 14 des 27 circonscriptions du pays dépouillées.
Rached Ghannouchi, son leader, a appelé à la formation d’un gouvernement d’union nationale d’ici un mois, il sera chargé de diriger le pays jusqu’aux prochaines élections, qui devraient être organisées d’ici un an.

Qui est Hamadi Jebali ?
Pour le poste de Premier ministre, le parti islamiste pousse la candidature de son secrétaire général, Hamadi Jebali. « Il est tout à fait naturel que le parti qui a obtenu la majorité dirige le gouvernement », a déclaré hier Rached Ghannouchi, sur la radio Express FM. Co-fondateur d’Ennahda, cet ancien journaliste originaire de Sousse, a passé 16 ans dans les geôles de l'ex-président Zine El Abidine Ben Ali, dont 10 à l’isolement. Appartenant plutôt à la branche réformiste et modérée du parti, il serait un interlocuteur privilégié des chancelleries occidentales.

L'identité arabe en débat

Mais sur Express FM, hier, Rached Ghannouchi n’a pas manqué de rappeler au monde qu’il était un nationaliste fervent, en plaçant « l’identité arabe » de la Tunisie au centre des débats à venir. Dans un pays où le dialecte mixe toujours le français et l’arabe, et ce depuis l’indépendance en 1956, Ghannouchi semble souhaiter un recentrage sur l’apprentissage de l’arabe, en appelant à un « dialogue national sur l’éducation » : « Notre langue, c'est la langue arabe. On est devenus franco-arabe, c'est de la pollution linguistique », a-t-il déclaré.

Pactiser ou démissionner ?
Pour les formations qui arrivent derrière Ennahda dans le nombre de sièges à l’Assemblée constituante, l’heure est au doute. Pour le leader du Congrès pour la République (CPR), Moncef Marzouki, « les lignes rouges c'est encore une fois les libertés publiques, les droits de l'homme, les droits de la femme, de l'enfant et sur ça on ne pactisera jamais, jamais ». Du côté d’Ettakatol, on veut prendre ses responsabilités et ne pas laisser un gouvernement entièrement islamiste diriger le pays, le chef du parti, Moustapha ben Jaafar a en outre l’intention de se présenter à la présidence intérimaire.
Ce sera l’une des premières tâches de l’Assemblée constituante : désigner un nouveau président de la République, qui lui-même formera un exécutif jusqu'aux prochaines élections générales.

Aide de la France

Hier, le ministre des Affaires étrangères français, Alain Juppé, a annoncé la mise en place d’une « aide économique massive à la Tunisie », en précisant aussitôt que celle-ci « serait conditionnée au respect de la démocratie ».

(Source : AFP)
Crédit photo : AFP/Hamadi, numéro 2 d’Ennahda

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