Affaire Bettencourt : Cécile Ramonatxo et Valérie Noël, les juges de l'ombre

Publié le Lundi 25 Mars 2013
Affaire Bettencourt : Cécile Ramonatxo et Valérie Noël, les juges de l'ombre
Affaire Bettencourt : Cécile Ramonatxo et Valérie Noël, les juges de l'ombre
Dans cette photo : Nicolas Sarkozy
Juge leader dans l'affaire Bettencourt, le magistrat Jean-Michel Gentil n'est pourtant pas le seul à avoir mis en examen l'ancien président de la République jeudi dernier. À ses côtés, on retrouve deux magistrates à poigne.
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Les médias et les responsables politiques ne parlent que de lui. Depuis sa décision de mettre en examen Nicolas Sarkozy pour « abus de faiblesse » dans la tentaculaire affaire Bettencourt, le juge Jean-Michel Gentil a acquis une notoriété éclair. La droite dénonce ses méthodes partiales et les journaux lui consacrent leurs Unes décrivant un magistrat à la main de fer dans un gant de fer. Juge central dans ce dossier, il n’est pourtant pas le seul à instruire l’affaire Bettencourt.


À ses côtés, il y a deux magistrates. Cécile Ramonatxo et Valérie Noël travaillent et enquêtent depuis près de trois ans dans l’ombre du juge bordelais. Les deux femmes appartiennent à la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Bordeaux, l’une des huit structures en France dévolues aux affaires de très grande complexité. Expérimentées et pugnaces, elles sont appréciées de leurs collègues pour leur discrétion et leur réserve. « Elles n’aiment pas la publicité pour la publicité. C’est le travail de fond qui compte pour ces deux magistrates, ce qui n’est pas le cas de tous les juges », tranche une avocate du Barreau de Bordeaux. Présentes au moment de la mise en examen de l’ancien président de la République, Cécile Romonatxo et Valérie Noël n’auraient pas dit un mot tout au long des confrontations et des auditions de témoins, laissant ainsi le juge Gentil mener les débats comme il l’entendait. Personne ne sait si au moment des délibérations, vers 21h30 jeudi soir, les trois juges tombent immédiatement d’accord sur la décision à rendre. Une chose est sûre, un quart d’heure plus tard, c’est en présence des trois magistrats, que Nicolas Sarkozy apprend sa mise en examen pour « abus de faiblesse ». Une décision présentée comme collégiale. La surprise est totale et le coup très rude pour l’ex chef de l’État puisqu’au mois de novembre 2012, il avait réussi à convaincre les mêmes magistrats à l'issue de douze heures d'audition, de le placer sous le statut de simple témoin assisté. L'ancien président de la République avait alors quitté le palais de justice de Bordeaux satisfait et son avocat Maître Herzog avait exprimé son soulagement de voir l’affaire Bettencourt enfin terminée pour son client.

Il n’en était rien. Jean-Michel Gentil, Valérie Noël et Cécile Ramonatxo n’avaient pas dit leur dernier mot. Nicolas Sarkozy non plus. En apprenant sa mise en examen, il leur a lancé : « Je n’en resterai pas là. » À ce moment précis, la bataille judiciaire et politique a pris un tour exceptionnel dans cette affaire hors norme.