Européennes : Christine Boutin et les anti-mariage gay font du pied au FN
« La France, l'Europe, la vie » : tel est le nom évocateur donné par Christine Boutin au rassemblement politique qui présentera ses propres listes aux élections européennes de 2014. Au lendemain de sa démission de la présidence du Parti Chrétien-Démocrate (PCD) qu’elle avait fondé en 2002, Mme Boutin, figure de proue des anti-mariage gay, a présenté lors d’une conférence de presse le 11 juillet son projet européen. Son objectif : « traduire » politiquement le mouvement d’opposition au mariage pour tous et profiter de la vague de popularité dont elle a bénéficié à cette occasion. Quitte à créer un rassemblement hybride. Elle a donc réuni à ses côtés de nombreuses personnalités issues de ce mouvement de contestation, comme Béatrice Bourges, fondatrice du Printemps français, mais aussi des catholiques traditionalistes, comme Patrick Louis, secrétaire général du MPF de Philippe de Villiers, ou encore Jean-Claude Martinez, ancien vice-président du FN. Parmi les grandes lignes du programme encore flou de « La France, l'Europe, la vie », Christine Boutin insiste sur la nécessité de « mettre l'homme au cœur de toute organisation sociétale » et dénonce le projet de loi débattu à l'Assemblée nationale sur la recherche sur les embryons.
« Des gens d'extrême droite comme de gauche peuvent nous rejoindre »
Et Mme Boutin compte brasser large. Interrogée sur son mouvement, elle a assuré n’avoir aucune objection à un rapprochement avec le Front National, assumant pleinement la présence d’un ancien du FN à ses côtés. « M. Guillaume Peltier, vice-président de l'UMP, était lui-même au FN », a-t-elle avancé, avant de déclarer : « cela ne me pose aucun problème ». « Des gens d'extrême droite comme de gauche peuvent nous rejoindre », a-t-elle-même précisé.
Cependant, cette position est loin de faire l’unanimité au sein du mouvement, où l’on compte déjà des désaffections. Patrick Louis, a ainsi annoncé qu'il renonçait à participer au mouvement, estimant que le projet initial n’a pas été « respecté » et que « la récupération politique par l'ancienne présidente du PCD » fut orchestré « à son profit exclusif ». L’ancien député européen a également critiqué le fait que les événements se soient déroulés « dans l'empressement et au rythme imposé par le Parti Chrétien-Démocrate ».
Reste que, si Christine Boutin compte reprendre à son compte la mobilisation suscitée par la contestation du mariage pour tous, les organisateurs de la Manif pour tous se sont désolidarisés de son mouvement. Ludovine de la Rochère, présidente de La Manif pour tous, estime ainsi dans un communiqué que l'initiative conduite par Christine Boutin « ne saurait en aucune manière impliquer la Manif pour tous. Celle-ci reste en-dehors du champ politicien ». De son côté, Frigide Barjot a déjà créé son propre mouvement, « Avenir pour tous ».
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