Rythmes scolaires : Dupont-Aignan et Estrosi flairent le coup politique

Publié le Mardi 02 Septembre 2014
Xavier Colas
Par Xavier Colas Journaliste
Rythmes scolaires : Dupont-Aignan et Estrosi flairent le coup politique
Rythmes scolaires : Dupont-Aignan et Estrosi flairent le coup politique
La réforme des rythmes scolaires s'applique officiellement, à compter de ce mardi 2 septembre, à l'ensemble des écoles publiques du premier degré. Alors que la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a réaffirmé qu'aucune dérogation ne serait possible, certains édiles ont choisi de s'opposer à ce nouvel aménagement de l'emploi du temps des élèves. Parmi eux, les députés-maires de Yerres et Nice, Nicolas Dupont-Aignan et Christian Estrosi. Deux élus qui, au-delà de l'indignation, semblent avoir flairé le bon coup politique…
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Des temps de classe moins longs et des activités périscolaires culturelles et sportives (facultatives) intégrées à l'emploi du temps des élèves, telles sont les deux grands axes de la réforme des rythmes scolaires. Appliqué dans 4 000 communes à la rentrée 2013, le retour à la semaine de 24 heures d'apprentissage étalée sur 4,5 jours, instauré par le décret du 24 janvier 2013, s'applique obligatoirement à toutes les écoles maternelles et élémentaires à partir d'aujourd'hui.

Des édiles de l'opposition, soutenus par certaines fédérations de parents d'élèves dont la Peep (classée à droite), menacent de ne pas ouvrir leurs écoles, mercredi 3 septembre, pour s'opposer à une réforme qu'ils jugent trop coûteuse et impossible à mettre en place. « Si des maires n'appliquent pas la loi, les préfets le feront », a prévenu, hier, Najat Vallaud Belkacem.


Dupont-Aignan gonfle les chiffres de l'Association des maires de France

Malgré la mise en garde de la ministre de l'Education nationale, Nicolas Dupont-Aignan l'assure : demain, il n'ouvrira pas les écoles de sa commune de Yerres (Essonne) pour protester contre une réforme qu'il juge « catastrophique » et appelle à « cadenasser » les grilles des établissements scolaires. Le président de Debout la République prédit que la réforme sera jugée « anticonstitutionnelle puisque, selon lui, « l'Etat ne compense pas les charges qu'il applique aux communes ». Un coût estimé par l'élu francilien à 250 euros par an et par élève. Une estimation largement au-dessus de celle de l'Association des maires de France qui fixe le coût à 150 euros par an et par élève.


Par ailleurs, l'Etat compense, en partie, les frais supplémentaires.  « Pour 2013, l'Etat a apporté une aide de 50 euros annuels par enfant (90 en zone rurale ou urbaine sensible), reconduite en 2014 pour les communes pionnières, puis pour 2015. S'y ajoutent 53 euros de la CAF, si des activités périscolaires sont organisées. Le reste est à la charge des communes », rappelle Francetvinfo.

« Porte-parole des maires accablés »

« On ne trouve pas 120 animateurs sous le sabot d'un cheval ! », a renchéri le député-maire, lundi 1er septembre sur France Inter. « Toutefois, plusieurs des communes voisines de la sienne n'ont pas eu autant de difficulté à recruter du personnel qualifié pour l'animation des heures périscolaires », indique Eric Nunès du Monde. Et le journaliste de poursuivre : « Ainsi, les élèves de Valenton (11 940 habitants, Val-de-Marne) iront à l'école mercredi matin avec la possibilité l'après-midi d'être pris en charge par le centre de loisirs et de profiter de la cantine à midi ».

Qu'à cela ne tienne, Nicolas Dupont-Aignan, cadenas en main, entend bien devenir « le porte-parole [auto-proclamé] des maires accablés ». Il n'est pas le seul à porter cette ambition.

Estrosi vend une villa et brandit la menace du chômage

« Cela va créer du chômage », a asséné, quant à lui, Christian Estrosi, ce matin dans la matinale de France Inter. Et le député-maire de Nice d'arguer que les associations sportives et culturelles « vont licencier, puisque le mercredi matin elles n'auront plus aucune raison de mettre à disposition des écoles les animateurs qui sont les leurs ».

L'élu des Alpes-Maritimes n'a, en outre, pas hésité à mettre en vente la villa jusqu'à présent louée par la rectrice de Nice à la ville, pour financer les 3,9 millions d'euros de dépenses supplémentaires qu'il impute à la réforme. La rectrice - nommée par décret par le président de la République - va devoir quitter la somptueuse villa Beluga de 583 m2, estimée à 2,7 millions d'euros, qu'elle louait 5 169 euros par mois à la commune.



Un surcoût, lié à l'organisation d'activités périscolaires quatre jours par semaine de 15h45 à 16h30 pour laquelle la commune a recruté plusieurs centaines de personnes (difficile de dire que la réforme crée du chômage) qu'il entend répercuter, en partie, sur les familles en leur demandant 15 euros par mois pour y inscrire leurs enfants. Et ce, « alors que de nombreuses communes ont instauré la gratuité », indique
Libération.