Scandale au sommet : la justice enquête sur la « police des polices »

Publié le Mercredi 11 Janvier 2012
Une enquête menée par Le Monde révèle que l'Inspection générale des services (IGS), ou « police des polices », se retrouverait au cœur d'un scandale judiciaire. Elle aurait truqué une enquête portant sur un trafic de titres de séjour au service des affaires réservées. Le journal y voit une manœuvre politicienne partisane.
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La justice enquête actuellement sur l’Inspection générale des services (IGS), cette « police des polices », du ressort de la Préfecture de police de Paris, chargée d’instruire les affaires disciplinaires et pénales concernant les personnels administratifs et les policiers de Paris. L’information émane du journal Le Monde qui a mené une enquête révélant que l’IGS aurait délibérément truqué, en 2007, une procédure qui incrimina quatre fonctionnaires dans un trafic de titres de séjour. Le but de la manœuvre ? « Nuire, à l’approche de l’élection présidentielle, à Yannick Blanc, alors directeur de la police générale, à son adjoint Bruno Triquenaux et à Christian Massard, un policier affecté à la sécurité de l’ex-ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant. Trois hommes jugés trop éloignés du pouvoir sarkozyste, et très proches du Parti socialiste pour deux d’entre eux », soutient le quotidien.

Cette procédure de l’IGS a entraîné non seulement la mise en examen de quatre fonctionnaires -Yannick Blanc ayant été simplement placé en garde à vue -, mais aussi la suspension des cinq personnes visées par « cette affaire montée de toutes pièces », selon les analyses du journal. La cour d’appel de Paris les a innocentées en janvier 2011. La justice se penche désormais sur cette affaire qui relèverait, pour Le Monde, d’une manœuvre politicienne partisane. Les journalistes chargés de l’enquête affirment que le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, « pilier du système sarkozyste », est visé par l’une des procédures, tout comme un autre préfet, Pascal Mailhos, ancien patron des renseignements généraux, notamment pour l’utilisation d’éléments judiciaires dont ils n’auraient pas dû avoir connaissance. Au cœur du dossier se trouverait une série d’irrégularités comme des « procès-verbaux truqués, des retranscriptions d’écoutes téléphoniques caviardées, des déclarations déformées ». Me David Lepidi est l’avocat chargé de porter les plaintes déposées par les cinq fonctionnaires pour « faux en écritures publiques », « violation du secret de l’instruction », « dénonciation calomnieuse » et « violences volontaires ».

Un communiqué de la Préfecture de Police (PP) taxe d’ « allégations infondées » les affirmations du Monde, tout en n’écartant pas des « suites judiciaires appropriées ». Le parquet de Paris, joint par l’AFP, s’est refusé à tout commentaire sur le détail des procédures en cours. Yannick Blanc a confirmé à l’AFP les révélations du journal et l’enquête actuelle sur la police des polices. Recadrant la polémique naissante, il penche plutôt pour un excès de « zèle » bien plus que pour un coup monté : « Je pense plutôt à un dérapage de l’IGS motivé par une vision politique des choses […] Aucun élément ne me permet de mettre en cause le préfet de police. Je pense que le préfet de police a été lui-même intoxiqué ».

Élodie Vergelati

Avec AFP
Crédit photo : AFP

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