Toulouse : enquête sur les complices éventuels de Mohamed Merah
L’enquête se poursuit pour rechercher d'éventuels complices de Mohamed Merah, qui s’est accusé de l’assassinat des trois militaires à Montauban, et des trois enfants juifs et d’un parent d’élève à Toulouse. Tué lors de son interpellation jeudi matin, après un siège du Raid qui aura duré plus de 30 heures, Merah était-il en mission pour une organisation islamiste ?
Le « tueur au scooter » s’était vanté auprès des policiers mercredi d'avoir accepté une mission pour Al-Qaïda en France et d'avoir mis seul « la France à genoux », a rapporté le procureur de Paris François Molins. Merah, jeune Français de 23 ans d'origine algérienne se serait radicalisé dans les milieux salafistes et aurait été « formé » au cours de deux séjours en Afghanistan en 2010 et au Pakistan en 2011. On apprend aujourd’hui des services de renseignement américains qu’il figurait depuis « un certain temps » sur la liste noire des personnes interdites de vol aux États-Unis. Sur cette liste figurent les noms d’individus qui présentent « des doutes raisonnables d'être impliqués dans une activité terroriste présumée, d’être considérés comme une menace pour un avion et pour la sécurité nationale, et d’être capables de faire écraser un appareil ».
Les enquêteurs s'intéressent aujourd’hui de près à son frère
Abdelkader Merah, 29 ans, interpellé mercredi dans la nuit, avec sa compagne et sa mère, va voir sa garde à vue pour terrorisme prolongée jusqu’à dimanche. Lors d’une perquisition mercredi à son domicile, les enquêteurs auraient trouvé des explosifs dans sa voiture. Selon une source proche de l'enquête, Abdelkader Merah est un sympathisant de l'islam radical, il aurait déjà été inquiété pour son implication dans une filière d'acheminement de djihadistes en Irak, mais n’a jamais été mis en examen pour ce motif. Abdelkader a affirmé à la police qu’il n’était pas au courant des projets meurtriers de son frère.
Une organisation liée à Al-Qaïda revendique la tuerie de Toulouse. L'organisation « Jund al-Khilafah » (les soldats du Califat) a publié jeudi un communiqué sur le site islamiste Shamekh, qui diffuse habituellement les déclarations d’Al-Qaïda. Dans ce texte, l’organisation, qui a dans le passé revendiqué des attaques en Afghanistan et au Kazakhstan, appelle le gouvernement français à reconsidérer sa politique « hostile » aux musulmans, et menace Israël. Néanmoins le centre américain de surveillance de sites islamistes SITE, indique qu’aucune preuve n’était apportée quant à cette revendication de la tuerie qui a coûté la vie à quatre personnes devant une école juive de Toulouse. « Le mardi 19 mars, l'un des chevaliers de l'islam, notre frère Youssef le Français, a mené une opération qui a ébranlé les fondations sionistes et croisées dans le monde entier et empli de crainte les cœurs des ennemis d'Allah », affirme le communiqué. L’erreur sur la date -le massacre s'est produit le lundi 19 mars-, et le fait que ce texte ne se réfère pas au calendrier musulman comme le font d’ordinaire les communiqués islamistes, laissent planer un grand doute sur la valeur à accorder à cette revendication.
Au cours de la phase de négociation avec un policier du Raid, Merah a expliqué ses actes par sa sympathie pour le sort des Palestiniens, son opposition à l'engagement militaire de la France en Afghanistan, et l'interdiction du port du voile intégral. Il n'a exprimé « aucun regret » au cours de ces discussions, sinon celui de « ne pas avoir fait plus de victimes ».
L'enquête révèle en outre que le tueur a bel et bien filmé les assassinats avec une caméra fixée sur lui par un harnais. Il a prétendu avoir posté la vidéo sur Internet mais les enquêteurs n'en ont pas trouvé la trace, selon le procureur.
Avec AFP
Crédit photo : France 2/AFP / Capture d'écran d'un reportage de France 2 montrant le visage de Mohamed Merah
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