Coup de projecteur en région : opération séduction du PS dans le 44

Publié le Jeudi 29 Mars 2012
Coup de projecteur en région : opération séduction du PS dans le 44
Coup de projecteur en région : opération séduction du PS dans le 44
Dans cette photo : François Hollande
Notre dossier spécial de reportages en région s’arrête cette semaine à Nantes, où le PS est bien implanté. Dans ce fief de gauche, la campagne présidentielle s’organise en s’appuyant sur la fédération départementale et l’engagement des militants. Les responsables locaux et élus misent beaucoup sur le porte-à-porte pour convaincre un électorat « fataliste » face à la crise et lutter contre le spectre de l'abstentionnisme.
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« En campagne présidentielle, tout s’intensifie », confie Florent Smejda, esquissant un sourire. A 31 ans, le jeune homme est chargé de mission à la fédération départementale du PS de Loire-Atlantique depuis 2007. Dans le QG de Nantes, situé en plein centre-ville, derrière les grandes vitrines estampillées PS, il lance un regard vers les milliers de tracts et affiches qui sont stockés à l’entrée du local. Rangés contre un mur rouge où apparaissent les photographies des grands visages de la gauche, les cartons attendent les prochaines distributions sur les marchés. « Aujourd’hui et jusqu’au 6 mai, nous faisons tous la campagne de François Hollande », souligne le responsable. Cela signifie un quotidien qui s’organise à la fois autour des réunions publiques et des rencontres avec les potentiels électeurs. Alors qu’ils entament la dernière ligne droite avant le premier tour, l’objectif des responsables locaux est simple : toucher le maximum d’indécis et convaincre les abstentionnistes de se rendre dans leur bureau de vote le jour J.

« Nous avons mis le paquet sur le porte-à-porte »

Pour ce faire, « nous avons opté pour une campagne de terrain portée par les militants et les élus », explique Alain Gralepois, premier secrétaire fédéral du PS, et vice-président au Conseil régional. Selon lui, le vrai risque pour cette campagne est qu'un certain « fatalisme » puisse finalement porter les électeurs « vers l’abstention ou vers Nicolas Sarkozy ». « Je n’exclus pas non plus la possibilité qu’une vague de ras le bol soit favorable au FN », confie-t-il. Un avis partagé par Dominique Raimbourg, candidat sortant de la 4e circonscription : « je fais du porte-à-porte dans plusieurs communes : on nous parle à chaque fois de la crise, et je ressens comme une résignation qui pourrait d’un seul coup exploser». D'où l'intensification de la campagne de proximité à moins d’un mois du premier tour. « Nous avons mis le paquet sur le porte-à-porte », confirme Florent Smejda. Une directive nationale qui est appliquée en région selon des règles bien établies : formation des mobilisateurs, planning de campagne établissant les dates et lieux de prospection, mobilisation des militants... « L’étude de la campagne de Barack Obama en 2008 démontre qu’un abstentionniste sur 14 allait voter après un contact en porte-à-porte contre 1 sur 100 000 avec une campagne de tractage classique », souligne le responsable. Chaque contact compte donc, et les objectifs départementaux sont de frapper à 100 000 portes avant le premier tour. « Nous comptons aujourd’hui 150 mobilisateurs sur le département, qui constituent leurs équipes de volontaires. L’idée n’est pas de tenter de convaincre des électeurs qui savent déjà pour qui ils vont voter, mais de mobiliser les abstentionnistes ».

Une campagne axée massivement sur les quartiers populaires

Afin de multiplier les chances de gagner, un ciblage sur les quartiers où François Hollande a un potentiel électoral élevé a par ailleurs été effectué. « Cette étude est faite en fonction du taux de participation et du score de la gauche lors des précédentes élections », précise Florent Smejda. « Evidemment on ne se limite pas à ces quartiers, mais ils sont la priorité », confie-t-il. Armés d’un fascicule récapitulant brièvement les propositions de François Hollande, les petits escadrons volontaires passent ainsi d’immeuble en immeuble, ne restant jamais plus de 5 minutes à discuter avec chaque habitant. « Souvent, nous nous contentons de leur rappeler les dates des élections et l’adresse de leur bureau de vote », souffle M. Smejda, qui assure que ces prises de contact éclairs sont appréciées. « Cela permet aussi de montrer que nous sommes là et de répondre aux questions », soulève-t-il. Suite à ces visites, les volontaires peuvent effectuer un rapport en ligne en précisant le bureau de vote concerné par leur action. « Cela permet d’établir un tableau de bord et de faire remonter les ressentis du terrain au niveau national », commente Alain Gralepois. Ce dernier précise qu’au cours des derniers jours avant le premier tour, la campagne « s’axe massivement sur les cités populaires ».

campagne région PS

Une partie de la bataille se joue sur les réseaux sociaux

Pour le soutenir dans sa campagne, le parti peut également s’appuyer sur l’action du Mouvement des Jeunes Socialistes en Loire-Atlantique. « Outre les tractages, nous sommes très présents sur les réseaux sociaux où une partie de la bataille se joue, notamment face aux jeunes de l’UMP locaux qui sont très actifs sur les réseaux », explique Antoine de Laporte, secrétaire général du MJS dans le département. Le jeune responsable de 22 ans estime avoir de bons retours sur le terrain, « meilleurs même que lors des primaires ». « Le fait d’être jeune dans une campagne apporte toujours un petit plus, les gens que l’on croise apprécient de nous voir nous engager », ajoute-t-il.
Autres temps forts de la campagne dans le département : les réunions publiques, qui sont autant d’occasions de présenter le programme du candidat et d’avoir un échange avec les citoyens. « Ce soir par exemple nous recevons Liem Hoang Ngoc, économiste, député européen, qui viendra parler de la crise financière et de la dette publique », indique F. Smejda. Une réunion organisée par la section locale de Rezé, commune voisine de Nantes et qui doit réunir une centaine de militants et sympathisants. Le PS compte environ 3500 adhérents en Loire-Atlantique, dont environ les deux tiers sont actifs. « Ces réunions sont l’occasion de les réunir autour de sujets qui les intéressent ou les questionnent », souligne Dominique Raimbourg.

« François Hollande se bat pour le peuple, pas pour le pouvoir »

Le soir même, ils sont finalement une soixantaine à avoir répondu présent. Parmi le public, Guy, 80 ans, militant de la première heure. « J’ai toujours su que François Hollande serait notre candidat pour 2012, affirme l’octogénaire à l’air déterminé. Il a la même intelligence que Mitterrand, mais contrairement à lui, il se bat pour le peuple, et pas pour le pouvoir » assure-t-il.
A côté de lui, Michel Bedel, 63 ans, ancien élu de Rezé, avoue qu’il n’était pas convaincu dès le départ par François Hollande, avant de se rallier au candidat. « On s’aperçoit en ce moment qu’il est peut-être plus l’homme de la situation qu’on ne pouvait le penser. Je suis agréablement surpris », confie l’ancien élu, en évoquant l’attitude de M. Hollande face aux drames de Toulouse et Montauban. « Il a été dans la difficulté ces derniers jours, mais est resté digne et a respecté tout le monde », estime-t-il.
Dominique Raimbourg, élu de la quatrième circonscription, est du même avis. « La campagne de François Hollande est exemplaire. Il ne promet pas plus qu’il ne saura faire, c’est déjà une posture présidentielle », assure-t-il avant de concéder que c’est également la raison pour laquelle le PS ne suscite parfois pas l’adhésion : « nous sommes très prudents dans nos propositions ». Pour M. Raimbourg, qui organise là sa deuxième campagne présidentielle au niveau local, l’essentiel est qu’il n’y ait « pas de hiatus entre le parti et l’organisation de la campagne en région ». En 2007, « même si nous soutenions tous Ségolène Royal  » et qu’elle avait su « faire naître un enthousiasme dans la population », elle suscitait « le doute chez les militants ». Aujourd’hui, pas de divisions ni de doutes, les socialistes se veulent rassemblés. Et quand on leur demande s’ils y croient, les militants répondent en souriant : « sinon, nous ne serions pas là ».

PS en région

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