La colère à l'UMP : « c'est la victoire d'un anti-sarkozysme primaire » (En Direct)

Publié le Dimanche 06 Mai 2012
La colère à l'UMP : « c'est la victoire d'un anti-sarkozysme primaire » (En Direct)
La colère à l'UMP : « c'est la victoire d'un anti-sarkozysme primaire » (En Direct)
En direct de la Maison de la Mutualité (Paris, 5e), les militants UMP ont accueilli avec consternation la défaite de leur champion Nicolas Sarkozy qui n'a pas pu faire la différence face à François Hollande.
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Depuis deux heures, drapeaux en mains, ils chantent, crient, voire hurlent pour tromper l’angoisse. Entre le refrain « Hollande en Corrèze, Sarkozy à l’Élysée », et les huées lorsque les écrans retransmettent des images de Tulle ou d’élus socialistes, les militants UMP ne cachent plus leur stress.

La Maison de la Mutualité avant l'annonce des résultats (vidéo) :


À 20 heures, le décompte les achève. C’est la photo de François Hollande qui s’affiche. Les drapeaux retombent, une minute de huées et d’effroi, on voit des larmes sur les joues des jeunes, des vieux, d’une journaliste qui prend malgré tout des photos. Le premier cri, repris par l’ensemble de la salle, dit « Merci Sarkozy », puis la foule parodie l’hymne de la victoire « on est les champions » : « On est dans la me…».

Injustice
« Cette campagne a été injuste envers Nicolas Sarkozy », analyse déjà Charles, 22 ans, « il a été attaqué sur sa personne, pas sur son action. » Pour ce jeune encarté de l’UMP, Nicolas Sarkozy perd par « anti-sarkozysme primaire », un lynchage sur des « détails » qui a éclipsé les « réflexions de fond ». « La victoire de François Hollande n’est pas une victoire de projet », assène-t-il avec un aplomb étonnant. « Les Français le renvoient comme un domestique, après tout ce qu’il a fait pour nous », s’insurge, Brigitte, 77 ans. Son mari, lui, refuse de prononcer un mot, « si vous êtes journaliste, il ne vaut mieux pas que je vous parle, je risquerais d’être désagréable ». Marion, 18 ans, est venue avec dix copains, « c’est dégueulasse, tous les médias étaient contre lui », dit-elle, alors que retentit un nouveau slogan dans la salle : « Hollande, t’es foutu, la jeunesse est dans la rue. »

« La déception c’est bientôt »
Brigitte a hâte qu’on juge François Hollande sur son bilan, « il va pas durer longtemps le changement, la déception c’est bientôt ! », nous dit-elle pour parodier le mot d’ordre de la campagne du socialiste. Même analyse du côté des jeunes, « des experts ont déjà prévu que François Hollande devrait changer son programme pour s’adapter à la situation réelle ! C’est effroyable, les gens votent pour un mensonge ! » Un programme qui « ne peut pas tenir » répètent ces lycéens convaincus. Pour Aurélie, militante de 31 ans venue du Havre, c’est la récession qui guette la France de François Hollande « J’attends de lui qu’il tienne ses promesses sur l’emploi des jeunes puisqu’il en a tant parlé ». Elle ne tarit pas d’éloges sur le courage politique du président sortant et sur sa stature internationale, et n’imagine pas Hollande discuter à armes égales avec Angela Merkel. « Si seulement il pratiquait l’ouverture à droite dans son gouvernement », ose-t-elle espérer. « François Hollande est trop ouvert par rapport aux droits des sans-papiers. Tout sera ouvert et il n’y aura plus de frontières. Ce n’est pas ce qu’il faut pour la France », s’inquiète Bouchahib, 73 ans. Je respecte le choix des Français, mais je vais continuer à militer dans l’opposition ».


Et après ?
Le jeune Benoît ose répondre, du haut de ses 21 ans, qu’il part vivre en Suisse. Une jolie blonde du même âge propose de faire la « grève de la consommation, puisqu’en France les riches sont des pauvres cons ». Sans blague ? Ils gardent leur carte d’adhérent, coûte que coûte, « on fera comme la gauche, on va rien lâcher pendant cinq ans ». Et Charles de rappeler la prochaine bataille dans la guerre : les législatives. Objectif : une cohabitation pour faire barrage à une politique de gauche, « c’est notre seul espoir », confie Brigitte. On pronostique sur le grand chambardement à l’UMP. En 2017, ils imaginent déjà un duel entre Jean-François Copé et François Fillon pour l’investiture. Quant au score historique de Marine Le Pen au premier tour, il s’agira de « tenir le cap de l’unité », préconise Aurélie. « On peut avoir quelques idées du FN, mais je pense qu’il faut que la droite reste à part, une et intègre par rapport aux extrêmes. »

Quand Nicolas Sarkozy apparaît pour s’exprimer d’une voix sourde, les « Merci » fusent de nouveau pour l’empêcher de parler. « Je resterai parmi vous », promet-il, mais les militants regrettent déjà leur « président du courage ». Brigitte est anéantie, « c’est un homme formidable, et il va nous manquer ».





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