Une femme a-t-elle les épaules pour être bâtonnier ? La question sidérante d'un avocat bordelais

Publié le Mardi 11 Décembre 2012
Une femme a-t-elle les épaules pour être bâtonnier ? La question sidérante d'un avocat bordelais
Une femme a-t-elle les épaules pour être bâtonnier ? La question sidérante d'un avocat bordelais
Alors que plus de la moitié des avocats français sont des avocates, Anne Cadiot-Feidt a été élue  présidente de l'ordre des avocats de Bordeaux la semaine dernière. Une nomination accueillie par des propos machistes de l'un de ses confrères, avocat pénaliste reconnu du barreau de Bordeaux, qui s'interroge sur la capacité d'une femme pour tenir ce rôle. « Sottise consommée » lui rétorque la nouvelle bâtonnière.
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Est-ce qu'une femme a la capacité de diriger l’ordre des avocats du barreau bordelais. Cette question d’un autre temps, l’avocat bordelais Pierre Blazy se la pose alors que pour la première fois depuis 550 ans le patron des avocats bordelais sera une patronne. L’avocate Anne Cadiot-Feidt a ainsi été élue par une large majorité de ses pairs au poste de bâtonnier la semaine dernière. Celle que l’on appellera désormais « Madame le bâtonnier » fonctionnera en binôme, avec sous ses ordres un vice-bâtonnier, le vice-président Jérôme Dirou. « L’ordre des avocats de Bordeaux est un ordre où il y a presque plus de femmes que d’hommes », souligne ce dernier. « C’est une profession dans laquelle la différence (entre hommes et femmes, ndlr) n’existe pas, nous sommes tous avocats et nous avons tous un travail de défense à faire », assurait par ailleurs M. Dirou dans une interview sur France 3 Aquitaine, se réjouissant de voir une femme nommée à ce poste.

Est-ce qu'une femme a les épaules assez larges ?

Ce qui n’est apparemment le cas de Pierre Blazy, qui s’interroge : « D'après moi, il faut avoir les épaules larges (...) Est-ce qu'une femme a les capacités pour le faire ? ». « Je ne veux pas critiquer mais vous n'avez pas d'avocate qui soit des avocates de renoms, connues comme de grandes pénalistes. Ça n'existe pas », assure-t-il dans une interview de France 3. Me Blazy semble oublier que c’est pourtant bel et bien une femme, l’avocate Christiane Féral-Schuhl, qui est à la tête du barreau de Paris et ses quelque 24.000 avocats depuis janvier 2012. Interrogée par TF1 sur ces paroles d’un sexisme sidérant, Anne Cadiot-Feidt a dénoncé des propos « machistes, ineptes et d'une sottise consommée ». « Qu'ils émanent d'un avocat ou d'un non avocat, ils sont le reflet d'une société passée », assène-t-elle, démontrant à son sexiste confrère que les épaules larges est un critère qu’elle remplit d’ores et déjà.

Crédit photo : Daniel Celhay

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