Bilan de "Paroles de français" : Sarkozy joue la carte de la "compréhension"

Publié le Vendredi 11 Février 2011
Bilan de "Paroles de français" : Sarkozy joue la carte de la "compréhension"
Bilan de "Paroles de français" : Sarkozy joue la carte de la "compréhension"
Dans cette photo : Nicolas Sarkozy
Hier soir, lors de son face à face avec les 9 français sélectionnés par TF1 pour le questionner sur les problèmes du pays, Nicolas Sarkozy s’est montré compréhensif et compatissant à l’égard des français. Pendant plus de 2h30, il a attentivement écouté les plaintes et recommandations des invités, admettant même les erreurs et les échecs de son gouvernement.
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Sécurité, emploi, justice, dépendance, le Chef de l’Etat a abordé hier soir tous les thèmes sensibles qui perturbent actuellement la société française. Se montrant très compatissant, compréhensif et même modeste, il a admis les erreurs qu’ont commis les membres de son gouvernement et lui-même, notamment sur le thème de la délinquance des mineurs : « deux points où on a pas réussi », « on n’y arrive pas ».

Interpellé par une pharmacienne cambriolée 4 fois en 1 mois dans son établissement, le président a admis une flambée de « l’hyperviolence » et de la délinquance, et a promis un certain nombre de mesures qu’il n’a pas précisées, hormis les 5000 places de prisons supplémentaires. Des mesures qui devraient être prises « avant l’été ».

En ce qui concerne l’emploi, le président a annoncé « un plan sans précédent » pour faire face à la montée du chômage. Il a promis de débloquer un demi-milliard d’euros supplémentaire pour le budget du ministère de l’emploi afin de garantir aux chômeurs de longue durée « soit une formation qualifiante, soit un emploi pour ne pas les laisser chez eux ». Avec beaucoup d’émotion, le président a également évoqué le drame de l’affaire Laëtitia et a exprimé sa colère contre « les défaillances de la justice ». Nicolas Sarkozy n’a pas remis en cause l’ensemble du système judiciaire mais a revendiqué son opinion sur les responsabilités de la justice dans cette affaire. Il a néanmoins assuré une « consultation sur le malaise » des magistrats, faisant écho à la grève historique des magistrats qui a eu lieu le 10 Février. Il a également plaidé pour la présence de jurés populaires dans les tribunaux correctionnels.

Face au problème de la dépendance, Nicolas Sarkozy a patiemment écouté les plaintes d’un des invités de la soirée, un photographe de 80 ans dont la femme est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Sur ce point, le Chef de l’Etat a annoncé la création cet été d’une cinquième branche de la protection sociale liée à la maladie, à la retraite, aux accidents de travail et à la famille.

Les vacances ministérielles ont également fait partie des thèmes abordés lors de cette émission et Nicolas Sarkozy n’a pas condamné ses ministres, admettant seulement que pour la ministre Michèle Alliot-Marie, « ce n’était pas la meilleure idée d’aller en Tunisie ». En ce qui concerne les vacances en Egypte du Premier Ministre François Fillon, il a estimé que son séjour « n’était pas une faute » mais, cependant, il a déclaré « comprendre » l’indignation des Français au sujet des vacances de ses ministres mais a assuré que « pas un centime d’argent public n’a été détourné ».

Les réactions de la majorité et de l’opposition ne se sont pas fait attendre. « On a un président de la République qui cherche à répondre à un ensemble de problèmes mais qui n'a plus aucune capacité à donner un sens, définir un chemin », selon le PS. Les propos d’Elisabeth Guigou, députée PS, ont également été sans appel : « J'ai eu l'impression d'entendre la même émission que l'an dernier. Je me dis, plus que jamais, qu'il faudra changer de président en 2012 ». Le centre n’a pas non plus été tendre avec le Président de la République. « C’était mortellement ennuyeux » selon François Bayrou, président du MoDem. A droite, en revanche, l’intervention du Chef de l’Etat a été saluée. François Fillon a apprécié la « capacité d’écoute et de dialogue » et la « franchise » du Président. Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, a applaudi le « discours de vérité du Président de la République ». A l’extrême droite, Marine le Pen, présidente du Front National a déclaré « Je crois que l'on ne transmet que la foi qu'on a et j'ai le sentiment que le président de la République n'a plus la foi. Je ne l'ai pas trouvé objectivement convaincant ».

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