Vague de froid polaire aux États-Unis : la France est-elle à l’abri ?

Publié le Lundi 06 Janvier 2014
Vague de froid polaire aux États-Unis : la France est-elle à l’abri ?
Vague de froid polaire aux États-Unis : la France est-elle à l’abri ?
Les intempéries exceptionnelles qui touchent les États-Unis et le Canada devraient s’estomper dans les jours qui viennent. Si ce phénomène de grand froid est remarquable, il n’a rien d’exceptionnel selon les spécialistes. En outre, rien ne laisse présager que l’Europe subisse des conditions météorologiques similaires cet hiver.
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Neige à gros flocons et pluies verglaçantes, telle est la météo prédominante dans une grande partie des États-Unis depuis ce week-end. Cette vague de froid polaire, que l’on dit inédite depuis 20 ans, touche principalement le nord-est et le centre du pays, mais également, et depuis quelques semaines déjà, le Canada voisin. Constat pour le moins surprenant, à en croire la chaîne d’informations CNN, il devrait ainsi faire plus froid à Atlanta que dans la plus grande ville d’Alaska, Anchorage.

Des températures ressenties très basses


Jusqu’à -50°C ressenti était donc attendu dans certaines parties du pays ce lundi 6 janvier, ce qui correspond à des niveaux potentiellement mortels. Ce froid exceptionnel, accompagné de fortes intempéries, a d’ores et déjà causé une dizaine de morts depuis une semaine. Doit-on redouter, dès lors, que ces masses d’air glacial, synonymes de conditions météorologiques dantesques, ne touchent ensuite les rives de l’Europe ? En aucun cas, assure Etienne Kapikian, prévisionniste à Météo France. Le météorologue nous explique, ici, pourquoi.



Cette vague de froid, au caractère exceptionnel, était-elle attendue ?

Effectivement, car elle n’est pas si soudaine. Depuis quelques semaines, nous avons assisté à plusieurs offensives : au Canada d’abord, durant le mois de décembre avec une nette densification à la veille du réveillon, puis dans le nord-est des États-Unis où les incursions furent de plus en plus marquées et accompagnées de gros épisodes neigeux et enfin, ultime attaque - aussi brève qu’intensive -, celle qui touche une large partie du pays traditionnellement épargnée. Voilà ce à quoi nous assistons actuellement, mais tout devrait revenir à la normale dès le milieu de semaine avec une remontée d’un air plus doux venant du Mexique et du Texas.


Un élément marque néanmoins les esprits : le fait qu’il devrait faire plus froid à Atlanta, dans le sud des États-Unis qu’en Alaska…

Mais cette constatation n’a rien de si surprenante en pleine vague de froid. Les mouvements sont, en effet, compensés : aux flux du nord venus du Canada répondent des flux du sud plus doux. Au-delà de cette comparaison, ce qui est surtout remarquable ici est le froid ressenti dans certaines parties du pays. Certes, en termes de température, les niveaux sont très bas – lundi matin, on mesurait -27° C à Chicago – , mais ils sont largement aggravés sous l’effet du vent : -40°C donc ressenti pour l’exemple donné. Pour la peine, des écarts de cet ampleur sont assez rares, bien que nous ayons observé des cas identiques en 2009 voire même pire, en 1994 et 1985. Pour être clair, si cet épisode climatique est très notable, il n’est en rien exceptionnel. Cette grande variabilité climatique a toujours existé et n’a pas de lien direct avec le réchauffement climatique. Ce déficit thermique fait partie des oscillations naturelles du climat. On se dirige vers un hiver particulièrement rigoureux en Amérique du Nord cette année, mais rien ne dit que le prochain sera aussi rude.


Doit-on craindre que cette vague de froid ou qu’une autre similaire atteigne l’Europe prochainement ?

Ce qui est certain, c’est que cela ne sera pas celle-là. Pour la simple et bonne raison que cela ne fonctionne pas de cette manière en météo : les masses d’air d’Amérique du Nord, si elles arrivent chez nous, passent par l’Atlantique et donc, se radoucissent inévitablement. On peut parfois avoir cette impression de continuité du fait de la circulation atmosphérique et d’un mouvement de balancier, mais cela n’a vraiment rien d’automatique. Toute proportion gardée, un épisode de froid glacial en France ne pourrait venir que de Russie ou de Scandinavie, non des États-Unis. Et pour le moment, il n’y a aucun de signes de déficit thermique à venir concernant notre pays. Nous sommes davantage dans une vague de grande douceur qui va se tempérer en fin de semaine avec l’arrivée de températures plus fraîches. Ce qui correspond, d'ailleurs, à un simple retour à la normale.


Pour autant, de telles intempéries sont-elles envisageables en France ?


Voilà un scénario très peu probable, dans la mesure où il ne s’agit pas du tout du même climat. A la différence des États-Unis, nous bénéficions d’un climat de façade ouest au bord de l’océan. Nous n’avons pas, non plus, l’équivalent des vastes plaines du Canada ; ces dernières offrent parfois de véritables boulevards aux masses d’air glacial provenant du pôle Nord. Raisons pour lesquelles les contrastes thermiques sont toujours plus forts là-bas qu’en Europe. En France, observer des -30° C sous abri tient du record absolu, alors que ce sont des températures un peu plus ordinaires de l’autre côté de l’Atlantique.


Propos recueillis par Vincent Berthe




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