Procès Zahia : "Coucher pour un sac Vuitton n'a rien à voir avec la prostitution"

Publié le Mardi 21 Janvier 2014
Procès Zahia : "Coucher pour un sac Vuitton n'a rien à voir avec la prostitution"
Procès Zahia : "Coucher pour un sac Vuitton n'a rien à voir avec la prostitution"
Dans cette photo : Zahia Dehar
Le procès qui accuse Franck Ribéry et Karim Benzema d'avoir eu des relations tarifées avec une mineure s'est ouvert, ce lundi, sans les accusés. La jeune prostituée, Zahia Dehar, qui a décidé de ne pas se porter partie civile, n'a pas daigné se montrer non plus. Les débats pourtant édifiants ont tourné autour de ce qui est ou n'est pas de la prostitution, et dévoilé les nouveaux visages qu'elle prend dans certains milieux. 5 phrases à retenir.
À lire aussi


Pas besoin d’avoir fait polytechnique pour suivre le procès de l’affaire Zahia. Des SMS, des prostituées, des footballeurs et les gérants du café Zaman, près des Champs-Elysées, constituent les ingrédients du dossier. La première journée du procès a été riche en petites phrases à collectionner et à garder dans nos archives, comme des témoignages fidèles sur notre époque.

>>Affaire Zahia : que risquent Ribery et Benzema ?<<

« Elles sont venues les putes ? »

C’est le contenu d’un SMS reçu par Elie Fahrat, l'un des gérants du café Zaman, accusé avec son frère Georges de proxénétisme aggravé. Le message provient d’un ami habitué du café Zaman. Réponse d’Elie : « Oui elles étaient là et tout ». Pour expliquer ces échanges au juge, le jeune frère affirme qu’il parlait de son amie Joanna et de ses amies. « C’est mon langage entre lui et moi. C’est comme ça qu’on se parle », dit-il.

>> Zahia : de l’escorting et la lingerie à... la littérature pour enfants <<

« C’étaient des filles de petite vertu, des filles qui sortent la nuit »

Les frères Georges et Elie Fahrat sont accusés d’avoir entretenu un réseau de prostituées au sein de leur bar de nuit. S’ils nient en bloc aujourd’hui, il semble qu’au début de l’enquête de la brigade de répression du proxénétisme, en 2010, ils aient avoué que leur clientèle féminine, à partir d’une certaine heure dans la nuit, était composée de 40 à 70% de prostituées, selon la version de chacun. Lorsque le juge leur rappelle leurs déclarations de l’époque, Elie répond qu’il parlait « de filles de petite vertu, de filles qui sortent la nuit », et non de véritables prostituées. 

« Il y a une nouvelle génération de filles »

C’est que les protagonistes de « l’affaire Zahia » ne se privent pas pour donner leur propre définition de la prostitution et pour classer les femmes selon leurs habitudes nocturnes. Interrogé par le même tribunal, Abousofiane Moustaid, un ami des frères Fahrat et ex-candidat de la Nouvelle Star, est soupçonné d’avoir joué les entremetteurs entre prostituées et clients. Si « Abou » concède que le bar accueillait sans doute des prostituées, il explique au juge que lui ne faisait que rendre service en présentant ses amies à des amis… Mais en aucun cas des prostituées : « Il faut vivre dans le milieu de la nuit pour comprendre, Monsieur le Juge. Il y a une nouvelle génération de filles. »

Les « starfuckeuses » ou les « michetonneuses », « avec la crise, rares sont les filles qui refusent »

Cette nouvelle génération de filles qui ne sont pas des prostituées, mais qui sont susceptibles de toucher de l’argent ou des cadeaux en nature, le jeune homme de 26 ans la divise en deux catégories : il y a les « starfuckeuses », c’est-à-dire « les filles éblouies par des gens célèbres qui sont prêtes à coucher juste parce qu’ils sont connus, et les « michetonneuses », plus intéressées par les compensations matérielles comme « se faire offrir un sac Vuitton, un voyage…»
Et le gérant d'ajouter : « Avec la crise, rares sont les filles qui refusent. Bon, une starfuckeuse peut être aussi une michetonneuse. Mais ça n'a rien à voir avec une prostituée. Rien. Une michetonneuse, ça a du tact ! »

« Envoie une poufiasse »

Un autre SMS a été trouvé par les enquêteurs dans le téléphone d’Abou, avec d’autres lui demandant l’envoi de « tepus ». Interrogé par le juge, l’accusé a rétorqué qu’une « poufiasse » n’était pas une prostituée mais « une fille habillée de façon sexy ». Cet ami fidèle a admis avoir reçu des « petits billets » de ses copines en échange de ses bonnes relations, se croyant bien éloigné du proxénétisme : « un proxénète, c’est quelqu’un qui force les filles et qui leur prend tout », s’est-il défendu.

>>Abolition, légalisation ou pénalisation : revue de détail des lois sur la prostitution en Europe<<