Viol dans le train Paris-Melun : pourquoi aucun témoin n'a réagi ?

Publié le Mercredi 18 Février 2015
Eddy  Sabeba
Par Eddy Sabeba journaliste
Viol dans le train Paris-Melun : pourquoi aucun témoin n'a réagi ?
Viol dans le train Paris-Melun : pourquoi aucun témoin n'a réagi ?
C'est devant des passagers impassibles qu'une jeune femme de 22 ans a été violée, dans la nuit du 4 au 5 février dernier, à bord d'un RER Paris-Melun. Une absence de secours et de réaction ahurissante de la part des autres usagers, pourtant déjà constatée dans des précédents cas similaires.
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Être violée dans une rame de RER et dans l'indifférence générale des passagers du wagon ? Une scène a priori surréaliste et pourtant bel et bien réelle. Une femme de 22 ans a été agressée sexuellement, dans la nuit du 4 au 5 février, dans un train Paris-Melun (Seine-et-Marne) de 23h49, sans qu'aucun voyageur ne daigne bouger.

« Personne ne fait le moindre geste pour venir secourir la jeune fille »

La jeune femme a été abordée par un homme dans la rame. Suçons sur les joues, le cou, « l'étudiante essaye de le repousser. En vain. Il est bien plus fort qu'elle et la fait plier sous son poids. C'est dans ces conditions qu'il glisse sa main dans son pantalon et la viole », relate Le Parisien. Et le quotidien de poursuivre : « Les voyageurs ne bougent pas. Personne ne fait le moindre geste pour venir secourir la jeune fille. Aucun des présents ne tire la sonnette d'alarme ». 

Un calvaire qui se poursuivra jusque dans les rues de Melun. Choquée, ce n'est que deux jours plus tard que la victime se confiera des amies qui alerteront la police. Un sordide fait divers qui rappelle une autre agression sexuelle, survenue en avril 2014 dans le métro de Lille (Nord) sans que personne ne vienne en aide à la victime.
Pourquoi une telle lâcheté de la part des passagers ?

« Dilution de responsabilité » et banalisation de la violence sexuelle

La psychiatre Muriel Salmona évoque dans Le Plus le principe de « dilution de responsabilité ». En clair, « plus il y a de témoins et moins il y a de chance que quelqu'un intervienne chacun pensant que, de toute façon, il ne va pas intervenir puisqu'il y a plein d'autres gens qui le pourraient autour de lui ». Au-delà de ces considérations psychologiques, Muriel Salmona invoque également des raisons plus sociologiques, liées, d'après elle, à une « banalisation, la tolérance et la minimisation de ce type d'agression qui règnent encore dans notre société bien imprégnée de stéréotypes sexistes ». Un phénomène de « dilution de responsabilité » illustré par cette vidéo réalisée en caméra cachée et dans laquelle deux acteurs, un homme et une femme, jouent le rôle d'un agresseur et d'une agressée. La réaction des passants est sans appel : inexistante.

Pour rappel, en 2012, les policiers avaient reçu quelque 500 plaintes pour atteinte à caractère sexuel dans les transports en commun franciliens (43,56 % d'exhibitions, 52 % d'agressions sexuelles et 4,44 % de viols et tentatives de viols, selon les chiffres de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie qui a, depuis le mois de juin, lancé une pétition en ligne pour lutter contre les violences sexuelles dans les transports en commun.