Quand les générations cohabitent

Publié le Vendredi 19 Juin 2009
Quand les générations cohabitent
Quand les générations cohabitent
Loger un étudiant chez des personnes âgées ? Voilà une idée qui peut apporter une solution aux difficultés de logement des jeunes... Et répondre du même coup au problème de l'isolement des personnes âgées. C'est le pari qu'a fait l'association Besoin2Toit, créée par trois femmes et mères engagées.
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En région parisienne, l'association Besoin2toit tente de promouvoir une nouvelle forme de solidarité : le logement intergénérationnel. Trouver aux étudiants une chambre chez des séniors, voilà une bonne façon de résoudre les difficultés de logement des jeunes tout en sortant les personnes âgées de leur isolement.

Loger un étudiant chez des personnes âgées ? Voilà une idée qui peut apporter une solution aux difficultés de logement des jeunes... Et répondre du même coup au problème de l'isolement des personnes âgées. C'est le pari qu'a fait l'association Besoin2Toit, créée par trois femmes et mères engagées : Christine de Pascal, Armelle Tilly, et Isabelle de Quéral.

Le logement intergénérationnel est né d'un constat simple. Prix exorbitants, appartements insalubres : pour un étudiant, trouver une chambre relève aujourd'hui du parcours du combattant. Pendant ce temps, les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses à vivre seules. Mettre en contact ces deux générations permet donc à chacun d'y trouver son compte. L'étudiant est logé à bas prix. En contre partie, il doit rendre de petits services à la personne âgée : chercher le pain, tondre la pelouse, donner un coup de main pour installer l'ordinateur... L'objectif est d'instaurer un échange mutuel, de créer une vraie relation.

Le concept a vu le jour à Barcelone à la fin des années 90. En France depuis 2004, plusieurs associations se sont créées pour encadrer ce "donnant-donnant". Un concept d'entraide que le gouvernement a encouragé en 2005 avec un programme intitulé " Un toit, deux générations".


Dépasser les stéréotypes



" Baisse la musique ", " change de chaîne, je préfère regarder Les Feux de l'Amour ", ou encore " voyons, surveille ton langage!" : on imagine pourtant facilement les conflits que peut amener une telle cohabitation.
L'association a pris le pari de passer outre ces stéréotypes pour prouver qu'une cohabitation entre les générations est belle et bien possible.

Témoignage



Ouardia, 18 ans, élève en hypokhâgne au lycée Lamartine (Paris 9) a trouvé une chambre grâce à l'association Besoin2Toit : elle habite depuis octobre chez M. et Mme Lecléo à Clichy (92).


" J'habite chez Thérèse et Roger depuis la rentrée. Ils sont vraiment adorables. " Petite brunette à l'oeil pétillant, sac à main et sapes à la mode, Ouardia a choisit le logement intergénérationnel pour être plus près de son lycée. " Mes parents habitent à Evry. Pour être à l'heure en cours, il fallait que je me lève à 6 heures tous les matins, que je prenne le train... C'était impossible."


" J'aime être entourée "

Ouardia aurait pu louer une chambre. Mais l'idée d'habiter seule, d'être livrée à elle-même, l'inquiétait. " J'aime être entourée, je ne me voyais pas rentrer des cours dans une petite chambre de bonne, dîner devant mon ordinateur... Et puis cette solution rassure beaucoup mes parents qui ont dû laisser partir leur grande fille ", plaisante-t-elle.

Quand elle a entendu parler du logement intergénérationnel et de l'association besoin2toit, elle n'a pas hésité. Aujourd'hui, ses " coloc ' " ont plus de 70 ans ! Elle loge chez un couple de personnes âgées, gratuitement, en échange de menus services et surtout, d'un peu de présence.

Pour Thérèse, l'arrivée de la jeune fille a tout changé. A 72 ans, cette femme s'occupe de son mari atteint depuis 8 ans par la maladie d'Alzheimer. Ouardia lui apporte un peu de vie, et beaucoup de bonne humeur.

Et pour l'étudiante, c'est l'idéal : " J'ai une grande chambre à 20 minutes du lycée, et de la compagnie quand je rentre ! Je ramène le pain, je garde parfois son mari, mais c'est très rare. Je lui apporte surtout une compagnie, une personne avec qui papoter !"

" Mes copines m'envient. "
Et pour les sorties, les copains? " Je ne suis pas brimée ! Finalement toutes mes copines m'envient ! Quand elles rentrent chez elles le soir elles dépriment devant leurs assiettes de pâtes. "

Ouardia, elle, dîne dès qu'elle le peut avec Thérèse et Roger. " J'adore parler avec Thérèse. Elle me raconte son enfance, sa famille. Et surtout, elle me parle de la guerre. Comment elle a dû évacuer Caen, fuir les nazis... Finalement j'ai l'impression qu'elle m'apporte plus que je ne lui donne. "


Une grand-mère de substitution.
C'est une vraie relation que Ouardia a construit avec Thérèse. Une sorte de cocon familial de substitution. " Thérèse est comme une Mamie pour moi. Elle m'appelle d'ailleurs sa petite fille adoptive ! Quand j'ai un coup de blues, elle est là. Quand j'ai envie de lui raconter mes histoires de filles, elle est ravie. Et elle m'apprend même ses recettes de cuisine! "

Le décalage entre les générations ? " Ce n'est pas un problème, au contraire, c'est enrichissant. L'autre jour, elle m'a même dit : " Regardes comme il se la pète celui-là ! " elle m'a trop fait rire ! "

Partage et éclat de rire, pour la petite Ouardia tout se passe pour le mieux. Tant et si bien qu'elle compte rester chez Thérèse l'an prochain. Mais elle le rappelle, cela ne peut se passer aussi bien pour tout le monde. " Il faut en avoir vraiment envie. Etre ouvert, généreux, et aimer le contact avec les personnes âgées...Et puis il faut tomber sur des personnes gentilles, avec qui le courant passe, avoir un peu de chance, quoi !"

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