Un Coeur pour la Paix, entre les peuples Israéliens et palestiniens

Publié le Mercredi 04 Novembre 2009
Un Coeur pour  la Paix, entre les peuples Israéliens et palestiniens
Un Coeur pour la Paix, entre les peuples Israéliens et palestiniens
En opérant des enfants palestiniens atteints de malformations cardiaques en Israël, l'association un "Coeur pour la Paix", née en 2005, tente de rapprocher les peuples israélien et palestinien. Terrafemina a rencontré Muriel Haïm, sa présidente. Entretien avec une militante pour la paix, résolument optimiste.
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Une rencontre décisive


En mai 2005, à l'hôpital Hadassah de Jérusalem, un groupe de médecins français rencontre le Professeur Jean-Jacques Rein, cardiologue et chef du service de Cardiologie Pédiatrique. Muriel Haïm fait partie de cette délégation.

Elle découvre le travail formidable accompli par ce chirurgien, qui opère à Jérusalem des enfants atteints de malformations cardiaques quelles que soient leur nationalité et leur origine. " Quand j'ai vu ce que faisait le professeur Rein, je me suis demandée comment nous pouvions l'aider ".

Parce que des petits malades palestiniens ne naissent pas seulement à Jérusalem, il faut en conséquence pouvoir donner plus de soins et repérer les cas ". Surtout que la situation est critique, les enfants palestiniens sont extrêmement touchés par ces maladies cardiaques. En cause, les mariages consanguins, très répandus (presque 1 sur 2) qui peuvent provoquer des malformations notamment cardiaques chez les bébés.

L'association "Un Coeur pour la Paix " voit le jour en septembre 2005, avec cet objectif concret, celui de sauver des petites vies en formant des médecins et en sensibilisant les familles. " Les familles n'ont rien à payer ", insiste Muriel Haïm, l'hôpital Hadassah assure la moitié du financement, "Un Coeur pour la Paix", le reste.


Une démarche concrète


Dès septembre 2005, les premiers enfants sont opérés. Et très vite, la nécessité de former des médecins pour qu'ils puissent faire du dépistage, devient une priorité. Pour " transférer le savoir ", et ainsi multiplier les chances de sauver des enfants, l'association décide alors de financer la formation de deux médecins palestiniens.

En 2009, un premier médecin est installé en Cisjordanie et un second exerce à Bethlehem. " Ils sont équipés d'un appareil spécifique, un éco cardiographe portable et se rendent dans des dispensaires palestiniens, où ils examinent des enfants. Ils assurent aussi le suivi en post-opératoire ", nous explique Muriel Haim. Une fois que ces enfants sont opérés, ils sont en bonne santé et reprennent une vie normale.

La chirurgie cardiaque pédiatrique est une spécialité très onéreuse, aucun hôpital palestinien ne dispose de départements capables de pratiquer ces opérations. Pour l'instant, les enfants sont opérés en Israël à l'hôpital Hadassah. Prévenir, pour ne pas avoir à guérir, cela fait partie des préoccupations d'un "Coeur pour la Paix".

L'éducation sur les risques doit aller de pair avec la formation des médecins. Depuis la fin de l'année 2008, l'association a recruté " une jeune femme palestinienne, spécialisée en génétique, chargée d'expliquer aux familles les risques potentiels liés aux mariages consanguins ", ajoute Muriel Haïm.


Une pierre à l'édifice de la paix


Parce que face à la maladie de son enfant une mère est avant tout une mère, peut importe sa nationalité ou sa religion, un Coeur pour la Paix contribue à son échelle à réconcilier les populations israéliennes et palestiniennes.

Dans son combat pour la vie, c'est une petite pierre qui est apportée à l'édifice si fragile de la paix. " Lorsque dans une même chambre, vous avez une maman palestinienne et une autre israélienne, il ne peut pas y avoir de conflit, ici l'ennemi c'est la maladie. ", nous dit Muriel Haïm avant d'ajouter, " En sauvant des enfants on ne peut pas se tromper, on ne peut qu'espérer que cela fasse avancer le respect de l'autre ".

Lorsqu'on lui demande si parfois, elle ne se sent pas découragée face à la dureté du conflit, elle concède que " ce n'est pas toujours facile " et déplore " qu'il n'y ait pas plus d'initiatives positives qui soient mises en avant ". Pour elle, il existe une autre réalité, et à l'entendre, on a envie comme elle " de croire en la paix ".


L'avenir : toujours permettre plus d'opérations


En septembre 2009, 192 enfants ont été opérés depuis la création de l'association, plus de 70 enfants depuis un an. En moyenne, c'est chaque semaine un petit malade qui est soigné. Des résultats très encourageants.

Mais le combat pour la vie ne tolère pas une minute de relâche. " Equiper les départements dans les hôpitaux en Palestine, mettre en place des plateaux techniques qui permettent des interventions, créer des liens entre médecins palestiniens et israéliens ", un "Coeur pour la Paix" voit toujours plus loin. A partir de janvier, l'association formera un nouveau technicien dans un hôpital de Jérusalem (St Joseph) à l'électro-cardiologie et au dépistage.

Après les récents scandales sur le gaspillage d'argent dans les associations, Muriel Haïm affirme avec fierté " qu'un "Coeur pour la Paix" n'a que 1% de frais de fonctionnement. "

Et c'est tout à leur honneur au vue du travail accompli. En France, l'association est financée par quelques entreprises, fondations et par des dons de particuliers. " Entre 200 à 300 personne par an, nous font des dons, c'est très touchant car au-delà des israéliens et des palestiniens, c'est un problème humanitaire qui concerne tout le monde ", termine Muriel Haïm.


Pour soutenir l'association :

Vous pouvez faire un don par courrier postal
Un Coeur pour la Paix
48, rue Cortambert
75016 PARIS