Talents urbains : extraire les « pépites » des quartiers

Publié le Jeudi 20 Mai 2010
Talents urbains : extraire les « pépites » des quartiers
Talents urbains : extraire les « pépites » des quartiers

L’image… un support frappant à bien des égards. C’est celui qu’Aïcha Belaïdi a choisi d’exploiter afin de réhabiliter les quartiers populaires. Un pari pour son association « Talents urbains », le projet d’une vie pour sa présidente. Immersion dans le chantier de la promotion d’un cinéma aux couleurs urbaines.

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Les émeutes de 2005 ? Un choc pour Aïcha Belaïdi, fondatrice et présidente de l’association « Talents urbains ». « L’image négative des banlieues que les médias ont véhiculée après ces incidents m’a interpellée ». C’est avec un festival itinérant et des ateliers à destination des plus jeunes que cette femme passionnée entend promouvoir un nouveau cinéma, le cinéma urbain, et laisser s’exprimer la diversité pour que cessent stigmatisation et clichés.

Un festival itinérant

« Talents urbains » c’est avant tout un festival qui met à l’honneur le cinéma d’une génération issue de l’immigration et des quartiers. Les « pépites du cinéma » défendent de nouveaux cinéastes et mettent en valeur leur travail. Leur point commun ? Une certaine culture, celle de la rue et de la diversité. Les projections sont destinées au grand public et aux professionnels. « Nous défendons un cinéma urbain, pas ghetto, contrairement  au reproche que l’on entend souvent. Si les banlieues sont des ghettos, le 16ème peut en être un aussi ». Depuis 2006, l’association a pour ambition de  peser dans le paysage du cinéma français et d’obtenir la légitimité et la reconnaissance dans le métier. Mais attention, il ne s’agit pas pour autant d’en dénaturer le style si particulier. Un style vivant, selon Aïcha Belaïdi, qui peut aussi bien avoir une portée politique, que raconter de belles histoires d’amour ou être truffé d’humour. Halte aux clichés ! « On ne sort pas des projections avec l’envie de se pendre ». Afin de renforcer sa diffusion, le festival prend une forme nomade et sillonne les villes de France, tout au long de l’année. A terme, l’ambition est de mettre sur pied un véritable marché  où producteurs, réalisateurs, acteurs…  se rencontreraient, « créer un réseau dans un milieu qui manque souvent de transparence ». Sans cesse à la recherche de partenariats pour lui donner une certaine assise, et outre ceux établis avec l’ACSE ou l’ACID, « Talents  urbains » espère un jour faire partie de l’aventure du festival de Cannes. En attendant, en collaboration avec le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), les « pépites du cinéma » vont inaugurer à la fin de l’année une compétition officielle inédite. 5 auteurs-réalisateurs gagneront une bourse qui leur permettra d’être accompagnés personnellement sur leur prochain projet. Le premier prix s’élève à 15 000 euros.

Des ateliers sur le terrain

Dès 2007, des ateliers d’éducation à l’image à destination des jeunes se sont mis en place. Soutenus par les mairies (notamment celles de La Courneuve et Sarcelles) et organisés dans des maisons de quartier, ces sessions entendent favoriser de manière ludique l’expression des jeunes par le jeu, l’audiovisuel, l’écriture et l’expression orale. Ce sont de véritables ateliers d’éveil à la pratique artistique. « La citoyenneté est le fil directeur des « graines de pépite » (ndrl : le nom donné à ces ateliers). On ne dénature pas pour autant leur parler et leur style. On reste proche de leurs codes et de leurs envies. Je me souviens du premier projet réalisé. Il traitait du port du casque. Les jeunes ont écrit un morceau de rap et nous leur avons réalisé un clip. Pour eux, c’est une manière de se voir autrement. Ils sont fiers de ce qu’ils réussissent à réaliser. ». Fiers ? Ils peuvent l’être. Leur production est projetée dans une section autonome/spéciale dans le cadre du festival des « Pépites du cinéma ».  L’approche est ludique et la pédagogie adaptée. Et le succès est au rendez-vous ! Enfants et adolescents en redemandent ! « Il s’agit de leur faire passer un message positif, non pas de les faire rêver mais de leur faire découvrir un monde, celui du cinéma, et de leur montrer qu’il n’est pas inaccessible ! ». Réalisateurs, acteurs, scénaristes du festival des Pépites interviennent lors de ces ateliers. Des « talents » issus de leur quartier…auxquels les jeunes peuvent plus aisément s’identifier.

Une actualité chargée

Avec un nombre accru de visiteurs au fil des années, la tournée 2010 promet de beaux rendez-vous. En mai, le festival s’associe à l’évènement mondial hip hop « Battle of the year France 2010 » à Montpellier et assure la programmation d’un certain nombre de documentaires, courts et longs métrage tels que « Les barons » de Nabil Ben Yadir. En juin, direction la Courneuve avec une programmation de courts métrages, de teaser et de clips ayant pour thème la lutte contre les discriminations, et Paris pour une projection spéciale du documentaire « Don’t panik » de Keira Mameeri qui cherche à montrer comment et pourquoi l’artiste musulman fait le lien entre Art et Islam dans ses textes. D’août à novembre, le festival tournera à Lyon, puis à Dijon à l’occasion du Salon du livre. Enfin, en décembre, la 4ème édition du festival se tiendra à la Courneuve et Paris  et sélectionnera dans diverses catégories (1er long métrage, court-métrage, documentaires,…) les films qui seront présentés tout au long de l’année 2011.

Fanny Griessmer

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